Zahra voue à son père une admiration sans borne. "Il n’y a pas de mots pour décrire mon lien avec lui… Il est tout." Lui, c’est Abolhassan Banisadr, premier président de la République d’Iran après la révolution qui provoqua la chute du Shah. Avant cela, en tant qu’opposant politique, il doit s’exiler dès 1963 à Paris, où naît Zahra.
Photo représentant Zahra Banisadr enfant, avec son père Abolhassan Banisadr. [RTS]
C’est à l’âge de 5 ans que la fillette découvre pour la première fois son pays d’origine. Elle se souvient surtout de l’air chaud à la sortie de l’avion, de l’odeur de jasmin et de l'accueil familial.
Ce n’est qu’à son second séjour en Iran que Zahra ressent le climat tendu, et s’effraie devant la présence de policiers et militaires dans les rues.
Lorsque son père est élu président à une large majorité en 1980, Zahra Banisadr espère pouvoir vivre en Iran. Mais l’absence de ses parents et une scolarité éprouvante la font rentrer en France trois mois plus tard.
Le président iranien Abolhassan Banisadr en septembre 1980. [Mohammad Sayyad - Keystone]
En juin 1981, c’est à travers leur poste de télévision qu’elle et sa sœur, seules à Paris, vivent la destitution de leur père lors d’un coup d’état.
"Je m’en souviens très bien. C’était en plein préparatifs du mariage de Lady Diana. On avait très peur et personne ne répondait au téléphone. Mon père est rentré le 29 juillet 1981, jour du mariage princier. Son arrivée a esquivé cet événement dans les médias français." Depuis, son père vit en exil.
Zahra, elle, termine ses études en droit et relations internationales. C’est l’amour qui la fait quitter les quartiers latins et animés de Paris, pour venir s’installer dans le calme du canton de Neuchâtel.
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Si les premiers temps d’adaptation sont difficiles pour cette femme habituée à la frénésie parisienne, elle s'entoure rapidement de personnes qui deviennent des piliers dans sa vie. Elle lance une start-up, fonde une association pour promouvoir une citoyenneté active, ainsi que plusieurs projets culturels et éducatifs.
Aujourd’hui spécialiste en migration et en relations interculturelles au service de la cohésion multiculturelle du canton, Zahra se sent dans son élément et reconnaissante. "C’est Neuchâtel et la Suisse qui m’ont donné des opportunités pour m’épanouir, et ça je ne l’oublie pas."
Même si elle n'y est plus retournée depuis l'enfance, Zahra reste étroitement liée à l’Iran. Observer de loin l’actualité tumultueuse de ce pays représente pour elle une souffrance, mais pas un désespoir. "Quand on souhaite le bien-être de ses compatriotes et la liberté pour son pays, c’est un combat permanent, explique-t-elle. Ce combat n’est jamais douloureux. C’est ce qui donne sens à ma vie."
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