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L'horlogerie de luxe ne connaît pas la crise, mais "elle ne représente que 10% du volume"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Thomas Baillod, entrepreneur dans l'horlogerie de luxe suisse
L'invité de La Matinale (vidéo) - Thomas Baillod, entrepreneur dans l'horlogerie de luxe suisse / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 20 min. / le 22 juillet 2022
La crise actuelle épargne l'horlogerie suisse: les exportations ont en effet grimpé de 12% au premier semestre par rapport à la même période de 2021. Ces résultats réjouissants concernent toutefois surtout les produits haut de gamme, précise le spécialiste de la branche Thomas Baillod.

L'inflation, la guerre en Ukraine ou la chute des marchés sur le secteur horloger ne semblent pour l'heure pas toucher l'horlogerie suisse, avec des ventes à l'étranger en hausse de quelque 12 millions de francs sur six mois. Des résultats qui réjouissent Thomas Baillod, entrepreneur dans l'horlogerie de luxe.

Invité vendredi dans La Matinale, le fondateur de la marque "BA111OD" tempère toutefois ces résultats qui concernent avant tout les montres de plus de 3000 francs, soit le segment haut de gamme.

"Les résultats sont bons, mais c’est peut-être l’arbre en fleurs qui cache la forêt en feu", souligne-t-il. Selon l'expert, les chiffres doivent être lus avec plus d'attention. En effet, le secteur haut de gamme qui tire les ficelles ne représente qu'un volume de 10% dans l'ensemble du domaine horloger, mais 70% en valeurs. "Il faut donc considérer l'ensemble du secteur parce que ce ne sont pas juste les montres de très haute gamme que les gens portent."

Et le spécialiste d'ajouter: "Pour accéder à la dernière marche d'un escalier, il faut passer par toutes les autres marches, donc il ne faut pas oublier l’ensemble de l’escalier."

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L'Europe a pris le relais de la Chine

Si la Chine était jusqu'en 2021 la principale actrice de la croissance du secteur, c'est l'Europe qui a pris le relais aujourd'hui. Or, l'expert neuchâtelois admet que la crise énergétique qui s'apprête à frapper le Vieux Continent, et la Suisse, est susceptible de changer la donne. L'horlogerie de gamme moyenne devrait selon lui y laisser des plumes.

"Avec le prix du mazout qui augmente, les 2000 francs que les gens mettront dans la citerne, c’est 2000 francs qu'ils mettront moins dans l’horlogerie", regrette Thomas Baillod.

Néanmoins, souligne-t-il, l'horlogerie de luxe n'est pas concernée par ces nouveaux facteurs macroéconomiques. "Ces 10% trouveront toujours leur chemin vers le poignet des consommateurs, en l’occurrence fortunés."

Le haut de gamme, une valeur refuge

"Les montres haut de gamme sont une valeur refuge", poursuit-il. Et les crises qui secouent la planète actuellement ne font que renforcer cette tendance.

"C'est un petit objet qui tient au poignet, que l'on peut emporter avec soi, qui a une forte valeur ajoutée et surtout - aspect essentiel - qui a une valeur de revente très élevée", note Thomas Baillod.

"Au fil du temps, la montre prendra de la valeur, alors que pour la plupart des autres biens, c'est le contraire qui se produira, compte tenu de l'inflation. Cependant, ces mouvements sont également spéculatifs et ne profitent qu'au haut de gamme", conclut-il.

Propos recueillis par Karine Vasarino

Adaptation web: Fabien Grenon

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