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Les manifestations en Ethiopie dégénèrent et font des dizaines de morts

Près de 70 personnes tuées dans les manifestations en Ethiopie. [AFP]
Les manifestations en Ethiopie dégénèrent et font des dizaines de morts / Le Journal horaire / 26 sec. / le 25 octobre 2019
Soixante-sept personnes ont été tuées dans les manifestations organisées dans l'Etat d'Oromia cette semaine. Elles participaient à des protestations contre le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui se sont transformées en affrontements ethniques.

"Le nombre total des morts en Oromia est de 67", a déclaré le chef de la police régionale. Environ 55 personnes sont mortes au cours du conflit qui les a opposées et les autres ont été tuées par les forces de sécurité, a-t-il précisé.

Les violences ont éclaté mercredi dans la capitale, Addis Abeba, avant de se répandre dans la région d'Oromia, lorsque les partisans de Jawar Mohammed sont descendus dans les rues, brûlant des pneus et dressant des barricades, bloquant les routes dans plusieurs villes. La police a nié les accusations selon lesquelles elle aurait tenté d'écarter son service de sécurité pour le fragiliser face à une éventuelle attaque d'adversaires politiques.

"Certains ont été tués à coups de bâton, de machette, des maisons ont été incendiées. Des armes à feu ont été utilisées", a déclaré Fisseha Tekle, un chercheur d'Amnesty International. Le ministère de la Défense a annoncé vendredi le déploiement de militaires dans sept zones où la situation restait particulièrement tendue.

"Le début de la dictature"

Jawar Mohammed, fondateur du média d'opposition Oromia Media Network (OMN), est un ancien allié du Premier ministre réformateur Abiy. Tous deux appartiennent à la communauté oromo, le groupe ethnique le plus nombreux en Ethiopie.

Mais les relations entre les deux hommes se sont récemment détériorées. Jawar Mohammed a critiqué publiquement plusieurs réformes d'Abiy Ahmed, qui vient d'être récompensé par le prix Nobel de la paix.

"Abiy Ahmed a eu recours aux signes précurseurs de l'instauration d'une dictature. Il a tenté d'intimider les gens, y compris les alliés qui lui ont permis de prendre le pouvoir mais qui sont en désaccord avec certaines de ses prises de position", a déclaré Jawar Mohammed, lors d'un entretien vendredi dans sa résidence à Addis Abeba. "L'intimidation, c'est le début de la dictature", a ajouté cet activiste controversé de 32 ans.

Nationalismes ethniques

Jawar Mohammed, qui a 1,7 million d'abonnés sur Facebook, est accusé par ses détracteurs d'inciter à la haine ethnique dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, avec 110 millions d'habitants. La rupture entre les deux hommes illustre les divisions au sein de l'ethnie oromo, qui pourraient affaiblir le soutien à M. Abiy à l'approche des élections générales, prévues en mai prochain.

Abiy Ahmed a reçu au début du mois le prix Nobel de la paix. Il a été récompensé comme l'artisan d'une réconciliation spectaculaire avec l'ex-frère ennemi érythréen et le père de réformes susceptibles de transformer en profondeur l'Ethiopie, longtemps livrée à l'autoritarisme. Mais la légalisation de groupes dissidents et l'amélioration de la liberté de la presse ont également permis une expression plus libre des tensions intercommunautaires et des nationalismes ethniques.

ats/jfe

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