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Carola Rackete, la "capitaine des migrants" dont le sort divise l'Europe

Carola Rackete, la capitaine du Sea Watch 3, a été libérée. Une figure qui divise.
Carola Rackete, la capitaine du Sea Watch 3, a été libérée. Une figure qui divise. / 19h30 / 2 min. / le 3 juillet 2019
Critiquée en Italie où elle est devenue la bête noire du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, Carola Rackete fait figure -pour d'autres- d'héroïne dans la lutte pour le sauvetage des migrants en Méditerranée.

A 31 ans, Carola Rackete n'a pas hésité à forcer le 28 juin le blocus imposé par les autorités italiennes pour débarquer les migrants qu'elle avait au bord du Sea-Watch 3 affrété par l'ONG du même nom. Cet acte lui a valu son arrestation immédiate. Mais mardi soir, la justice italienne a décidé de la relâcher, estimant qu'elle avait agi en état de nécessité.

C'est un camouflet pour Matteo Salvini qui accuse l'Allemande de multiples violations de la loi. "Et c'est quoi le résultat? Une tape sur l'épaule? Peut-être que le juge a aussi partagé un verre de vin avec cette dame... Cette soi-disant riche allemande blanche qui, peut-être, s'ennuyait", a réagi le très populaire ministre italien de l'Intérieur.

Le sort de Carola Rackete divise l'opinion, et si certains dénoncent ses actions qualifiées de criminelles, pour d'autres, elle fait figure d'héroïne. Deux cagnottes ont même permis de récolter plus d'un million de francs pour la soutenir.

Solidarité à Genève aussi

Mercredi, des rassemblements de soutien étaient organisés à travers l'Europe. Car si Carola Rackete n'est pas poursuivie pour avoir accosté de force à Lampedusa, elle n'en a pas terminé avec la justice. Une autre enquête est ouverte pour aide à l'immigration clandestine.

A Genève, une cinquantaine de militants et sympathisants de gauche ont répondu à l'invitation lancée sur Facebook par trois associations italiennes et le syndicat Unia, a pu constater la RTS. A la mi-journée, les manifestants se sont retrouvés devant le consulat italien pour protester contre le sort infligé à la capitaine du Sea-Watch 3 et contre les politiques migratoires du gouvernement italien.

D'autres procédures

"Il s'agit d'êtres humains, de femmes, d'enfants, d'adolescents de famille qui fuient la misère, qui ne sont pas là pour prendre des vacances... Je pense que c'est la moindre des choses de laisser les associations faire ce travail de rapatriement de migrants en mer qu'elles sont seules à faire", relève Aurelia. Non loin de là, une autre participante souligne: "Carola a été libérée, mais ça n'empêchera pas que d'autres procédures similaires se produisent visant d'autres personnes impliquées dans le sauvetage en mer".

Une autre activiste, l'Allemande Pia Klemp, qui fut elle aussi capitaine du Sea-Watch 3, risque vingt ans de prison pour aide à l'immigration illégale. Elle aurait contribué au sauvetage d'un millier de personnes.

Antoine Silacci/jgal

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L'activiste se cache après avoir reçu des menaces

La capitaine allemande du Sea-Watch 3 se cache depuis sa libération du fait de menaces, a indiqué son ONG mercredi. Carola Rackete "se trouve dans un endroit secret en raison du grand nombre de menaces reçues", a indiqué un porte-parole de l'organisation.

Pour des raisons de sécurité, il n'a pas souhaité dire si elle avait quitté l'Italie et se trouvait dans son Allemagne natale, pays vers lequel le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini veut l'expulser. (AFP)