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Tamedia réduit les rédactions de 24 heures et de la Tribune de Genève

Membres de la rédaction de 24 Heures devant la tour Tamedia de Lausanne, ce mardi 27.09.2016. [Keystone - Laurent Gilliéron]
Tamedia réduit les rédactions romandes, les équipes se mobilisent / Forum / 3 min. / le 27 septembre 2016
Le groupe de presse Tamedia annonce mardi une réorganisation des quotidiens romands 24 heures et la Tribune de Genève. Ces mesures impacteront 24 personnes au sein des deux rédactions.

Dans un communiqué, l'éditeur alémanique explique que ces journaux "s’adaptent à l’évolution du mode de consommation des lecteurs". Il dit sa volonté d'assurer l'ancrage local fort des deux titres, mais en privilégiant une plus stricte hiérarchisation de l'information.

Les éditions imprimées de 24 heures et de la Tribune de Genève seront ainsi "plus resserrées en semaine et plus étoffées le samedi."

Il s'agit de s'adapter au changement du mode de consommation des lecteurs, mais cette évolution est également dictée, précise Tamedia, par l'accélération de la baisse du chiffre d’affaires publicitaire.

Mesures d'accompagnement proposées

Sur le plan du personnel, les suppressions de postes concerneront 24 personnes. Le groupe assure qu'il proposera des mesures d'accompagnement aux collaboratrices et collaborateurs touchés.

La Société des collaborateurs de 24 heures et la Société des rédacteurs et du personnel de la Tribune de Genève ont de leur côté annoncé avoir appris "avec consternation" cette suppression de postes.

Leur communiqué précise qu'il est question de 19 suppressions d'emplois à 24 heures, dont deux départs naturels et un départ la retraite non comptabilisés, et de 12 suppressions d'emploi à La Tribune de Genève, dont quatre départs à la retraite.

Au total, 31 collaborateurs - dont 24 licenciements - seront donc touchés par cette restructuration.

Protestations des deux rédactions

Plus de 150 journalistes ont manifesté mardi en milieu de journée contre les licenciements annoncés devant la tour Tamedia à Lausanne, avant de défiler jusqu'à la gare. De nombreux manifestants étaient venus habillés de noir pour dire que l'éditeur zurichois Tamedia signifie "le deuil de la presse régionale romande".

A Genève, plus d'une centaine de personnes se sont réunies devant le bâtiment de la Tribune de Genève (TdG) pour protester. Les journalistes du quotidien genevois ont manifesté leur désapprobation en organisant l'enterrement symbolique de leur journal dans le cimetière des Rois, tout proche des locaux du titre.

>> L'interview de Pierre Ruetschi, rédacteur en chef de la Tribune de Genève dans Forum:

Ce ne sont pas des industriels qui ont des journaux comme danseuses, même si ils ont réussi avec bonheur leur transition digitale qui a été extrêmement juteuse et a permis notamment à Christoph Tonini [NDLR directeur de Tamedia] de s'offrir un salaire, soyons clairs, assez indécent de 6 millions par année. Mais c’est un groupe d’éditeurs qui a envie de jouer un rôle avec la presse, donc je ne les vois pas se désengager de cette façon-là… En même temps, savoir quelle sera la situation dans 3 ou 5 ans, c’est extrêmement difficile... Mais nous avons les moyens de réagir, de construire...

Pierre Ruetschi, rédacteur en chef de la Tribune de Genève

oang avec ats

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Syndicats opposés aux licenciements

Dans un communiqué publié juste après l'annonce de Tamedia, Impressum et Syndicom lui demandent de renoncer à tout licenciement et réduction budgétaire à 24 Heures et à la Tribune de Genève.

Les syndicats rappellent que le groupe a fait un gain de 334 millions de francs l'an dernier.

"Au vu des résultats 2015, l’annonce d’épargne sur les rédactions-phares des régions de la Suisse romande est maintenant inutile et dommageable pour tout le groupe", écrivent-ils.

La direction de Tamedia indique pour sa part qu'elle veut "entamer des discussions et assurer le dialogue social nécessaire dans de telles circonstances."

>> L'interview de Laurence Bézaguet, co-présidente du groupe syndical la Société des rédacteurs et du personnel de la Tribune de Genève:

Licenciements potentiels aussi chez Ringier

Dix postes de travail pourraient également être supprimés chez Ringier, relate mardi Le Courrier.

Le journal genevois cite des sources de la newsroom commune du Temps et de L'Hebdo, évoquant une réunion entre le personnel et le directeur de Ringier Romandie au cours de laquelle cette suppression de postes aurait été annoncée.

Daniel Pillard, directeur de Ringier Romandie, n'a toutefois pas confirmé qu'une décision a été prise, mais que plusieurs scénarios ont été évoqués.