Publié

L'Union européenne veut sanctionner l'Italie pour sa dette excessive

Le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (g.), homme fort du gouvernement italien et leader de la Ligue. [Keystone/EPA - Angelo Carconi]
L'Union européenne veut sanctionner l'Italie pour son déficit excessif. / Le Journal horaire / 31 sec. / le 5 juin 2019
Bruxelles a ouvert mercredi la voie à des sanctions financières contre l'Italie en raison de sa dette colossale, relançant l'affrontement avec la coalition populiste au pouvoir, dont l'alliance tangue depuis les élections européennes.

Dans une décision annoncée mercredi, la Commission européenne recommande l'ouverture d'une "procédure pour déficit excessif" contre l'Italie "au titre de sa dette".

"Au lieu d'être réduite, la dette publique de l'Italie, qui représente une charge importante pour l'économie, a encore augmenté" en 2018, a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.

Selon la Commission, cette dette pourrait atteindre de nouveaux records: 132,2% du PIB en 2018, puis 133,7% en 2019 et 135,7% en 2020, bien au-delà du seuil de 60% fixé par les règles européennes.

Et le déficit structurel italien devrait s'aggraver en 2018, alors qu'une amélioration sensible était demandée.

L'ouverture d'une procédure pour déficit excessif ne sera effective qu'au terme d'un processus complexe nécessitant l'approbation des autres Etats membres. Mais elle peut aboutir à terme à des sanctions allant jusqu'à 0,2% de son PIB, soit environ 3,5 milliards d'euros.

"Ma porte reste ouverte", a tweeté en italien Pierre Moscovici, invitant au dialogue la coalition populiste au pouvoir en Italie, qui réunit la Ligue (extrême droite) et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), en désaccord sur l'attitude à adopter.

"Depuis des années, nous donnons sans recevoir"

Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, chef du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), a dénoncé mercredi comme étant "trop facile" l'ouverture par Bruxelles d'une procédure pour déficit excessif contre le gouvernement à Rome.

"Depuis des années, nous donnons sans recevoir, ou nous recevons moins que ce qui nous reviendrait, des années que nous sommes totalement ignorés sur la question des migrants, par exemple. Tout le poids est sur nous, et, comme si ça ne suffisait pas, ils nous font la morale. Cela ne va pas comme ça, c'est trop facile", a-t-il écrit sur Facebook.

"Nous irons en Europe et nous discuterons avec responsabilité, pour construire et non pas pour détruire. Mais c'est pénible de voir que chaque jour on trouve une autre raison pour parler mal de l'Italie et de ce gouvernement", a-t-il ajouté.

Le ministre des Finances, Giovanni Tria, a lui reconnu, dans une lettre envoyée vendredi à la Commission européenne, "la nécessité" de réduire le déficit budgétaire afin de faire repartir à la baisse le ratio dette/PIB.

"Le gouvernement élabore un programme d'ensemble pour revoir les dépenses actuelles", a-t-il assuré, promettant également un passage en revue des recettes, notamment fiscales.

afp/jfe

Publié

Salvini ira jusqu'au bras de fer

Constitué il y a un an, le gouvernement d'union, déjà handicapé par les profondes différences entre les deux alliés, chancelle depuis les élections européennes du 26 mai, qui ont renversé le rapport de force.

Le M5S, qui avait obtenu 32,5% des voix aux législatives de mars 2018, a sombré à 17%, tandis que la Ligue Matteo Salvini, l'homme fort du gouvernement, est passé de 17 à 34% et entend désormais dicter l'agenda politique, en particulier sur les réponses face aux menaces européennes.

"Je dirai à Bruxelles la semaine prochaine: Laissez-nous faire ce que demandent les Italiens: moins de taxes et plus d'emplois", avait anticipé Matteo Salvini dès la semaine passée. "Et s'ils disent non, nous verrons bien qui est le plus obstiné", avait-il lancé.