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Au bord de la faillite, l'Islande s'est relevée grâce au tourisme

L'Islande, nouvelle destination touristique à la mode. [RTS]
L'Islande, une destination à la mode / T.T.C. (Toutes taxes comprises) / 12 min. / le 19 décembre 2016
Depuis la crise financière de 2008, le nombre de touristes en Islande a été multiplié par quatre, entraînant avec eux toute l'économie. Vu comme un petit miracle, le pays affiche une croissance de 5% et un chômage de 3%.

L'Islande est devenue la destination à la mode, même en hiver, à la grande surprise des autochtones qui fuiraient bien vers le sud pour voir un peu de lumière. Devant la station thermale volcanique Blue Lagoon, des touristes attendent depuis 3 heures: "On a réservé au dernier moment. Il y a trop de monde, mais c'est super!", témoigne un touriste dans l'émission TTC diffusée lundi.

Comme lui, environ 1,7 million de visiteurs ont séjourné sur l'île cette année, alors que le pays ne compte que 330'000 habitants. C'est cinq fois plus qu'il y a 15 ans. Quelque 2,4 millions de personnes sont attendues en 2017, soit sept touristes pour un Islandais.

Le tourisme constitue désormais le troisième pilier de l'économie islandaise. A l'origine de ce petit miracle économique, une éruption volcanique et un crash financier...

Campagne de publicité

En 2010, le pays panse ses plaies avec une cure d'austérité, après avoir frôlé la faillite deux ans plus tôt (lire en encadré). En avril, un volcan nommé Eyjafjallajökull entre en éruption et provoque la fermeture d'une grande partie des aéroports européens.

Le 3 juin suivant, le Premier ministre de l'époque demande, dans une allocution télévisée, à la population de transmettre par tous les réseaux une campagne de publicité visant à promouvoir le tourisme. Elle s'est répandue comme un virus à travers la planète:

Le revers de la médaille

Le boom touristique est visible à l'oeil nu, dans l'hôtellerie, mais aussi dans le commerce et la construction. "On voit les hôtels qui poussent comme des champignons", affirme une habitante. Mais ce tourisme comporte aussi des revers: la couronne islandaise ne cesse de s'apprécier et les prix flambent, pour les touristes comme pour les locaux. "Rien que cette année, les prix de l'immobilier ont grimpé de 15%", souligne un étudiant.

Et les emplois liés au tourisme, eux, ne sont que très peu occupés par des Islandais. Selon Gylfi Magnusson, professeur d'économie à l'Université d'Islande, "le tourisme crée des emplois peu rémunérés. Et une économie comme celle de l'Islande veut des emplois bien payés, à haute valeur ajoutée, pour des gens diplômés. Or, le tourisme ne peut pas grand-chose pour cela."

Pas éternel

L'eldorado touristique ne serait donc pas éternel. C'est aussi la conviction du gouverneur de la banque centrale d'Islande, Mar Gudmundsson: une chose dont on peut être sûr, c'est qu'à un moment, cela atteindra un pic et cela retombera. La seule question, c'est de savoir si c'est pour bientôt, ou dans quelques années, et si ce retournement se produira en douceur ou de manière brutale."

Le gouverneur gère donc avec parcimonie la manne touristique et ses gigantesques réserves de devises étrangères.

Corinne Portier/fme

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L'Islande, le pays qui met ses banquiers en prison

Les banques islandaises en faillite après la crise de 2008 ont été coupées en deux: la partie internationale, avec ses milliards de dépôts étrangers, est tout simplement liquidée. L'autre partie, avec les avoirs islandais, a été partiellement sauvée. Le plan fait scandale à l'étranger, mais il passe. Car au même moment, la justice islandaise décide de faire le ménage chez les banquiers.

L'ancien policier Olafur Hauksson est le seul à postuler pour devenir procureur spécial. Personne ne veut alors s'attaquer aux néo-vikings de la finance. Sept ans plus tard, son équipe est passée de cinq à une centaine de personnes.

A ce jour, entre 30 et 40 banquiers sont allés en prison. Un atout de plus dans la panoplie touristique de l'Islande? "Je ne pense pas qu'il y ait un lien, répond le procureur. Mais bon, qui sait?"

Le crash financier de 2008, le pire scénario pour l'Islande

L'économie islandaise, basée partiellement sur la pêche et la géothermie, s'est convertie massivement à la finance au début des années 2000. Au moment du crash financier, le bilan des banques islandaises représentait 10 fois le PNB du pays.

Les banques s'étaient lancées dans des politiques d'endettement avec effets de levier massifs, et spéculaient sur des actifs de plus en plus risqués. Du jour au lendemain, plus personne n'a voulu prêter aux banques islandaises. Le crash était massif.

La population est en ébullition et le gouvernement démissionne. Quand les banques ont fait faillite, le bourse de Reykjavik a perdu 97% de sa valeur.

Quelque 500'000 étrangers, dont de nombreux Britanniques et Néerlandais, avaient placé leur argent dans ces banques. Cela représentait 5 milliards d'euros, soit 50% du PNB Islandais.

Pour la première fois depuis des décennies, le Fonds monétaire international (FMI), appelé à l'aide, intervenait dans un pays développé occidental.