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Synthes passe dans le giron de Johnson & Johnson

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Le groupe Synthes emploie 2800 personnes en Suisse. - [KEYSTONE - Karl Mathis]
Johnson & Johnson a trouvé un terrain d'entente avec Synthes. Le groupe américain s'empare du fabricant soleurois d'implants orthopédiques pour un montant de 21,3 milliards de dollars (18,7 milliards de francs), a-t-il indiqué mercredi dans un communiqué.

Les conseils d'administration des deux groupes ont d'ores et déjà donné leur feu vert à la transaction. Le fondateur et président de Synthes, Hansjörg Wyss, a également approuvé l'opération.

L'entreprise sera intégrée dans la division systèmes médicaux et diagnostics de Johnson & Johnson, qui comprend les filiales médicales DePuy. "Synthes et DePuy vont ensemble créer l'activité orthopédique la plus innovante et complète du monde", a estimé le patron du groupe américain, Bill Weldon, dans un communiqué diffusé mercredi.

Johnson & Johnson est actif dans le matériel médical, les produits pharmaceutiques et les produits de grande consommation (hygiène et cosmétique). Le groupe a dégagé l'an passé un chiffre d'affaires de 61,6 milliards de dollars. Le géant américain est très présent en Suisse, où il emploie quelque 3600 personnes, dont 1300 dans le canton de Neuchâtel.

Synthes est pour sa part un acteur bien plus modeste bien qu'il ait connu un grand essor depuis 30 ans. L'entreprise, dont le siège principal se trouve aux Etats-Unis à West Chester (Pennsylvanie), a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires de 3,69 milliards de dollars. Elle emploie plus de 11'000 personnes, dont 2800 en Suisse.

Synthes s'est forgée au fil du temps une solide réputation dans la fabrication d'implants pour la chirurgie des accidents, de la colonne vertébrale, des défauts crâniens ainsi que des biomatériaux pour la régénération des os et des tissus mous.

Vaste marché

Le rachat de Synthes, véritable fleuron des techniques médicales, confirme le mouvement de concentration en cours dans le secteur. Le phénomène s'explique par l'intérêt manifesté par les grands groupes pharmaceutiques qui cherchent la parade à l'expiration des brevets protégeant leurs molécules les plus rentables.

"Le secteur orthopédique est un vaste marché en croissance de 37 milliards de dollars et représente un important moteur de croissance pour Johnson & Johnson", a souligné Bill Weldon.

Dans le détail, Johnson & Johnson propose 159 francs par titre Synthes, soit une prime de 8,5% par rapport à la clôture de mardi. Chaque actionnaire du groupe soleurois recevra 55,65 francs en numéraire et 103,35 francs en titres Johnson & Johnson. La transaction devrait être bouclée au 1er semestre 2012.

Grosse fortune

Hansjörg Wyss, qui détient avec sa famille 48% de Synthes, qualifie l'opération de "très réjouissante et prometteuse". "Je me réjouis beaucoup que l'oeuvre de ma vie continue en tant que part de Johnson & Johnson", a-t-il ajouté.

Hansjörg Wyss, actionnaire principal de Synthes, devrait devenir le Suisse le plus riche.
Hansjörg Wyss, actionnaire principal de Synthes, devrait devenir le Suisse le plus riche.

Selon le magazine "Forbes", Hansjörg Wyss, serait le deuxième Suisse le plus riche, avec une fortune de 6,4 milliards de dollars, derrière la famille Bertarelli et ses 10 milliards (voir la galerie des milliardaires suisses). La vente de Synthes pourrait même faire de cet entrepreneur très discret, âgé de 75 ans, l'homme le plus fortuné du pays, selon plusieurs médias.

Les conséquences sur l'emploi demeurent pour l'heure inconnues. Unia, qui regrette qu'une entreprise suisse soit vendue à l'étranger, attend de Johnson & Johnson qu'il s'engage en faveur de la place industrielle. De son côté, le gouvernement soleurois voit ce rachat plutôt d'un bon oeil. "Il ne s'agit pas d'une mauvaise solution", a indiqué la ministre de l'économie Esther Gassler.

Le titre Synthes s'affichait en début d'après-midi en petite hausse mercredi à la Bourse suisse, après avoir ouvert en forte progression.

ats/vkiss

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Moody's abaisse sa perspective

L'agence d'évaluation financière Moody's a annoncé mercredi qu'elle abaissait à "négative" sa perspective sur le géant pharmaceutique américain Johnson & Johnson. Il garde toutefois sa note maximale "AAA" après l'annonce de l'acquisition de la société Synthes.

"L'acquisition de Synthes apparaît justifiée stratégiquement vu les bonnes tendances de ses résultats, sa solide présence sur le marché des traumatismes, et son portefeuille de produits complémentaire de celui de Johnson & Johnson", a commenté l'agence dans un communiqué.

Mais elle estime que "l'endettement plus important qu'entraînera la transaction laissera J&J en position de faiblesse dans la catégorie AAA". "Malgré les avantages de l'acquisition de Synthes, J&J accroît son endettement dans une période de difficultés d'exploitation liée à ses rappels de produits", a souligné un responsable de Moody's, Michael Levesque, cité dans le communiqué.

L'action Johnson & Johnson perdait 1,39% à 64,05 dollars vingt minutes après l'ouverture de la Bourse de New York.