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La BNS investit dans une firme mêlée à un scandale de travailleurs forcés

Des employés travaillant sur la mine de Bisha, en Erythrée, en main majoritaires de Nevsun Resources. [Reuters - Thomas Mukoya]
Des employés travaillant sur la mine de Bisha, en Erythrée, en main majoritaires de Nevsun Resources. - [Reuters - Thomas Mukoya]
La Banque nationale suisse (BNS) et la Banque cantonale zurichoise investissent dans la société minière canadienne Nevsun Resources, empêtrée dans un scandale de travailleurs forcés en Erythrée.

Durant le premier trimestre 2017, la BNS a continué d'investir dans la société canadienne controversée, à hauteur de 492'700 actions d'une valeur de plus de 1,2 million de dollars, soit environ 0,16% de la société, selon les dernières données de la SEC, le gendarme boursier américain.

Or, Nevsun Resources, qui détient 60% de la mine d'or et de cuivre Bisha, en Erythrée, est empêtrée depuis des mois dans un scandale de travailleurs forcés présumés (lire en encadré).

Intérêt "purement financier"

Interrogée par la RTS, la BNS n'a pas souhaité commenter ses investissements chez Nevsun, dont l'exploitation a généré un revenu de 357 millions de dollars en 2015.

"L'intérêt de la Banque nationale pour les investissements en actions est purement financier. La BNS ne s'immisce pas dans les affaires courantes des entreprises", a-t-elle répondu, précisant toutefois appliquer "des critères éthiques d'exclusion très clairs", pour des questions relevant notamment de "violation massive des droits humains fondamentaux".

Feriel Mestiri

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Procès à venir au Canada

En 2013, Human Rights Watch (HRW) dénonçait déjà des conditions de travail inhumaines dans la mine Bisha, en Erythrée, dont le gouvernement détient 40% de l'exploitation appartenant majoritairement à Nevsun Resources. Les employés travailleraient 12 heures par jour, six jours par semaine, avec peu de nourriture et pas de toilettes pour un salaire de moins de 15 dollars par mois.

Cela, dans un climat de peur, sous la surveillance permanente des militaires. Les employés y risqueraient la torture et des sévices importants en cas de désertion.

Ces accusations, niées par la société minière canadienne, ont pris une nouvelle tournure en octobre 2016, lorsqu'une action en justice a été lancée par une douzaine d'Erythréens au Canada. Une décision historique a été prise par le tribunal canadien, ouvrant pour la première fois la voie à un procès au Canada contre une société concernant des violations présumées des droits de l'homme à l'étranger.

La Banque cantonale de Zurich augmente aussi son investissement chez Nevsun

La Banque nationale Suisse, qui "suit une gestion indicielle", n'est pas la seule à croire en l'indice boursier Nevsun Resources. De nombreux investisseurs ont également parié sur la société canadienne. Parmi eux, la Banque cantonale de Zurich, qui avait augmenté de 12,7% ses investissements Nevsun Resources durant le premier trimestre 2017, atteignant 267'258 actions d'une valeur de 685'000 dollars.

"Notre taux de participation dans les actions de Nevsun dépend, entre autres, des performances de ces produits d'investissements", explique la porte-parole de la banque zurichoise Katharina Wälchli.

Allianz Asset Management AG a également renforcé de 4,8% sa participation au quatrième trimestre et détient désormais une valeur de près de 1,5 million dans les actions de la firme.