Publié

Les travaux qui attendent Sergio Ermotti à la tête de la nouvelle UBS

L’assemblée générale de l'UBS marque le retour de Sergio Ermotti. Portrait de l’homme qui a pour mission d’assurer la fusion avec Credit Suisse
L’assemblée générale de l'UBS marque le retour de Sergio Ermotti. Portrait de l’homme qui a pour mission d’assurer la fusion avec Credit Suisse / 19h30 / 2 min. / le 5 avril 2023
Affaires fiscales, allègement d'une banque d'investissement problématique et fusion des réseaux d'agences. Les défis qui attendent Sergio Ermotti, de retour à la tête d'UBS mercredi, semblent immenses.

La fusion de Credit Suisse et UBS va être "une tâche herculéenne", a affirmé Lukas Gähwiler, le vice-président d'UBS, devant les actionnaires d'UBS réunis en assemblée générale mercredi à Bâle.

>> Lire aussi : UBS sait gérer les changements liés à la fusion avec Credit Suisse, assure Ralph Hamers

Ce rassemblement marquait aussi le premier jour officiel de Sergio Ermotti à la tête du mastodonte. Lui qui avait quitté ce même poste en 2020, après 9 ans de bons et loyaux services.

C'est donc à lui qu'on a pensé pour entreprendre ces lourds travaux, qui se comptent non pas au nombre de douze comme pour ceux d'Héraclès, mais de "seulement" trois. Pas des moindres.

1. SOLDER LES AFFAIRES FISCALES DE CREDIT SUISSE

La première tâche, comparable au nettoyage des écuries d'Augias, sera d'épousseter les affaires peu reluisantes de Credit Suisse. Car le rachat de l'ancienne deuxième banque de Suisse n'éponge pas les agissements de son passé.

La dernière affaire en date remonte à seulement quelques jours, lorsque le Sénat américain a présenté un rapport accusant Credit Suisse d'avoir aidé de riches Américains à frauder le fisc pour 100 millions de dollars.

>> Lire : Credit Suisse face à des accusations d'évasion fiscale aux Etats-Unis

La banque aux deux voiles, qui avait déjà payé en 2014 une amende de 2,6 milliards de dollars, avait pourtant promis de changer ses pratiques. Mais il reviendra désormais à UBS de déterminer les responsabilités des personnes et des entités impliquées.

Selon Anna Vladau, avocate spécialiste en fiscalité, Credit Suisse a beaucoup de procédures judiciaires encore en cours actuellement. "Malheureusement, il est extrêmement difficile de déterminer celles qui arriveront dans le futur, puisqu'on a toujours connaissance après coup des affaires".

Le rapport du Sénat américain ainsi que les plaintes des actionnaires pourraient donner lieu à de nouvelles conséquences judiciaires. Reste à savoir comment UBS répondra à ces allégations et défendra Credit Suisse, puisqu'elle en sera bientôt propriétaire.

"Il faudra attendre qu'UBS nous informe de la manière dont elle va reprendre Credit Suisse, si elle reprend toute l’entité ou si une scission va se faire. Et là il faudra allouer les responsabilités selon les nouvelles entités juridiques", précise l'avocate.

2. RÉDUIRE LA BANQUE D'INVESTISSEMENT

Autre héritage encombrant pour UBS: la banque d'investissement démesurée, que Sergio Ermotti devra dompter, comme le taureau de Minos qui a dévasté les terres de Crète.

C'est de cette entité que sont nés les scandales de ces dernières années. C'est aussi cette entité qui a engendré la perte de confiance des marchés dans la marque Credit Suisse.

Mais plus que de la dompter, Sergio Ermotti pourrait l'affaiblir. Lors de son premier passage chez UBS, il n'a pas hésité à tailler sans pitié dans les entités à risque. Et selon Arturo Bris, professeur de finance à l'IMD de Lausanne, "il va faire la même chose. Il a la réputation d’être très agressif avec la réduction de la banque d’investissement. Il a aussi le prestige d'un banquier suisse. Cela va aider à faire les changements nécessaires".

3. FUSIONNER LES RÉSEAUX D'AGENCES

La dernière corvée de Sergio Ermotti sera probablement la plus pénible: licencier. Car les doublons seront massifs entre Credit Suisse et UBS, deux banques aux profils très proches. Plusieurs experts ont estimé à plus de 10'000 le nombre de postes qui pourraient être supprimés en Suisse.

>> Relire : Environ 75 succursales de Credit Suisse et d'UBS pourraient être menacées

Cette menace sur l'emploi rappelle la fusion, en 1997, de l'Union de Banques Suisses et de la Société de Banque Suisse (qui forment l'actuelle UBS). Quelque 13'000 emplois et 173 agences avaient été supprimés.

UBS et Credit Suisse fusionneront officiellement en fin d’année. Mais avant d'entreprendre ses travaux, le Tessinois devra d'abord rassurer son monde, des actionnaires aux employés, en passant par les partenaires et les autorités.

Feriel Mestiri et Matthieu Hoffstetter

Publié