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Le Brésil perd 8300 médecins cubains pour des raisons purement politiques

Des médecins cubains en partance à l'aéroport de Brasilia, jeudi 22.11.2018. [AP/Keystone - Eraldo Peres]
Les 8000 médecins cubains exerçant au Brésil rappelés au pays / Le 12h30 / 1 min. / le 23 novembre 2018
Les premiers des quelque 8300 médecins cubains exerçant au Brésil sont arrivés vendredi à La Havane. Leur départ, qui risque de provoquer des déserts médicaux, fait suite aux menaces du président brésilien élu Jair Bolsonaro.

Les milliers de praticiens cubains concernés avaient été envoyés au Brésil depuis 2013 dans le cadre du programme "Mais Médicos" (Plus de médecins) initié par l'ancienne présidente de gauche Dilma Roussef pour remédier à la pénurie de médecins.

Les premiers d'entre eux - partis jeudi du Brésil - ont été reçus avec les honneurs vendredi à La Havane. En blouses blanches et portant des drapeaux cubains et brésiliens, ils ont été accueillis à leur descente d'avion par le président Miguel Diaz-Canel.

Hostilités déclenchées par le président élu brésilien

Leur rapatriement, qui doit être achevé d'ici le 12 décembre, a été décidé par les autorités cubaines en réaction à des propos tenus par le président brésilien élu Jair Bolsonaro.

Ce dernier avait prévenu qu’il allait conditionner la poursuite de ce programme à la mise en place d’un examen de compétences pour ces médecins et au versement de leur salaire intégral.

L'accord conclu à l'époque prévoit en effet le versement, par le Brésil, d'un salaire mensuel de plusieurs milliers de francs à Cuba pour chaque médecin. Mais La Havane ne reverse que moins d'un tiers de ce montant aux praticiens. Farouche anticommuniste, Jair Bolsonaro a laissé entendre que ce système finançait la "dictature socialiste" cubaine.

Une manne financière pour Cuba

De fait, c'est pour Cuba la perte d'une manne financière importante. Cette exportation de matière grise rapportait autant que les revenus du tourisme ou l’envoi d’argent de la diaspora. C’était aussi une sorte de "diplomatie médicale" qui permettait à La Havane de s’assurer des alliances.

Le programme continue toutefois dans une soixantaine de pays, principalement au Venezuela qui vient de renforcer sa collaboration.

Céline Tzaud/afp/oang

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Les Noirs et les indigènes particulièrement touchés

L'Affaire fait la Une des médias au Brésil, où de nombreuses régions périphériques défavorisées ou des zones rurales risquent de se transformer en déserts médicaux.

Dans des Etats comme Bahia, on parle d'une perte de la moitié des médecins dans certaines villes.

L'association nationale des maires du Brésil (FNP) a tiré la sonnette d'alarme, rappelant dans un communiqué que près de 80% des municipalités du pays "dépendent exclusivement du programme pour les soins médicaux et que 90% de la population indigène est traitée par des professionnels cubains".

De nombreuses populations risquent donc de n’avoir plus accès à des services médicaux. "Bolsonaro a provoqué cet acte raciste car ce sont principalement les Noirs qui en pâtiront, a dénoncé pour sa part l’ancienne superviseuse du programme Mais Médicos à Rio.