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Classement officiel de l'affaire Epstein au pénal, mais l'enquête continue

Jeffrey Epstein (centre), alors qu'il était incarcéré en Floride, en juillet 2008. [Palm Beach Post via AP - Uma Sanghvi]
Classement officiel de l'affaire Epstein au pénal, mais l'enquête continue / Le Journal horaire / 13 min. / le 30 août 2019
La justice fédérale américaine a officiellement abandonné jeudi les poursuites pour agressions sexuelles intentées contre l'ancien gestionnaire de fortune Jeffrey Epstein, qui s'est suicidé en prison le 10 août. Par ailleurs, l'appartement parisien du financier a été visité le 21 août par son intendant.

Mais la justice continue à enquêter pour déterminer l'existence d'éventuels complices vivants susceptibles d'être inculpés.

Après son arrestation en juillet, Jeffrey Epstein avait plaidé non coupable pour les accusations de "trafic sexuel" à son encontre impliquant plusieurs dizaines de mineures entre 2002 et 2005.

Le juge qui a classé l'affaire, Richard Berman, a déclaré mardi lors d'une audience qu'il était légalement tenu d'abandonner les poursuites contre le principal accusé, vu son décès, mais le parquet a précisé que l'enquête globale se poursuivait et que d'éventuels complices pourraient être inculpés.

Vingt-trois femmes s'expriment

Le juge Berman avait invité les victimes présumées à venir s'exprimer lors d'une audience inédite, avant de clore le dossier: seize femmes, qui souvent s'exprimaient publiquement pour la première fois, ont répondu à l'appel, prenant la parole à tour de rôle.

La voix parfois étouffée par les larmes, elles ont expliqué comment cette figure de la jet-set, qui fréquentait des personnalités comme Donald Trump, Bill Clinton ou le prince Andrew, avait "volé" leur innocence et brisé leurs rêves.

Sept autres femmes ont fait lire des déclarations par leurs avocats, dans une salle d'audience pleine à craquer.

Plusieurs des accusatrices d'Epstein ont affirmé avoir été "recrutées" par Ghislaine Maxwell, la fille du magnat britannique des médias Robert Maxwell, qui fut brièvement la compagne d'Epstein puis une amie proche.

>> Regarder: Virginia Roberts Giuffre nomme clairement Ghislaine Maxwell comme une complice de Jeffrey Epstein. Vidéo en anglais du Miami Herald:

Cette dernière a toujours démenti de telles accusations. Personne n'a pu localiser Ghislaine Maxwell jusqu'ici.

L'appartement parisien visité

L'extérieur du 22 avenue Foch, dans le XVIe arrondissement de Paris, où Jeffrey Epstein possédait un appartement. [Reuters - Charles Platiau]

Jeffrey Epstein possédait un appartement dans un immeuble de cinq étages situé au 22 avenue Foch, dans le XVIe arrondissement de Paris, acheté au début des années 2000.

Une enquête de FranceInfo révèle que ce logement a été visité par l'intendant du millionnaire, deux jours seulement avant l'ouverture en France de l'enquête pour "viols", "agressions sexuelles" – notamment sur mineurs – et "association de malfaiteurs", par le parquet de Paris.

>> Lire : Enquête ouverte en France dans le cadre de l'affaire Jeffrey Epstein

L'homme, de nationalité française et brésilienne, a été directement mandaté par le "Trust 1953" pour se rendre dans le logement, dont il possède les clefs.

Deux jours avant de se suicider, Jeffrey Epstein avait en effet paraphé un testament confiant tous ses biens à cette entité juridique aux bénéficiaires inconnus, selon le New York Post.

>> Lire : Jeffrey Epstein a signé un testament énigmatique deux jours avant sa mort

Une telle méthode est classique pour protéger la confidentialité des bénéficiaires: aucun n'est nommé dans le testament, seules sont identifiées des personnes chargées de l'exécuter.

Simple visite de routine ou volonté de faire disparaître des documents ou des éléments compromettant avant le passage des enquêteurs français?

FranceInfo

Selon FranceInfo, les raisons du passage de l'intendant sont incertaines: "Simple visite de routine ou volonté de faire disparaître des documents ou des éléments compromettant avant le passage des enquêteurs français?", s'interrogent nos confrères. Ces derniers sont également surpris de constater que l'homme à tout faire – qui a été au service de l'Américain pendant près de 18 ans – n'a pas été contacté par ceux qui mènent l'enquête en France ou aux Etats-Unis.

Malgré des demandes répétées d'entraide judiciaire internationale, l'Office central pour la répression des violences aux personnes français (OCRVP) n'a reçu aucune information de la part du FBI.

Stéphanie Jaquet et les agences

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Des "doutes" sur la mort du financier

Jeffrey Epstein, qui était âgé de 66 ans, a été retrouvé sans vie le 10 août dernier dans sa cellule du Metropolitan Correctional Center (MCC) à Manhattan, où il était détenu après son arrestation le 6 juillet. L'enquête a conclu au suicide par pendaison.

Les avocats de Jeffrey Epstein ont déclaré à l'audience de mardi qu'ils avaient des doutes sur les causes du décès de leur client.

Le FBI est en train d'examiner deux caméras qui étaient placées devant la cellule de Jeffrey Epstein.