Le tourisme de masse, de l'excès au renouvellement

Grand Format Série Trains de vie

Introduction

Instatourisme, overtourisme ou set-jetting. Ces expressions désignent de nouvelles formes de tourisme qui ont pris de l'ampleur ces dernières années. Comment les vacanciers se sont appropriés ces pratiques? Et comment réagissent les locaux? Pour répondre à ces questions, direction huit destinations en Europe avec le 19h30 de la RTS, pass Interrail en poche.

Épisode 1
L'"instatourisme" ou les vacances smartphone à la main

DPA/AFP - Clara Margais

Vos vacances sont-elles "instagrammables"? La question peut paraître anecdotique pour certains. Mais près de 40% des millenials choisissent leur lieu de vacances selon son potentiel d'attractivité sur le réseau social, d'après un sondage relayé il y a deux ans par la presse britannique. Jusqu'à gâcher certaines destinations en les rendant trop populaires ou trop standardisées?

Première halte du circuit en train de la RTS: Marseille. Dans la deuxième plus grande ville de France, on croise désormais rarement un touriste sans son smartphone à la main. Que ce soit le Vieux-Port, le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MUCEM) ou le quartier du Panier, tout doit être posté sur les réseaux sociaux. Les locaux peinent à comprendre cette pratique qui les irrite. Car certains lieux connus des seuls Marseillais par le passé se sont transformés en aimants à touristes.

Même problème à Milan où la Piazza del Duomo est devenue le théâtre d'un shooting photo quasi-permanent. Une version "améliorée", filtres Instagram à l'appui, de la majestueuse place de la cité italienne.

>> Voir le reportage à Marseille et Milan :

Lancement de notre série "Trains de vie": la mode de l'instatourisme.
19h30 - Publié le 22 juillet 2019

A Marseille comme ailleurs, les professionnels du tourisme ont compris qu'Instagram était devenu incontournable. Et ont mis en place des stratégies pour éviter la saturation de certaines destinations.

"En hiver, nous allons mettre en avant tous ces sites un peu sensibles parce qu'il y a peu de fréquentation", explique Loïc Chovelon, directeur général du Comité régional du tourisme de Provence-Alpes-Côte d'Azur. "Par contre en été, en haute saison, nous essayons de ne pas du tout parler de ces sites."

L'ONG WWF propose cette année d'aller plus loin. Elle appelle à protéger les sites naturels de l'"instatourisme" grâce à une localisation fictive. En clair, au lieu d'afficher au-dessus de sa photo la géolocalisation proposée par Instagram, l'utilisateur peut choisir la mention "I protect nature". Et ainsi partager ses vacances de rêve tout en les préservant d'un buzz.

>> Lire aussi : Instagram, un réseau de photos si formatées

Épisode 2
L'overtourisme ou le ras-le-bol des locaux

Reuters - Guglielmo Mangiapane

Pour la suite du périple, direction Venise. Face au tourisme de masse, la cité des Doges étouffe. Alors que les vacanciers continuent d'affluer, les locaux quittent la ville. En 50 ans, le centre historique de Venise a ainsi perdu la moitié de ses habitants.

Pour contrer l'overtourisme, la ville a pris des mesures: site internet dissuasif estimant le nombre de touristes et peut-être bientôt une taxe d'entrée, pour l'instant reportée.

Venise, Barcelone ou les Cinque Terre, certaines régions sont désormais connues pour l'overtourisme. Mais en Europe, cette liste continue de s'allonger. Lisbonne par exemple souffre également de son succès. Alors que les offres de logement pullulent sur Airbnb, des locaux sont contraints de quitter leur appartement. Conséquence: la mairie a interdit d'ouvrir de nouvelles locations dans certains quartiers.

>> Voir le reportage à Venise et Lisbonne :

Suite de la série "Trains de vies". Le tourisme de masse à Venise et Lisbonne.
19h30 - Publié le 23 juillet 2019

A Venise, la commune propose désormais des circuits alternatifs afin de désengorger le centre. Une démarche qu'elle a nommée "détourisme". Ce qui n'empêche pas les autorités de continuer à s'inquiéter, notamment face aux bateaux de croisière qui déversent des flots de visiteurs chaque jour. Le maire de la ville a appelé le mois passé l'Unesco au secours, demandant à l'organisation de placer la cité des Doges sur sa liste des sites en péril.

>> Lire aussi : A Venise, le casse-tête des bateaux de croisière n'en finit plus

Épisode 3
Avec le set-jetting, tourisme is coming

AFP - Attila Kisbenedek

Próxima estación: Sevilla. La ville du sud de l'Espagne a connu un boom de fréquentation ces dernières années. La raison? La cité a servi de décor à Game of Thrones. La série à succès aurait ramené 15% de visiteurs en plus sur les lieux de tournage espagnols.

Car les sites aperçus dans les films ou à la télévision deviennent des lieux de pèlerinage pour les téléspectateurs assidus. Des fans que l'on surnomme désormais des "set-jetters", du mot "set", soit plateau de tournage en anglais.

Le gouvernement espagnol a compris la manne économique que peut représenter le cinéma. Depuis 2015, toutes les productions qui dépassent le million d'euros de budget profitent d'une déduction fiscale.

Une logique qu'a aussi adoptée la Hongrie, qui cherche à attirer des grosses productions cinématographiques. Petit à petit, Budapest se voit comme le Hollywood de l'Europe. Les vieilles pierres de la ville ont notamment accueilli les tournages d'Inferno, Red Sparrow ou le prochain Terminator de James Cameron qui sortira cet automne.

>> Voir le reportage à Séville et Budapest :

Suite de la série "Trains de vies":  l'impact de certains films ou séries sur les économies locales de Séville et Budapest.
19h30 - Publié le 24 juillet 2019

Le dispositif d'incitations fiscales hongrois est désormais l'un des plus compétitifs en Europe. Il offre un remboursement de 25 % des coûts engagés par les productions étrangères.

Selon le gouvernement hongrois, les productions internationales et locales ont injecté dans le pays 271 millions d'euros en 2016 contre 105 millions en 2011. "Le secteur de la production contribue pour 0,15% au PIB hongrois, le ratio le plus élevé en Europe", expliquait en 2016 à l'AFP Agnes Havas, directrice du Fonds hongrois national du Film.

Épisode 4
Le tourisme religieux, toujours florissant

Keystone - Paulo Novais

A une centaine de kilomètres de Lisbonne, un autre genre de tourisme connaît toujours autant de succès: le tourisme religieux. L'an dernier, près de 7 millions de visiteurs se sont rendus à Fatima, un des lieux de pèlerinage les plus importants d'Europe.

La ville est devenue célèbre au début du 20 siècle quand trois jeunes bergers ont affirmé avoir été témoins d'apparitions de la Vierge Marie. Des apparitions par la suite reconnues officiellement par l'Eglise catholique.

Depuis les années 1960, une pratique caractérise les lieux: la descente du chemin saint à genoux. La place centrale se retrouve parfois noire de monde, comme lors de la venue du pape François le 13 mai 2017, cent ans jour pour jour après l'apparition de la Vierge. Quelque 500'000 personnes s'étaient alors massées sur l'immense esplanade du sanctuaire.

Mais ce n'est pas toujours la foi qui motive le tourisme sur les lieux liés à la religion. A Vienne, la cathédrale saint-Etienne constitue le monument le plus visité d'Autriche, avec 6,4 millions de touristes en 2018. "Je suis là pour l'architecture et l'histoire, donc pour des raisons complètement laïques", explique à la RTS un jeune touriste. "Il y a peut-être un petit peu de croyance", raconte de son côté une visiteuse. "Mais je ne suis pas catholique, je n'ai pas prié. C'est juste un lieu touristique."

>> Voir le reportage à Lisbonne et Vienne :

Suite de la série "Trains de vies": le tourisme religieux et lieux de pèlerinage comme Fatima au Portugal.
19h30 - Publié le 25 juillet 2019

Épisode 5
Le retour des trains de nuit

Reuters - Leonhard Foeger

Retour à Vienne et Lisbonne, respectivement depuis Venise et Madrid. Deux trajets que les voyageurs peuvent faire en train de nuit. En Europe, l'Autriche en particulier fait figure de bon élève en la matière.

En 2016, les chemins de fer autrichiens ont doublé leur flotte de wagons lits en rachetant des trains de la compagnie publique allemande. "Le débat sur le climat constitue une des raisons derrière cette décision", explique Kurt Bauer, responsable du trafic longues distances chez les chemins de fer autrichiens. "Une autre est le fait que l'on cherche à voyager de manière plus lente, c'est une tendance."

>> Voir le reportage réalisé en train de nuit :

Le train de nuit fait son grand retour en Europe pour diverses raisons.
19h30 - Publié le 26 juillet 2019

En Suisse aussi, les trains de nuit font parler d'eux. Sur mandat de l'Association transports et environnement (ATE), l'institut gfs a interrogé au printemps 1209 personnes dans toute la Suisse sur leur manière de voyager. Parmi elles, 62% ont affirmé être intéressées par les trajets en train de nuit international. Seul un quart (25%) des sondés ont répondu qu'ils n'utiliseraient pas ce moyen de transport.

Quant aux destinations, 60% souhaiteraient des trains de nuit vers l'Allemagne, 48% vers l'Italie, 41% vers l'Autriche, 37% vers la France et 21% vers l'Espagne.

>> Lire : Les Suisses veulent des trains de nuit internationaux, selon un sondage

Cette remise en question des modes de transport intervient alors que le tourisme continue de bien se porter. Au premier trimestre 2019, le tourisme international a poursuivi son essor avec une croissance des arrivées de 4%, selon le dernier baromètre en date de l'Organisation mondiale du tourisme. L'Europe reste la première région touristique du monde.