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L'alcool responsable d'un décès sur 25 dans le monde

La consommation de vodka pose de gros problèmes en Russie.
La consommation de vodka pose de gros problèmes en Russie.
Un décès sur 25 dans le monde, voire un sur dix en Europe, est une conséquence de la consommation d'alcool, selon des études publiées vendredi dans la revue britannique "The Lancet". Pourtant, plus d'un habitant sur deux de la planète n'en a jamais consommé.

Selon une étude réalisée par le Dr Jürgen Rehm, du Centre pour
l'addiction et la santé mentale de Toronto, la consommation moyenne
dans le monde est de 6,2 litres d'alcool pur par an, soit environ
l'équivalent par semaine de 12 unités (une unité = 10 g d'alcool
pur, soit l'équivalent de 10 cl de vin ou 25 cl de bière).



Elle varie de 21,5 unités par semaine en Europe à 18 unités en
Amérique du nord et seulement 1,3 unité dans les pays de la
Méditerranée orientale.

Les hommes plus touchés

Dans toutes les régions du monde, les hommes consomment plus
d'alcool que les femmes», notent les auteurs de l'étude. Ceux-ci
rappellent aussi que la majorité de la population mondiale (45% des
hommes et 65% des femmes) «n'en consomme jamais».



L'alcool est à l'origine de toute une gamme de maladies ou
d'accidents: maladies de foie, cancer de la bouche ou de la gorge,
cancer colorectal, dépression, attaques cérébrales, accidents de la
route, violences. Les effets néfastes de l'alcool sur la santé sont
nettement plus importants que les éventuels effets bénéfiques
contre les maladies cardio-vasculaires, d'ailleurs controversés,
estime l'étude.



En 2004, 3,8% des décès (6,3% pour les hommes, 1,1% pour les
femmes), soit à peu près un sur 25, était attribuable dans le monde
à l'alcool. Un chiffre en hausse depuis 2000, davantage de femmes
buvant de l'alcool.

Chiffres élevés en Europe

En Europe, les chiffres étaient nettement plus élevés, avec 10%
des morts attribuables à l'alcool, voire 15% en Russie, où plus de
la moitié des décès avant l'âge de 55 ans étaient liés à l'alcool
selon une étude conduite par le Pr David Zaridze, du Centre russe
du cancer.



Les taux de décès avant l'âge de 55 ans sont actuellement en
Russie, selon les auteurs, plus de cinq fois supérieur pour les
hommes à ceux de l'Europe occidentale, et trois fois supérieur pour
les femmes (voir ci-contre).



Une troisième étude du Lancet (menée par le Dr Peter Anderson,
Université de Maastricht, Pays-Bas) donne des pistes pour limiter
la consommation d'alcool: le rendre plus cher et moins facile
d'accès (notamment pour les jeunes), et interdire la
publicité.



afp/ap/cab

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Alcool en Russie: "comme une guerre"

L'étude sur les ravages de l'alcoolisme en Russie a été menée par des chercheurs russes, britanniques et français, et a analysé près de 49'000 décès recensés entre 1990 et 2001 dans trois villes industrielles de Sibérie occidentale.

Elle conclut que 52% des décès examinés étaient liés à l'abus d'alcool, contre 4% en moyenne dans le reste du monde, selon des estimations.

Le professeur David Zaridze, directeur du Centre de recherche russe sur le cancer, et principal auteur de l'étude, estime que la hausse de la consommation d'alcool à partir de 1987 dans le pays est à l'origine du décès de trois millions de Russes. "Des pertes humaines similaires à celles d'une guerre", souligne-t-il.

L'étude devrait alimenter le débat en Russie sur les causes de l'augmentation sans précédent de la mortalité ayant suivi l'éclatement de l'URSS. Certains l'attribuent à l'effondrement du système de santé soviétique, à l'augmentation du tabagisme, à des changements de régime alimentaire ou encore aux nombreuses destructions d'emplois.

Mais beaucoup d'autres, dont le Pr. Zaridze, jugent que le grand responsable est l'alcool, dont la consommation a doublé en Russie entre 1987 et 1994, passant de l'équivalent de cinq litres d'alcool pur par an à 10,5 litres, selon l'étude. "Si l'on regarde l'évolution de la mortalité et de la consommation d'alcool en Russie, il est évident que les hausses et baisses brutales du taux de mortalité sont causées par celles de la consommation d'alcool", explique-t-il.

Le scientifique estime que les chocs sociaux et économiques de la fin des années 1980 et des années 1990, marquées par l'effondrement du système soviétique, ont conduit beaucoup de Russes à boire. "La consommation d'alcool est liée à la crise sociale", souligne-t-il.