Donald Trump tente de rassembler dans son discours sur l'état de l'Union
Pour ce discours traditionnel, le président américain a lancé un appel au compromis dans une allocution à la tonalité plutôt sobre, à l'exception d'un long passage sur l'immigration et les sans-papiers "criminels".
"Le programme que je vais présenter ce soir n'est ni républicain ni démocrate. C'est celui du peuple américain", a-t-il lancé devant plus de 500 élus, dont de nombreuses femmes démocrates vêtues de blanc, en hommage au centenaire du mouvement des suffragettes.
"Ensemble, nous pouvons mettre fin à des décennies de blocage politique, guérir les blessures anciennes, construire de nouvelles coalitions, esquisser de nouvelles solutions", a-t-il ajouté, s'en tenant assez fidèlement au texte défilant sur les téléprompteurs.
>> L'analyse de Philippe Revaz, correspondant à Washington
"L'Amérique gagne chaque jour"
A 21 mois de la prochaine élection présidentielle, où il entend briguer un second mandat, le républicain new-yorkais a mis en avant de très bons chiffres économiques et un marché du travail extrêmement dynamique.
"Après 24 mois de progrès rapides, le monde entier nous envie notre économie, notre armée est la plus puissante de la terre, et l'Amérique gagne chaque jour", a-t-il déclaré.
S'il a une nouvelle fois affirmé que le mur à la frontière avec le Mexique serait "construit", il n'a finalement pas, comme il l'avait laissé entendre, déclaré une "urgence nationale". Cette procédure exceptionnelle lui permettrait de contourner le congrès.
Evoquant rapidement les questions sanitaires, il a fixé comme objectif aux élus du Congrès de dégager les moyens nécessaires pour "éliminer l'épidémie de VIH" aux Etats-Unis d'ici 10 ans.
Le chapitre consacré à la politique étrangère lui a valu des applaudissements inégaux dans son camp, tant certaines de ses décisions suscitent un malaise. "Les grandes nations ne se combattent pas dans des guerres sans fin", a affirmé Donald Trump pour défendre le retrait annoncé des troupes américaines de la Syrie et d'Afghanistan.
>> Le décryptage de Raphaël Grand:
Sommet avec Kim Jong-un au Vietnam
Le président américain a aussi profité de ce rendez-vous pour annoncer le lieu et la date de son prochain sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. La rencontre aura lieu les 27 et 28 février au Vietnam.
Une nouvelle fois, il a averti la Chine qu'elle ne pourrait plus "voler les emplois et la richesse des Américains". Il a exigé des "changements structurels" de Pékin pour mettre fin à ses pratiques commerciales "injustes". Il a aussi assuré les Vénézuéliens du soutien américain dans leur "quête de liberté".
Le 45e président des Etats-Unis a conclu son discours sur une tonalité rassembleuse: "Nous devons choisir si nous nous définissons par nos différences ou si avons l'audace de les transcender".
Le prochain combat budgétaire, avec une échéance fixée au 15 février, pourrait rapidement marquer la reprise d'un affrontement politique sans merci jusqu'à l'élection présidentielle de novembre 2020.
>> Les commentaires de la presse dans Tout un monde:
ats/nr
Un discours moins conciliant qu'attendu
Pourtant, l'approche était plutôt bipolaire avec un discours tiraillé entre mains tendues et propos cassants: "Le discours tendait la main et trente secondes plus tard, le président américain reprenait, sur un ton assez calme, beaucoup de sujets clivants, comme le mur, l'immigration ou des thématiques internationales qui posent de sévères problèmes aux Etats-Unis, mais aussi sur la planète, comme avec la question nord-coréenne, l'Iran ou le conflit commercial avec la Chine."
Pour le spécialiste, Donald Trump aurait dû montrer concrètement qu'il avait un projet d'accord avec les démocrates sur les questions budgétaires, "il aurait dû venir face aux démocrates en proposant une nouvelle loi de financement partiel du gouvernement", alors que le délai pour l'expiration de l'accord provisoire, fixé au 15 février, se rapproche.
Un accord commercial avec la Chine
Soulignant que la question du dérèglement climatique n'a pas du tout été abordée par Donald Trump, Roberto de Primis pointe par contre les nombreuses mains tendues vers la Chine. "Il se murmure dans les couloirs de Washington qu'un accord est en négociations entre Pékin et Washington pour calmer toutes ces tensions planétaires au niveau commercial", indique le chercheur.
Donald Trump a aussi annoncé une reprise des discussions sur les armes nucléaires avec la Russie et la Chine, juste après qu'il a annoncé le retrait américain du traité sur les armes de courte et moyenne portée. Son ton a aussi été rassurant en direction des Européens et des membres de l'Otan, alors qu'il avait jusqu'alors plutôt exigé une hausse de leurs dépenses militaires.