Procès de l'ex-maire d'une petite ville calabraise qui secourait les migrants
Ce procès fait figure de symbole du virage opéré par l’Italie sur la question migratoire. Il se tient dès mardi à Locri, en Calabre.
Le parquet a inculpé l'ex-maire, Domenico Lucano, pour deux chefs d'accusation. Le premier est celui de fraude aux dépens de l'Etat: Domenico Lucano se se serait passé d'appel d'offres pour attribuer la gestion des ordures de son village à des coopératives liées aux migrants.
Il est par ailleurs soupçonné d'avoir favorisé des "mariages de convenance", afin d'aider des femmes déboutées du droit d'asile, à rester en Italie.
Interdit de séjour
Si Domenico Lucano rejette ces accusations, il a été interdit de séjour dans sa commune, suite aux enquêtes. Il n'a pour l'instant pas le droit d'y remettre les pieds.
Le système qu'il avait mis en place pour faire revivre le petit village dépeuplé de Riace, en donnant un logement aux demandeurs d'asile, a été démantelé. Les subventions ont été coupées, et les centaines de migrants qui avaient été accueillis à Riace sont presque tous partis.
Italie divisée
Mais l'ex-maire a ses supporters et une grande mobilisation s'est mise en place autour de la figure emblématique de Domenico Lucano. Un appel a même été lancé pour venir le soutenir ce lundi devant le tribunal de Locri et défendre par là-même ce qui apparaissait comme un modèle d'intégration.
Dans le même temps, une autre Italie se reconnaît davantage dans la fermeté envers les migrants prônée par le ministre de l'Intérieur et leader de la Ligue Matteo Salvini. Et cette autre Italie est désormais majoritaire à Riace: aux dernières élections communales, le 26 mai dernier, la Ligue est devenue le premier parti et a remporté la mairie. Domenico Lucano, lui, n'a pas été réélu au conseil municipal.
Dans ce contexte, le procès de Locri prend une grande valeur politique tant pour les partisans de l'ancien maire de Riace que pour ceux du ministre Matteo Salvini.
Eric Joszef/pym