Publié

Alerte écologique face aux feux de forêts gigantesques en Sibérie

Les fumées des incendies recouvrent de vastes territoires de la taïga sibérienne. [Reuters - Ilya Naymushin]
Alerte écologique face aux feux de forêts gigantesques en Sibérie / La Matinale / 2 min. / le 30 juillet 2019
Les écologistes crient à la "catastrophe" face aux feux qui ravagent des millions d'hectares de forêt depuis des semaines en Sibérie. Couvrant des villes entières de fumée noire, ils menacent aussi d'accélérer la fonte de l'Arctique.

Les fumées de ces incendies, dans l’Extrême-Orient russe, s’étendent sur plusieurs milliers de kilomètres et rendent l’air de villes comme Novossibirsk ou Krasnoyarsk irrespirable. En l'espace de quelques semaines, pas moins de trois millions d’hectares, soit environ 73% de la superficie de la Suisse, sont partis en fumée.

Freins à la lutte contre les incendies

Pour Andrey Shshegolev, directeur du programme forêts pour le WWF Russie, cela découle en partie du nouveau code forestier. "Le nombre des employés de la protection des forêts a été divisé par trois au minimum", explique-t-il mardi dans La Matinale. "Les gardes forestiers dédiés à la protection contre les incendies doivent passer beaucoup de temps à remplir des formulaires et ces spécialistes n’ont plus le temps d’accomplir leur véritable travail sur le terrain."

Les images satellites de la Nasa montrent d'impressionnants nuages de fumée partant des feux et atteignant les zones arctiques. [NASA/EPA/Keystone - NASA EARTH OBSERVATORY HANDOUT]
Les images satellites de la Nasa montrent d'impressionnants nuages de fumée partant des feux et atteignant les zones arctiques. [NASA/EPA/Keystone - NASA EARTH OBSERVATORY HANDOUT]

Autre décision lourde de conséquences: depuis 2015 les autorités sont obligées de protéger les lieux habités et les infrastructures en Sibérie mais peuvent laisser les incendies se développer si elles estiment que le coût de la lutte contre le feu est plus élevé que celui des potentielles destructions.

Pour Gregory Kuksin, directeur du département de lutte contre les incendies de Greenpeace Russie, c’est l’argent qui est le nerf de la guerre. "C’est une question de pauvreté", souligne-t-il. "Les régions n’ont pas les moyens d’éteindre les incendies dans les régions isolées."

Pas de réaction à Moscou

En laissant se développer les incendies ne menaçant pas directement les activités humaines, les autorités locales permettent donc aux feux des prendre des proportions gigantesques. L’odeur de brûlé, véhiculée par le vent est déjà perceptible à plusieurs milliers de kilomètres des zones sinistrées, dans l’Oural ou au Tatarstan. Mais pour l’instant, Moscou ne semble pas vouloir prendre de mesure particulière.

Jean-Didier Revoin/oang avec afp

Publié

Une pétition citoyenne

Une pétition en ligne sommant les autorités de mettre fin à cette catastrophe a déjà récolté plus de 300'000 signatures.

Les selfies de simples citoyens ou d’artistes reconnus portant un masque médical orné de l’inscription "la Sibérie brûle" pullulent sur les réseaux sociaux russes.

C’est le moyen qu’a trouvé la population pour attirer l’attention des autorités sur les gigantesques incendies, afin d’exiger du pouvoir qu’il les éteigne.

Les feux renforcent aussi le réchauffement

L'ampleur des incendies en Sibérie atteint une ampleur telle, cette année, qu'elle fait craindre un impact environnemental à long terme, y compris sur la fonte des glaces de l'Arctique.

"La situation avec les feux de forêts dans la partie orientale de la Russie a cessé il y a longtemps d'être un problème local (...) et s'est transformée en une catastrophe écologique à l'échelle de tout le pays", s'est alarmée l'antenne russe de l'ONG Greenpeace.

"Il y a aussi le problème de la suie qui tombe sur la glace ou la neige, la faisant fondre ou l'assombrissant et réduisant ainsi la capacité de sa surface à réfléchir" la chaleur, avertit de son côté l'Organisation météorologique mondiale (OMM).