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Paul Bulcke: "Il est dans l'ADN de Nestlé d'offrir de la nutrition aux gens", même en Russie

Paul Bulcke, Président de Nestlé
Paul Bulcke, Président de Nestlé / Big Boss / 26 min. / le 3 octobre 2022
Invité de l'émission Big Boss de la RTS, le président de Nestlé Paul Bulcke défend le choix de son groupe de rester en Russie. Il évoque également l'affaire des pizzas contaminées de Buitoni et détaille les efforts faits par son groupe pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Le chiffre d'affaires de Nestlé est de 87 milliards de francs, soit davantage que le budget de la Confédération. Le groupe emploie 276'000 personnes à travers le monde et possède 384 usines dans 79 pays. La multinationale veveysanne vend un milliard de produits par jour dans le monde.

Nestlé est également présent en Russie, et contrairement à des entreprise comme Nike ou McDonald's, le géant de l'agroalimentaire n'y a pas totalement cessé ses activités après l'invasion de l'Ukraine par Moscou.

"Choqué" de ce qui se passe en Ukraine

Invité dans l'émission Big Boss de la RTS, Paul Bulcke assure prendre la mesure de la situation. "On est aussi choqués que tout le monde de ce qui se passe. On sympathise avec les mesures qui ont été prises. On a déjà fortement réduit notre activité dans ce pays. On a stoppé tous les investissements pour le futur, on a aussi stoppé toute la publicité."

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Paul Bulcke explique que son groupe "s'est concentré sur ce qui est essentiel: la nutrition et les aliments essentiels, comme les aliments pour les nourrissons ou les aliments et produits médicaux". Selon lui, "l'essence même" de Nestlé est "d'offrir de la nutrition aux gens".

"C'est notre ADN. On le fait dans des pays qui sont parfois très difficiles. On est toujours au Venezuela, avec encore cinq fabriques et 2500 employés. C'est aussi une loyauté envers nos fournisseurs locaux, nos employés et nos consommateurs."

Affaire des pizzas Buitoni

Interrogé sur l'affaire des pizzas Buitoni - marque appartenant à Nestlé - où cinquante enfants ont été contaminés, dont deux en sont morts, Paul Bulcke dit avoir été très marqué.

"Ça nous a bouleversés autant que tout le monde. Pour nous, la qualité et la sécurité de nos produits sont notre première priorité. On ne fait pas de compromis là-dessus. Ce qui s'est passé, ça nous invite à aller jusqu'au fond et à avoir les réponses."

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Cette affaire des pizzas contaminées peut sembler en contradiction avec le slogan de Nestlé, "Good food, Good life" ("Bonne nourriture, bonne vie"). Pour Paul Bulcke, il n'est pas question de le changer. "On croit en la force de la bonne nutrition pour améliorer la bonne qualité de vie de tout le monde, pour aujourd'hui et pour les générations qui viennent. 'Good food, Good life', il y a tout dedans."

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Neutralité carbone en 2050

Sur le plan environnemental, Nestlé s'est fixé l'objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. "Nous sommes conscients de nos émissions, et pour atteindre notre objectif de neutralité, on doit agir. On va d'abord agir sur nos bâtiments, nos fabriques, miser sur l'énergie photovoltaïque. Ensuite, on va accentuer notre traitement des déchets, que ce soit l'eau ou autre."

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"Mais deux tiers de nos émissions de gaz à effet de serre sont liées à l'agriculture. Nous faisons beaucoup d'effort pour tenir nos engagements avec nos agriculteurs, avec nos fournisseurs. On leur propose des micro-crédits, on partage nos connaissances avec eux. Cela demande des structures, des salaires. En termes d'investissements, pour les premières années, cela représente 3 milliards."

Cet engagement climatique est-il sincère, ou est-ce seulement une stratégie pour continuer à vendre auprès d'une clientèle toujours plus soucieuse de l'environnement? Paul Bulcke assure que le "respect du futur" est une valeur fondamentale de son groupe.

"Si on veut respecter le futur, on doit agir maintenant. Je crois qu'on peut faire bouger des choses chez nous. On peut avoir un impact, et c'est ce qu'on veut faire. C'est un privilège."

Propos recueillis par Patrick Fischer/asch

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