Publié

Gaza: la colère d'Erdogan au WEF fait du bruit

Le Premier ministre turc s'adresse à ses 3000 supporters à Istanbul.
Le Premier ministre turc s'adresse à ses 3000 supporters à Istanbul.
Le geste de colère du Premier ministre turc Recep Erdogan à Davos, après un accrochage avec le président israélien Sh.Peres, lui a valu des félicitations du Hamas, des gros titres dans les médias du Moyen-Orient et un accueil en héros dans son pays.

Le départ précipité de Recep Tayyip Erdogan, un fait rarissime
dans l'enceinte très "select" du WEF, a été applaudi par ses
partisans en Turquie. Vendredi, plusieurs milliers de personnes se
sont rassemblées avec des drapeaux turcs et palestiniens à Istanbul
à l'inauguration d'une nouvelle rame de métro pour accueillir
triomphalement Recep Erdogan. A l'aube déjà, le Premier ministre
avait été accueilli à l'aéroport d'Istanbul par 3000 militants du
Parti de la justice et du développement (AKP), formation issue de
la mouvance islamiste.



Le Premier ministre a expliqué que les critiques de son
gouvernement au sujet de l'offensive de Gaza visaient
essentiellement le gouvernement israélien et non le peuple juif en
général. Il a aussi rejeté des critiques sur une manoeuvre
politique avant des élections municipales prévues le 29 mars en
Turquie.



Le Premier ministre turc s'était mis en colère jeudi lors d'un
débat public au Forum économique mondial (WEF), quittant la salle
en reprochant aux organisateurs de l'empêcher de parler après une
longue intervention du président israélien Shimon Peres voulant
justifier l'opération de son pays. En partant, R.Erdogan avait
critiqué devant des journalistes le ton employé par le président
israélien: "M.Peres ne s'adresse pas à un chef de tribu. Il doit
apprendre comment parler à un Premier ministre de la République de
Turquie".

Le Hamas salue l'action de Erdogan

Le Hamas a salué vendredi le geste de colère du Premier ministre
turc Recep Tayyip Erdogan "qui a défendu en direct à Davos les
victimes de la guerre sioniste criminelle contre nos enfants et nos
femmes à Gaza, au visage du mal sioniste Shimon Peres".



"Nous considérons son départ de la salle comme une expression de
soutien aux victimes de l'holocauste perpétré par les sionistes", a
affirmé le porte-parole du Hamas dans un communiqué.



De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas (Fatah)
effectuera une visite de travail d'un jour en Turquie la semaine
prochaine, axée sur le conflit au Proche-Orient, a indiqué vendredi
un responsable de la présidence turque.

Aussi des reproches

En revanche, son geste a suscité des
critiques en Turquie où l'opposition reprochait déjà à Recep
Erdogan d'avoir apporté son appui au Hamas, au détriment du
principal allié d'Ankara dans la région, Israël.



Très sensible à la cause musulmane, Recep Erdogan avait fustigé
quasi-quotidiennement l'opération de 22 jours d'Israël à Gaza qui a
coûté la vie à plus de 1330 Palestiniens. "M.Erdogan a ruiné le
prestige international de la Turquie. Soutenir la cause
palestinienne est une chose mais soutenir le Hamas en est une
autre",a commenté Onur Öymen, vice-président du principal parti
d'opposition CHP, sur la chaîne d'information NTV. "M.Erdogan s'est
présenté comme le porte-parole d'une organisation classée
terroriste", a indiqué cet ancien ambassadeur.



Recep Erdogan s'est justifié en disant: "J'ai fait ce que je
devais faire". Critiqué pour son manque d'égard pour Shimon Peres,
un dirigeant âgé de 85 ans et lauréat du prix Nobel de la paix,
Recep Erdogan a souligné: "je ne suis pas issu de la diplomatie, je
suis un homme politique".



L'opinion publique turque est coutumière des sorties inattendues
du Premier ministre, un politicien charismatique de 53 ans connu
pour son franc-parler, depuis son arrivée au pouvoir en 2002 en
Turquie, pays musulman mais laïc.

Liens affectés?

La Turquie, pays musulman mais Etat laïque, est le principal
allié régional d'Israël. L'armée turque, qui coopère étroitement
avec l'Etat hébreu depuis la signature d'un accord en 1996, a
évoqué vendredi les "intérêts" bilatéraux, laissant entendre que
les liens ne seraient pas affectés. "Je suis confiant que nos
relations reviendront à leur niveau habituel dans un bref délai", a
dit pour sa part l'ambassadeur d'Israël en Turquie.



Pour les analystes, le coup de colère du Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan à Davos (Suisse) a provoqué une tension dans
les relations turco-israéliennes et porté atteinte aux ambitions
d'Ankara de devenir un acteur clé dans la résolution des crises au
Proche-Orient.



agences/bri

Publié

Pas d'excuses de Shimon Peres

Israël a catégoriquement démenti que le président Shimon Peres ait présenté des excuses au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Les deux dirigeants ont en revanche eu une conversation téléphonique «amicale».

Selon l'agence de presse turque Anatolie, Shimon Peres a présenté ses excuses au chef du gouvernement turc. «Cette allégation n'a pas le moindre fondement», a déclaré vendredi la porte-parole de la présidence de l'Etat d'Israël, Ayelet Frish.

Cette dernière a confirmé en revanche que Shimon Peres avait appelé Recep Tayyip Erdogan, affirmant que les deux dirigeants avaient eu une «conversation amicale».

«Lors de cet entretien, le Premier ministre turc a souligné que son geste ne visait pas Shimon Peres mais le président de séance», qui lui avait coupé la parole, a-t-elle précisé.

Débat "partial" dénoncé

La délégation générale de Palestine à Berne se déclare dans un communiqué «consternée». Elle «trouve inapproprié et partial qu'un panel important ait été tenu jeudi au Forum de Davos pour discuter de la situation à Gaza sans la présence de représentants palestiniens et seulement en présence d'une partie, le président israélien» Shimon Peres.

Le premier ministre de l'Autorité palestinienne avait été invité à participer au WEF, précise le communiqué, mais n'a pas pu s'y rendre en raison des opérations militaires israéliennes à Gaza.

«Les organisateurs du WEF ont manqué une occasion d'inviter une personnalité indépendante ou un autre représentant palestinien qui aurait pu parler au nom de toutes les victimes», ajoute le texte.