La semaine de quatre jours, ça change quoi pour vous?

L'idée de ne travailler que 32 heures au lieu de 40, à salaire égal, est née après la crise du Covid. Des tests ont été réalisés en Islande, au Royaume-Uni, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, en Suède, en Nouvelle-Zélande et au Japon. Les premiers résultats sont impressionnants: la productivité augmente et la santé mentale est meilleure.

"Nous avons mesuré une série d’impacts en termes de santé et nous avons constaté une diminution du stress, des burn-out, de la fatigue, des conflits familiaux etc...", se félicite Orla Kelly, professeure adjointe en politique sociale à l'University College Dublin, interrogée dans Tout un monde, le 19 décembre 2022.

Parmi les 33 entreprises qui ont lancé des projets pilotes recensés par la fondation 4dayweek, aucune n’y a renoncé tant les bénéfices sont importants.

Les entreprises suisses s'y mettent

Dans le modèle de semaine à quatre jours, on ne change pas le salaire mais c'est à vous d’optimiser votre travail pour faire la même chose en moins de temps

Au niveau public, l’administration communale de Zurich va tester les 35 heures. Sinon, ce sont des initiatives privées comme cette PME vaudoise de maintenance informatique qui a sauté le pas il y a un peu plus d’un an. "J’ai proposé ça à mes collaborateurs et ils étaient un peu dubitatifs. Ils ont dit 'mais qu’est ce qui va changer, ça va baisser notre salaire ?' Je leur ai dit 'non, on ne change pas le salaire, mais c'est à vous d’optimiser votre travail pour faire la même chose en quatre jours'", a expliqué Patrick Tundo, fondateur d'Assymba, dans le 19h30 du 19 janvier 2023.

En un an, moyennant une nouvelle organisation du travail, son chiffre d’affaires a augmenté. Les employés apprécient et découvrent une nouvelle synergie. "Ça pousse les collègues à s’entraider. Combien de fois ça arrive qu’un collègue me dise 'le client voudrait qu’on fasse ça demain, est-ce que tu peux t’en occuper? Pas de problème'", détaille Kevin Madeira, un employé, dans le 19h30 du 19 janvier 2023.

Est-ce une révolution aussi importante que les congés payés ou la semaine de cinq jours instaurée par Henri Ford en 1926? En plus de répondre à la pandémie de burn-out actuelle, ce modèle pourrait attirer les bras qui manquent cruellement, dont ceux de la génération Z.

Séduire la génération Z

Cette génération véhicule plusieurs clichés et n’est pas connue pour s’investir autant dans la vie professionnelle que ses aînés.

Ces futurs employés tiennent pourtant le couteau par le manche, affirme José Ramirez, professeur d’économie HEG à Genève dans le 12h45 du 1er mai. "Ils ont plus de pouvoir que la génération précédente, en tout cas que la génération X et des baby-boomers, parce qu’ils sont relativement peu nombreux par rapport aux besoins dans l’économie."

Quatre jours pour tout le monde?

La semaine de quatre jours ne convient pas à tous les secteurs. Je pense notamment à ceux qui sont touchés de plein fouet par la pénurie de main d’oeuvre

Sur le papier, ce modèle fonctionne pour tout le monde. Dans la réalité, il y a des secteurs qui y sont moins adaptés. Les syndicats et les entreprises y voient une bonne idée, qui a ses limites. "Ça risque de se traduire par une augmentation du stress, une augmentation de la pression et, au final, une détérioration de la santé des collaborateurs et des collaboratrices (..). Je pense notamment aux secteurs qui sont touchés de plein fouet par la pénurie de main d’oeuvre et là on a un vrai problème et un vrai danger", craint Véronique Rebetez, secrétaire centrale de Syna, dans le MAP du 21 mai 2023.

"Dans un hôpital, vous n’allez pas concentrer les gens et puis, de toute façon, ils sont surchargés. Chez un coiffeur, ça me semble difficile aussi car cela nécessiterait de faire plus de coupes en une heure. Ce qui est compliqué à moins de le faire moins bien", argumente Stéphanie Ruegsegger, directrice de la politique FER dans Forum du 24 avril 2023.

D’autant que ce sont des secteurs déjà avec peu de valeur ajoutée et qui ont subi la pandémie de plein fouet. Mais une expérience suédoise montre le contraire. "En 2014, la ville de Göteborg en Suède a mis en place la journée de six heures pour les infirmières de l’un de ses centres hospitaliers. Comme prévu, leur santé et leur bien être global se sont améliorés, autant que la productivité et les soins des patients. On a découvert avec stupéfaction que la baisse des congés maladie et des allocations de chômage compensait l’augmentation salariale", indique Juliet Schor, économiste dans un Ted Talk le 12 avril 2019.

Et toi dans tout ça?

Tout indique que cette nouvelle organisation du travail est bénéfique que tu sois salarié, client ou PDG de ton entreprise. Si tu as envie de te faire une idée de ce que cela donnerait pour ton travail, le site 4dayweek propose de la documentation et du mentorat.

Claire Burgy