La nouvelle loi sur la cybersécurité, votée en juin par les députés, s'est attirée les critiques des Etats-Unis, de l'Union européenne et des avocats de la liberté du web qui l'accusent de s'inspirer de la censure exercée par la Chine sur l'internet.
Le texte contraint les entreprises internet à retirer sous 24 heures tout commentaire menaçant la "sécurité nationale". Ces entreprises, dont les géants américains Facebook ou Google, devront fournir les données des utilisateurs si elles sont réclamées par le gouvernement et ouvrir des bureaux de représentation au Vietnam.
Eradiquer "les forces hostiles"
Le puissant ministère de la Sécurité publique, qui a assuré aux députés en octobre que la loi visait à déjouer des cyberattaques et éradiquer "les forces hostiles et réactionnaires" utilisant l'internet, a publié un projet de décret d'application donnant aux entreprises concernées douze mois pour se conformer aux nouvelles exigences.
Facebook s'est dit engagé dans la protection des droits de ses utilisateurs et de leur capacité à s'exprimer librement et en toute sécurité. "Nous supprimerons tout contenu qui viole les critères (de Facebook) quand nous en sommes avertis", indique le groupe.
Google, qui selon Hanoï a entamé les démarches pour ouvrir un bureau au Vietnam, n'a pas voulu faire de commentaire.
Accroître la surveillance
La liberté d'information au Vietnam se réduit depuis 2016, estiment les critiques. L'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a demandé aux autorités communistes de réviser la nouvelle loi et d'en repousser l'application.
"Cette loi est conçue pour accroître les pouvoirs de surveillance du ministère de la Sécurité publique afin d'identifier les critiques et d'accroître le monopole du pouvoir par le parti communiste", a estimé Phil Robertson, directeur adjoint de HRW pour l'Asie.
L'entrée en vigueur de la loi intervient une semaine après l'annonce par l'Association des journalistes vietnamiens d'une charte pour l'utilisation des réseaux sociaux leur interdisant de poster des informations, images ou commentaires "allant contre" l'Etat.
Daniel Bastard de Reporters Sans Frontières a dénoncé cette charte et la nouvelle loi comme relevant d'"un modèle totalitaire de contrôle de l'information".
afp/boi