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Incendies en Amazonie, la vague d'indignation sur les réseaux sociaux

AMAZONIE BRULE BRESIL
Le poumon de la Planète part en fumée / L'actu en vidéo / 2 min. / le 22 août 2019
Les incendies qui ravagent actuellement l'Amazonie ont provoqué une vague d'indignation sur les réseaux sociaux, notamment face au manque de médiatisation et de mobilisation politique. Certaines images devenues virales sont néanmoins trompeuses.

Jeudi, les hashtags #PrayforAmazonas, #PrayforAmazonia ou #PrayForTheAmazon ("Prions pour l'Amazonie" en français) sont massivement utilisés sur les réseaux sociaux comme Twitter et Instagram. Les publications appellent à la prise de conscience et à l'action face à la catastrophe écologique au Brésil.

S'il brûlent depuis plus longtemps, ces incendies ont soudainement pris de la visibilité lundi, lorsque la ville de Saõ Paulo a été recouverte d'un nuage noir, apparemment dû aux feux de forêt.

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Le ciel s’est assombri à São Paulo à cause de la fumée des incendies qui ravagent l’Amazonie / L'actu en vidéo / 36 sec. / le 22 août 2019

La vague d'indignation a pris de l'ampleur mardi, jour où étaient publiés des chiffres révélant l'augmentation de 83% des feux de forêt au Brésil depuis le début de l'année.

>> Lire aussi : La ville de Sao Paulo a été plongée dans la pénombre en raison des feux de forêts en Amazonie

L'une des publications massivement partagées provient d'Instagram, avec plus de 3 millions de "like". L'internaute y affirmait mardi: "C'est le plus grand feu de forêt de l'histoire, il dure depuis 16 jours, et personne n'en parle."

Comme lui, beaucoup d'internautes s'indignent du manque de médiatisation de ces incendies, et de la non-mobilisation politique pour y faire face. De nombreux postes s'offusquent du décalage de réaction entre cet incendie et celui de la cathédrale Notre-Dame à Paris.

Une pétition en ligne demandant à stopper l'incendie en Amazonie a récolté plus d'un million de signatures en moins de 24 heures.

Indignation contre Jair Bolsonaro

Un grand nombre de critiques vise le président brésilien Jair Bolsonaro, accusé d'être responsable de l'augmentation de la déforestation en raison de sa politique anti-environnementale et de son soutien au développement de l'agriculture et de l'exploitation minière dans des zones protégées.

Mercredi, ce dernier a pourtant accusé les ONG d'avoir déclenché les feux de forêt pour nuire à son gouvernement. Face aux réactions, le président est revenu sur ses propos jeudi, assurant qu'il s'agissait non pas d'affirmations mais de soupçons. Il a en outre déclaré que son gouvernement avait ouvert une enquête sur ces incendies, mais n'avait pas les moyens de lutter contre.

>> Voir l'indignation contre le président brésilien Jair Bolsonaro dans le 19h30 :

L'Amazonie est la proie des flammes. Des feux qui ont déclenché une tempête anti-Jair Bolsonaro sur les réseaux sociaux.
L'Amazonie est la proie des flammes. Des feux qui ont déclenché une tempête anti-Jair Bolsonaro sur les réseaux sociaux. / 19h30 / 1 min. / le 22 août 2019

"La nouvelle politique du gouvernement Bolsonaro est de dire qu'il faut mettre en valeur l'Amazonie. On est passé d'un concept de préservation de la forêt à un concept d'utilisation de l'Amazonie", explique dans Forum Jean-Jacques Fontaine, ancien correspondant pour la RTS en Amérique latine. Un changement de paradigme qui met en péril "ce poumon de la planète", qui est déjà déboisé à 17%.

Le journaliste installé au Brésil indique que si le déforestation augmente à nouveau depuis cette année, c'est que le gouvernement Bolsonaro "laisse le champ libre à tous ceux qui veulent déboiser pour mettre du soja ou du bétail à la place de la forêt. Et les organismes de contrôle ne se sentent plus légitimés à faire la police contre le déboisement clandestin".

>> Regarder l'interview de Jean-Jacques Fontaine, auteur de l’ouvrage "Le Brésil de Jair Bolsonaro" :

La forêt amazonienne ravagée par de gigantesques incendies: interview de Jean-Jacques Fontaine
La forêt amazonienne ravagée par de gigantesques incendies: interview de Jean-Jacques Fontaine / Forum / 5 min. / le 22 août 2019

Mouna Hussain avec agences

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Fausses images véhiculées

Si les incendies en Amazonie ont réellement lieu, plusieurs images partagées de manière virale par les internautes ne correspondent pas à ces événements.

Certains clichés, prétendant montrer l'étendue de la catastrophe, proviennent d'autres régions du monde, ou de précédents feux de forêt en Amazonie.

Cette photographie, par exemple, partagée par l'acteur Jaden Smith, "likée" près de 1,5 million de fois, date de 1989:

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Jaden Smith (@c.syresmith) le 21 Août 2019 à 5 :35 PDT



L'image d'un singe enlaçant un bébé a été l'une des plus virales. Elle a en réalité été prise par un photographe en Inde. Même chose pour la photographie d'un lapin calciné prise en 2018 en Californie.

1. Les singes ont été photographiés en 2017 à Jabalpur, en Inde, par Avinash Lodhi
2. Celle d'en bas à droite a aussi été prise en Amazonie, mais en 2014
3. Le lapin du 2e tweet a été photographié alors qu'il fuyait les flammes en Californie, en 2018.#PrayforAmazonas #AFP
4/5 pic.twitter.com/ToQMRAkPiz

— AFP Factuel (@AfpFactuel) August 22, 2019

Chiffres alarmants

Les feux de forêt au Brésil ont augmenté de 83% depuis le début 2019, par rapport à l'année précédente, selon des chiffres publiés mardi par l'Institut national de recherche spatiale (INPE).

Cette augmentation fait suite à deux années consécutives de baisse et il s'agit d'un plus haut depuis 2013. L'Etat le plus touché est le Mato Grosso, avec 13'682 départs de feu, soit une hausse de 87% par rapport à toute l'année 2018.

L'Amazonie, le poumon vert de la planète est en feu. Selon l'Institut national de recherche spatiale (INPE), depuis janvier 2019, 72'843 départs de feu ont été enregistrés au Brésil. Une augmentation de 83% par rapport à 2018. #prayforbazil #bresil #amazonie #climat #incendies pic.twitter.com/8QL5F1nCG5

— RTSinfo (@RTSinfo) August 22, 2019




Les feux en Amazonie sont notamment provoqués par les défrichements par brûlis utilisés pour transformer des aires forestières en zones de culture et d'élevage ou pour nettoyer des zones déjà déforestées, généralement pendant la saison sèche qui s'achève dans deux mois.

Selon l'INPE, la déforestation en juillet a été quasiment quatre fois supérieure au même mois de 2018. Ces chiffres ont été remis en cause par le président d'extrême droite, Jair Bolsonaro, féroce critique des politiques de protection de l'environnement, qui a limogé Ricardo Galvao, son président, l'accusant de mentir et de nuire à l'image du Brésil.