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Guantanamo: le mot "torture" est lâché

Des parlementaires suisses demandent la fermeture de Guantanamo
Les membres d'Al-Qaida ont été torturés, confirme le CICR.
Les Etats-Unis coupables de torture: le mot est lâché dans un rapport du CICR, document que révèle une journaliste américaine dans un livre à paraître mardi. Le CICR ne cache pas son embarras, indique Le Temps lundi.

Les conclusions d'un rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sont sans appel: les Etats-Unis ont eu recours à la torture contre des membres présumés d'Al-Qaida. Le document secret du CICR est dévoilé dans "La Face cachée", ouvrage de la journaliste Jane Mayer à paraître mardi aux Etats-Unis.

Le CICR lance un avertissement, relate Le Temps lundi: "Les membres de l'administration Bush qui ont autorisé ces pratiques pourraient être coupables de crimes de guerre".

Le CICR se serait entretenu avec 14 prisonniers sur la base militaire de Guantanamo à la fin de l'année 2006. Les détenus ont raconté les sévices subis, simulations de noyade, privation de sommeil ou encore emprisonnements dans de minuscules caisses. Certains ont dénoncé les nombreuses heures passées "enchaînés au
plafond".

Aux Etats-Unis, le mot "torture" est tabou, même après la diffusion des images de la prison irakienne d'Abou Ghraib il y a quatre ans. En 2005, rappelle le journal, George W.Bush s'était exclamé haut et fort: "Nous ne torturons pas".

CICR embarrassé

Le CICR a transmis son rapport à la CIA, qui l'a remis au président George W. Bush et la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. Les rapports de l'organisation, destinés aux autorités, sont d'ordinaires confidentiels.

Interrogé par "Le Temps", le CICR n'a pas caché son embarras. "On ne discute jamais publiquement du contenu de notre dialogue confidentiel avec les autorités", a répondu l'organisation, sans nier ou confirmer l'authenticité du rapport.

Elle "regrette toutefois que l'ouvrage attribue au CICR des informations sur les détenus alors que la divulgation de telles informations n'est pas la pratique de l'organisation et que la journaliste n'a jamais approché le CICR".

L'origine de la fuite est donc à chercher du côté de l'administration américaine, conclut "Le Temps", où les règlements de comptes se multiplient en fin de mandat présidentiel.

Rachel Antille

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Quel avenir pour Guantanamo?

Les jours de la prison de Guantanamo, installée sur une base navale américaine à Cuba et considéré comme une "zone grise" du droit international par ses détracteurs, semblent comptés.

Le principal argument avancé par l'administration Bush pour détenir sans jugement les suspects de terrorisme s'est effondré lorsque la Cour suprême des Etats-Unis a estimé le 12 juin qu'ils devaient bénéficier de certains droits juridiques.

Les deux principaux candidats à la présidentielle américaine Barack Obama et John McCain se sont en outre prononcés pour sa fermeture. Reste à déterminer le sort des quelque 270 détenus encore sur place.

Méthodes inspirées par la Chine communiste

Les techniques d'interrogatoire de prisonniers employées par les Etats-Unis à Guantanamo ont été inspirées par des méthodes de torture mises au point par la Chine communiste il y a une cinquantaine d'années, rapportait début juillet le New York Times.

Selon le journal, qui citait des documents présentés au Congrès américain et les avis d'experts, ces méthodes "sont une copie exacte d'une étude réalisée en 1957 par l'Armée de l'air américaine sur les techniques utilisées par la Chine communiste pendant la guerre de Corée pour obtenir des aveux de prisonniers nord-américains".

Le New York Times évoque la privation de sommeil, l'obligation de rester continuellement debout ou encore l'exposition permanente au froid ou à la faim, comme exemples des méthodes employées pour réduire les prisonniers "à l'état d'animal", selon les documents cités.