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Le navire humanitaire Sea-Watch 3 force le blocus des eaux italiennes

Le Sea-Watch 3 dans les eaux italiennes, au large de Lampedusa, en mai 2019. [Keystone/ansa via ap - Elio Desiderio]
Le navire humanitaire Sea-Watch 3 force le blocus des eaux italiennes / Le Journal horaire / 26 sec. / le 26 juin 2019
Voilà 14 jours que 42 migrants sont bloqués à bord du bateau de l'organisation humanitaire allemande Sea-Watch. Le navire, commandé par une jeune femme de 31 ans, a décidé de passer en force le blocus des eaux territoriales italiennes au large de l'île de Lampedusa.

Le Sea-Watch 3 entend débarquer ses passagers: "J'ai décidé d'entrer dans le port de Lampedusa. Je sais ce que je risque, mais les 42 naufragés à bord sont épuisés. Je les emmène en lieu sûr", a déclaré sur Twitter la jeune capitaine allemande du navire, Carola Rackete: "Leurs vies sont plus importantes que n'importe quel jeu politique".

Le parcours du Sea-Watch 3 ces derniers jours, dessinant la frontière entre les eaux territoriales italiennes et les eaux internationales. [Sea-Watch International - @seawatch_intl]
Le parcours du Sea-Watch 3 ces derniers jours, dessinant la frontière entre les eaux territoriales italiennes et les eaux internationales. [Sea-Watch International - @seawatch_intl]

Sur les sites de trafic maritime, les relevés du navire battant pavillon néerlandais montrent clairement qu'après avoir navigué le long de la ligne des eaux italiennes pendant une dizaine de jours, il l'a franchie à la mi-journée en prenant la direction du port de Lampedusa.

Salvini dénonce

"Nous ferons usage de tous les moyens démocratiquement permis pour bloquer cette insulte au droit et aux lois", a réagi en direct le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, dans une vidéo sur Facebook. Lors des élections européennes de mai, la Ligue d'extrême droite du ministre a obtenu 45% des voix.

Matteo Salvini a dénoncé le "petit jeu politique sordide" de l'ONG, mais aussi l'indifférence affichée par les Pays-Bas, dont le Sea-Watch 3 bat le pavillon, et l'Allemagne, le pays de l'ONG. Les gouvernements de Berlin et La Haye "en répondront", a-t-il menacé.

La jeune capitaine de 31 ans et les responsables de Sea-Watch risquent désormais des poursuites pour aide à l'immigration clandestine, ainsi que la saisie du bateau et une amende de 50'000 euros conformément à un nouveau décret de Matteo Salvini.

Mardi, la Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par l'ONG allemande, avait refusé d'intervenir en urgence, demandant cependant à l'Italie de "continuer de fournir toute assistance nécessaire" aux personnes vulnérables à bord.

Diocèse et villes prêts à accueillir les migrants

Sur les 53 migrants secourus le 12 juin par le Sea-Watch 3 au large de la Libye, l'Italie a déjà accepté le débarquement de 11 personnes vulnérables – enfants, femmes, malades...

Don Carmelo La Magra, curé de Lampedusa, campe depuis plusieurs jours sur le parvis de son église pour réclamer le débarquement des migrants. [Reuters - Guglielmo Mangiapane]
Don Carmelo La Magra, curé de Lampedusa, campe depuis plusieurs jours sur le parvis de son église pour réclamer le débarquement des migrants. [Reuters - Guglielmo Mangiapane]

A terre, des dizaines de villes allemandes se sont dites prêtes à accueillir les migrants, et l'évêque de Turin, Cesare Noviglia, a annoncé lundi que son diocèse proposait de les prendre en charge.

Le curé de Lampedusa, Carmelo La Magra, campait depuis plusieurs jours sur le parvis de son église pour réclamer le débarquement des migrants.

En janvier, 32 migrants secourus par le Sea-Watch étaient restés bloqués 18 jours à bord avant de pouvoir débarquer à Malte grâce à un accord de répartition entre plusieurs pays européens.

sjaq et les agences

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