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Comment les plateformes de vente en ligne dirigent nos achats

Achats en ligne :  attention aux dark patterns
Achats en ligne : attention aux dark patterns / A bon entendeur / 8 min. / le 13 septembre 2022
Une étude de la Fédération romande des consommateurs et de l’ONG Public Eye dénonce les pratiques des plateformes de vente en ligne dans le domaine de la mode. Elle pointe le recours aux "dark patterns", ces stratagèmes utilisés par des boutiques en ligne pour influencer le consommateur.

Des boutons colorés, des rabais alléchants positionnés de manière stratégique, des offres limitées dans le temps: l’architecture des interfaces web est toujours conçue de manière à guider les actions des utilisateurs.

Mais certaines techniques de design utilisées par les plateformes commerciales et baptisées "dark patterns" relèveraient de la manipulation, dénoncent la Fédération romande des consommateurs et l’ONG Public Eye dans une étude conjointe publiée mercredi et dont l’émission A Bon Entendeur de la RTS a eu les résultats en primeur.

"Formes de manipulation"

"Les 'dark patterns' augmentent de deux à quatre fois la probabilité qu’un consommateur ou une consommatrice exécute une certaine action", notent les auteurs de l’étude. Dans leur ligne de mire, notamment, les techniques qui poussent le consommateur à ajouter des articles à son panier virtuel, ou la quasi-impossibilité de supprimer certains comptes d’utilisateur.

Les auteurs ont passé au crible les interfaces de quinze plateformes sur lesquelles sont vendus des vêtements, de Zalando à Zara en passant par Manor ou Globus, à la recherche de ces "dark patterns" destinés à favoriser certaines actions du visiteur et à en empêcher d’autres.

"On voit qu'on incite les gens à partager plus de données. On voit qu'on intervient, qu'on influence leurs choix individuels de manière très insidieuse, trompeuse", pointe Géraldine Viret, porte-parole de Public Eye. "L’utilisation de ces formes de manipulation est omniprésente, mais quand même avec des différences assez considérables entre les plateformes."

Quinze entreprises sous la loupe

L’étude dresse un classement des quinze plateformes analysées. En tête de liste figure le géant des vêtements chinois Shein. Les enquêteurs de l’étude ont repéré 18 "dark patterns" sur son interface. En queue de classement, Globus et Zara, chez lesquels seuls 4 de ces outils ont été détectés.

Manor et Digitec Galaxus, qui figurent dans l'étude, refusent catégoriquement d’être associés à l’usage de "dark patterns". "L'utilisation de 'dark patterns' est diamétralement opposée aux valeurs de notre entreprise", écrit Digitec Galaxus. "Prétendre que nous utilisons des 'dark patterns' est tout simplement faux et absurde." Manor assure pour sa part ne pas utiliser ce type d’outils et affirme "refuser de manipuler sa clientèle".

Charles Reinmann et Linda Bourget

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