Le tout premier robot de cuisine servait à pétrir du pain. D'abord inventé pour les boulangers, il a été adapté ensuite à l'usage domestique. D'autres robots sont apparus plus tard pour râper, mixer, hacher ou encore émulsionner.
"Un vice de la consommation"
Certains penseurs, comme l'anthropologue français Claude Lévi-Strauss, ont dénoncé à l'époque "une technologie dangereuse" et "un vice de la consommation". D'autres ont élevé ces robots de cuisine au rang d'icônes, et en particulier certaines femmes.
Il y a un siècle, l'apparition de ces appareils a aussi cristallisé des mouvements sociaux comme la division du travail et la mécanisation. On a reproduit alors dans l'espace privé ce qui se passait dans les usines.
Les femmes, de vrais managers domestiques
C'est l'avis de l'anthropologue Carole Baudin, qui y voit aussi une certaine forme de féminisme. "L'idée d'une rationalisation de l'activité domestique a été mise en place par des femmes elles-mêmes, de manière à ce qu'elles soient de vraies organisatrices de leur espace domestique, considérant que les femmes étaient de vrais managers - déjà, à l'époque - des activités domestiques", souligne la professeure à la Haute Ecole Arc Ingénierie vendredi dans La Matinale.
Gain de temps pas évident
Les robots de cuisine ont surtout été conçus pour rendre le travail moins pénible et gagner du temps. Mais l'objectif n'est pas forcément atteint, relève Carole Baudin. "Toutes les opérations de montage de ces objets, de démontage, de nettoyage, ne font pas forcément gagner du temps", explique-t-elle. "Ils rajoutent d'autre part des opérations parallèles à l'acte de cuisiner (... ) Le fait d'intégrer un robot culinaire dans cette activité-là rajoute non seulement des opérations physiques, mais aussi des opérations cognitives."
Aujourd'hui, ce n'est du reste plus vraiment le gain de temps qui intéresse les utilisateurs de robots de cuisine, mais plutôt le fait de pouvoir cuisiner à la manière d'un professionnel.
Pauline Rappaz/oang