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La France pourrait rapatrier les djihadistes français détenus en Syrie

Jusqu'ici, Paris n'envisageait que le rapatriement des enfants retenus avec leurs mères, avec l'accord de celles-ci, mais martelait que djihadistes et épouses devaient être jugés sur place et y purger leur peine.
La France rapatrie près de 130 djihadistes de l’Etat islamique pour les juger / La Matinale / 1 min. / le 30 janvier 2019
La France, opposée jusqu'ici au retour des djihadistes français détenus par les Kurdes en Syrie, n'exclut plus leur rapatriement de crainte qu'ils ne s'évanouissent dans la nature à la faveur du retrait américain de Syrie.

"Compte tenu de l'évolution de la situation militaire dans le nord-est syrien (...) nous examinons toutes les options pour éviter l'évasion et la dispersion de ces personnes", a annoncé mardi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, esquissant un virage à 180 degrés de la position française.

Jusqu'ici, Paris n'envisageait que le rapatriement des enfants retenus avec leurs mères, avec l'accord de celles-ci, mais martelait que combattants et épouses devaient être jugés sur place et y purger leur peine. La France était peu encline à voir revenir sur son sol ces djihadistes dont le sort allait représenter un casse-tête politique, sécuritaire, judiciaire et carcéral.

Offensive kurde redoutée

Avec la perspective d'un retrait américain, les zones kurdes pourraient être la cible d'une offensive turque ou revenir dans le giron de Damas, laissant craindre la fuite d'un millier de djihadistes étrangers vers l'Europe ou d'autres théâtres.

Les Etats-Unis ont annoncé en décembre, à la surprise générale, le retrait prochain de leurs quelque 2000 soldats déployés en Syrie pour combattre l'Etat islamique.

Environ 130 Français concernés

Environ 130 ressortissants français - une cinquantaine d'adultes (hommes, femmes) et des dizaines d'enfants - sont détenus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes, selon des sources françaises concordantes.

Mais leur nombre pourrait augmenter alors que les dernières poches du groupe Etat islamique (EI), désormais acculé sur un territoire de quatre kilomètres carrés, sont en train de tomber dans l'est de la Syrie, près de la frontière avec l'Irak.

A ce stade, Paris n'a pris aucune décision, souligne-t-on toutefois de source gouvernementale française, relevant que tout dépendra aussi du rythme de retrait américain.

afp/cab

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Aures priorités pour les forces kurdes

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes, qui combattent l'EI au côté de la coalition internationale sous commandement américain, n'ont jusqu'ici pas demandé à la France de reprendre ses ressortissants.

Mais ils ont aussi averti qu'ils auraient des soucis plus pressants que le sort de leurs prisonniers étrangers s'ils étaient amenés à combattre sur un autre front.

Face à la menace turque, les Kurdes syriens négocient aussi un accord sécuritaire avec le régime de Damas, qui pourrait alors mettre la main sur des centaines de djihadistes européens.



Mais le président Donald Trump, sous la pression de ses militaires et de ses alliés, a semblé depuis temporiser sur le calendrier de retrait. "On a gagné peut-être deux à quatre mois", souligne une source diplomatique française.
L'exécutif français est par ailleurs confronté à une équation complexe sur le plan intérieur, où le retour des jihadistes risque d'enflammer la classe politique et l'opinion.
"Le gouvernement devrait (plutôt) tout faire pour les empêcher de revenir sur le territoire !", a lancé l'eurodéputé du Rassemblement national (extrême droite) Nicolas Bay.
"Ils ont (commis) les pires crimes possibles, ce n'est pas possible d'accepter ça", a réagi la député Les Républicains (droite) Valérie Boyer, tandis que Laurent Wauquiez, qui dirige ce parti a jugé qu'il y a "une seule solution de bon sens : interdire purement et simplement le retour de tous ceux (qui sont) partis faire le jihad".