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"La responsabilité de l'Etat saoudien est engagée" dans l'affaire Khashoggi

Agnès Callamard, rapporteure spéciale de l'ONU, a enquêté pendant six mois sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. [Reuters - Denis Balibouse]
Le prince héritier saoudien ciblé par l'ONU dans l'affaire Khashoggi: interview d'Agnès Callamard / Forum / 4 min. / le 25 juin 2019
Selon la rapporteure spéciale de l'ONU Agnès Callamard, interrogée mardi à la RTS, le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi relève "sans aucun doute" de la responsabilité de l'Etat saoudien. Elle préconise désormais une enquête criminelle internationale.

Le meurtre de l'éditorialiste saoudien le 2 octobre 2018 au consulat de son pays à Istanbul est "un acte commis par des représentants de l'Etat d'Arabie saoudite, qui ont utilisé les ressources de l'Etat et son immunité diplomatique pour mettre en oeuvre leur crime. Il ne fait aucun doute que la responsabilité de l'Etat saoudien est engagée", explique mardi dans Forum Agnès Callamard, rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions sommaires, arbitraires et extrajudiciaires.

Après avoir elle-même enquêté pendant six mois sur l'affaire, elle a indiqué dans un rapport dévoilé la semaine dernière avoir déterminé qu'il existe des éléments de preuve crédibles justifiant une investigation supplémentaire. "Pour identifier avec conviction les responsabilités individuelles liées au cadre pénal, il faut maintenant une enquête criminelle internationale", affirme-t-elle.

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Rapport discuté mercredi

"Il y a un besoin urgent pour des investigations internationales", a partagé mardi à Genève la fiancée du journaliste saoudien, Hatice Cengiz, qui a salué le travail de la Française. Elle aussi demande à l'ONU de se saisir de cette procédure mais son secrétaire général Antonio Guterres estime que sa fonction ne lui permet pas une telle démarche.

Le rapport doit encore être discuté mercredi devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève. En attendant, la rapporteure spéciale a rappelé que les exécutions extrajudiciaires de journalistes se poursuivaient. Le meurtre de Jamal Khashoggi est "symbolique" de la situation dans le monde, selon elle. La communauté internationale doit répondre "énergiquement".

La Suisse désintéressée des pressions sur Ryad

Trente-trois pays avaient d'ailleurs ciblé Ryad dans l'affaire. Absente d'une déclaration conjointe en raison de son mandat de puissance protectrice envers l'Iran et l'Arabie saoudite, la Suisse a été dénoncée par les ONG. "J'en appelle à la communauté internationale pour prendre ses responsabilités et les actions nécessaires pour rendre justice. Le silence ne sert pas la paix ou la stabilité. A la Suisse de déterminer dans quelle mesure elle peut participer à ce processus de justice [...]", estime de son côté Agnès Callamard.

"J'espère que la Suisse pourra trouver un moyen de faire pression sur l'Arabie saoudite et que les actions du passé ne pourront pas se répéter, ce qui n'est pas le cas jusqu'à présent."

Propos recueillis par Mehmet Gultas/ani avec l'ats

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