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Dix ans après Columbine, les fusillades se multiplient

La tuerie de Columbine avait soulevé l'émotion.
La tuerie de Columbine avait soulevé l'émotion.
Il y a 10 ans, le monde découvrait brutalement le phénomène des fusillades avec le massacre du lycée de Columbine. Deux adolescents avaient tué 13 personnes avant de se suicider. Depuis une décennie, ce phénomène est devenu toujours plus fréquent, comme le constate une professeure à l'université de Virginia Tech.

L'épidémie de fusillades dans les universités et les écoles est
devenue "un phénomène mondial" qui nécessite d'investir davantage
dans l'éducation et le suivi des étudiants, affirme Lucinda Roy,
professeure à l'université américaine de Virginia Tech et auteure
d'un livre paru ce mois-ci, "No right to remain silent" ("Pas le
droit de garder le silence").



Dans cette université, le 16 avril 2007, un étudiant sud-coréen de
23 ans, a tué 32 étudiants et professeurs avant de se donner la
mort, faisant de cette tragédie la plus sanglante fusillade dans
une université aux Etats-Unis. Devant celle de Columbine, qui avait
marqué les esprits (voir ci-contre).

Manque de moyens

"Nous ne savons pas répondre à ces étudiants qui ont des
problèmes psychologiques, ici comme à l'étranger. Nous n'avons pas
le personnel pour les conseillers", dit ce professeure, qui était
l'une des rares enseignantes à avoir remarqué les tourments du
jeune Sud-Coréen. Elle l'avait signalé aux services psychologiques
de l'université, qui faute de personnel et à cause de strictes
règles de confidentialité, n'ont pas su mesurer le danger.



Les conséquences sont toujours pire aux Etats-Unis parce que
l'accès aux armes y est si facile, souligne l'enseignante. Mais la
Finlande, l'Allemagne ont eu des attaques, ajoute-t-elle. "Le
système éducatif peut être tellement impersonnel, surtout au niveau
universitaire. Des étudiants passent ces années en étant
pratiquement invisibles, sans que jamais on ne leur demande leur
nom ou ne leur pose une question", regrette-t-elle.

Dépasser le bilan de Virginia Tech

Au cours de ses recherches dans le cadre
de l'écriture de son livre, l'enseignante dit avoir découvert "sur
internet tant de jeunes, d'Europe comme des Etats-Unis, affirmant
rêver de dépasser le bilan meurtrier de Cho".



Lucinda Roy dénonce aussi la littérature, notamment sur internet,
qui tend à glorifier ce type de tueurs en racontant par le menu les
préparatifs, les manifestes et même les dialogues reconstitués de
leurs tueries. "Il faut comprendre que ces tueurs cherchent la
renommée avant tout. Ils veulent réaliser une performance la plus
horrible possible, la plus sanglante, la plus effrayante",
s'alarme-t-elle.

Peur de mettre une mauvaise note

D'autant que l'accès aux armes les plus meurtrières demeure un
droit vigoureusement défendu, particulièrement "en Virginie, où le
lobby des armes à feu, la NRA, est très influent". Paradoxalement,
la tragédie de Virginia Tech a suscité sur le campus la formation
d'une minorité "très active, qui parle haut et fort", militant pour
que chaque étudiant puisse porter une arme.



Certaines universités, comme dans l'Utah (ouest), autorisent déjà
le port d'armes sur les campus. Le corps enseignant est très
inquiet, convient-elle: "Si vous leur mettez un F (la note la plus
basse dans le système américain), ils sont en colère et l'idée
qu'ils soient armés nous rend vraiment nerveux".



afp/boi

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Columbine, c'était il y a 10 ans

Le 20 avril 1999, le massacre de Columbine, dans la région de Denver (Colorado) avait secoué les Etats-Unis et le monde entier.

Ce jour-là, deux lycéens marginalisés avaient abattu 13 personnes, 12 élèves et un professeur, avant de se suicider.

Vingt-trois autres personnes avaient été blessées.

Dix ans après ce drame, les drapeaux des bâtiments publics du Colorado vont être mis en berne lundi, sur ordre du gouverneur Bill Ritter qui a qualifié la tuerie de "moment de basculement dans les histoires du Colorado et des Etats-Unis".

Dès dimanche soir, une veillée aux chandelles va être organisée dans un parc proche de l'établissement à Littleton.

C'est dans ce jardin public qu'a été érigé un monument à la mémoire des victimes.

Lundi, le lycée Columbine va rester fermé, tandis que les familles des victimes vont se retrouver dans un amphithéâtre du jardin public pendant une heure pour se souvenir.

Pas de changement

Le massacre de Columbine n'a pas donné le signe d'un changement radical dans la législation sur les armes à feu.

Et ce malgré son profond impact et l'activisme d'un Michael Moore qui en avait tiré le documentaire et manifeste anti-armes "Bowling for Columbine", récompensé par un Oscar en 2003.

Dix ans après, et malgré de nouveaux massacres dans des enceintes scolaires comme les 32 morts de l'université Virginia Tech en 2007, posséder une arme aux Etats-Unis reste un droit garanti par le deuxième amendement de la Constitution, défendu par de très nombreux élus et groupes d'intérêt, en premier lieu la National Rifle Association.