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L'originalité jusque dans la tombe

Je prépare mes obsèques
Je prépare mes obsèques / Mise au point / 12 min. / le 1 novembre 2015
Alors que l'affluence dans les cimetières s'accroît le jour de la Toussaint, le business de la mort ne cesse de se réinventer en proposant des scénarios de plus en plus étonnants pour les obsèques.

La 1er novembre, jour de la Toussaint, reste souvent associé à la Fête des morts, pourtant célébrée le 2 novembre par le monde catholique. Lors de cette journée, la tradition veut que de nombreux Suisses se rendent au cimetière pour fleurir la tombe de regrettés défunts.

Mais si la mort demeure un sujet tabou pour certains, elle a aussi un prix. Evalué à près de 8000 francs en Suisse, l'enterrement fait partie, avec la crémation (environ 5000 francs), du très lucratif marché des obsèques.

Ecolo, virtuelle, low-cost ou fastueuse, la mort se décline aujourd'hui sous toutes ses formes pour répondre aux demandes de plus en plus exigeantes ou originales des vivants.

La mort "écologique"

"Tu es né poussière, tu retourneras poussière!", cette phrase de l'Ancien Testament a été prise très au sérieux par plusieurs entrepreneurs amoureux de mère Nature.

Sur le marché de la mort se développe ces dernières années la tendance de s'offrir une enveloppe écologique comme dernière demeure.

Les cercueils biodégradables ou compostables entendent répondre à cette nouvelle demande d'une clientèle davantage concernée par le développement durable, et ce jusque dans la tombe.

Plusieurs variantes écologiques existent telles que des cercueils ou urnes en laine, des cercueils en carton ou des cercueils en osier. De la structure de la caisse au drap mortuaire en passant par le linceul, les entreprises proposent tout le nécessaire pour des obsèques 100% vertes.

Cercueil écolo - Planche emergence2 [DR]
Cercueil écolo - Planche emergence2 [DR]

Et comme ultime cadeau à la Terre, quoi de mieux que de renaître en arbre majestueux? C'est en tout cas la proposition de deux jeunes Français. Leur projet, lauréat du concours international "Design for death" en juin 2013, vise à prolonger la vie d'une personne décédée au travers d'une existence végétale (voir ci-contre).

Dans cette catégorie "décès vert", les autres projets gagnants proposent eux d'être transformé en pluie ou d'utiliser le champignon pour aider à la décomposition des corps.

La mort virtuelle

Le business 2.0 de la mort regorge d'initiatives qui visent à gérer virtuellement son décès ou la continuité de son existence sur la toile.

Le cimetière virtuel I-tomb en est un exemple. Avec le slogan "Tout le monde a besoin d'un tombe virtuelle", ce site propose aux internautes une cyber-existence éternelle à portée de clic.

L'idée est de permettre à des proches ou des fans de célébrités de se recueillir sur un mémorial en l'honneur d'une personne disparue. Photos, messages audio-visuels, poèmes ou musiques, les hommages peuvent être multiples.

Tombe virtuelle de Kennedy sur le site I-tomb.net
Tombe virtuelle de Kennedy sur le site I-tomb.net

Les tombes connectées, inventées aux Etats-Unis, offrent elles un ancrage réel à ces tombes virtuelles. En proposant un code QR à installer directement sur une sépulture, plusieurs entreprises permettent aux proches de scanner ce code et d'être redirigé sur une page web dédiée au défunt.

Certains services vont encore plus loin en proposant de distiller au fil des ans des messages à vos proches après votre décès. Il suffit de choisir un événement , une date précise, la société se charge d'acheminer une lettre, une photo ou un objet à la personne désignée.

Des applications permettent même d'envoyer un message testament à vos amis directement sur Facebook ou Twitter, comme le service "If I die".

Se désignant "gardien de votre héritage", le site Edeneo propose lui de conserver dans un coffre-fort virtuel "votre patrimoine numérique". Comptes Facebook, Twitter, PayPal ou documents testamentaires, toutes vos informations personnelles seront transmises à vos proches selon vos dernières volontés.

La mort low-cost

Genève ou Zurich font parties des rares villes suisses à prendre en charge financièrement l'enterrement ou la crémation d'un de ses habitants. Et pour ceux dont le budget ne permet pas d'assumer au moins 5000 francs pour des funérailles, des sociétés se sont spécialisées dans des services bon marché.

A partir de 1250 euros, une entreprise française propose par exemple d'organiser des obsèques deux fois moins coûteuses qu'un service traditionnel, avec la livraison du cercueil en bois massif. En 2012, des services funéraires de la ville de Paris lançaient eux une offre en ligne à moins de 800 euros.

Cercueils low-cost

>> Les Suisses dépensent de moins en moins pour les rites funéraires :

NE - Toussaint: les Suisses dépensent de moins en moins pour les rites funéraires
NE / Toussaint: les Suisses dépensent de moins en moins pour les rites funéraires / 19h30 / 2 min. / le 31 octobre 2014

La mort fastueuse

Pour ceux dont le budget et l'imagination ne connaissent en revanche pas de limite, l'originalité, même dans la mort, reste de mise.

Diamants en cendres

Plusieurs entreprises, dont une Française basée en Suisse, s'est par exemple lancée dans la création de diamants à partir de cendres de défunts. Bleues, noires ou transparentes, les pierres sont réalisées à l'aide de diamants synthétiques.

Et si les étoiles vous fascinent davantage que les diamants, vous pouvez également prétendre à un voyage dans l'espace après votre mort. Vos cendres peuvent y être envoyées, enfermées dans une capsule, depuis Cap Canaveral en Floride.

Mélanie Ohayon

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