"Thomas Cook a plus d'un siècle et possède des archives extraordinaires mais qui appartiennent à l'entreprise elle-même", explique Stephanie Decker, professeur à l'école de commerce de l'Université Aston, invitée mercredi dans l'émission de la RTS Tout un monde.
"Quand elle fait faillite, le sort de ces archives tombe entre les mains des liquidateurs ou des administrateurs dont la mission est de générer de la valeur à partir de ce qu'il reste de l'entreprise. Rien ne les oblige à protéger les archives ou à les déposer quelque part."
Les archivistes doivent se battre
Au Royaume-Uni, un réseau d'archivistes et d'historiens est prêt à intervenir si quelque chose se passe. Ils proposent leur aide pour mettre les archives en lieu sûr. Et cela fonctionne pour autant que ces archives n'aient pas de valeur pécuniaire.
Dans les cas où ces archives sont aussi des collections d'art, les liquidateurs souhaitent souvent les vendre aux enchères. Des collectifs composés du public, d'historiens et d'archivistes doivent les acheter pour les rendre disponibles.
L'importance de conserver ces archives
"Il y a des choses inouïes dans les archives d'entreprises." précise Stephanie Decker.
Dans les archives de la banque Barclays a été découvert un petit dépliant au sujet d'un film sur l'épargne réalisé en Afrique de l'Ouest dans les années 50. Le film lui-même a été retrouvé et les archives avaient aussi conservé des documents sur la façon dont les gens ont réagi à cette idée novatrice, à l'époque, de faire une publicité avec de la musique et des images pour des services bancaires dans un pays en développement.
Les grandes entreprises ouvrent leurs archives
Les entreprises qui conservent des documents historiques ont des archivistes spécialement dédiés à cela; ils préservent l'héritage et s'assurent que la compagnie ne perde pas la mémoire. Généralement, elles sont assez ouvertes aux demandes de pouvoir consulter ces documents.
"Mais aux Etats-Unis, par exemple, il y a pas mal d'archives qui sont difficiles d'accès", ajoute Stephanie Decker qui cite l'exemple de Coca-Cola qui a apparemment des archives remarquables. Mais il est très rare que des chercheurs puissent les consulter. Le Musée Coca Cola, à Atlanta, est rempli d'objets historiques et les visiteurs paient une somme importante pour les voir. L'entreprise a une relation très différente à son histoire; elle la considère comme un actif qu'elle vend au public. Et elle est moins ouverte aux chercheurs.
Sujet radio: Eric Guevara-Frey
Adapation web: Didier Duployer