La Fondation Ethos était un "ovni" à ses débuts il y a 25 ans
Le 2 février 1997, deux caisses de pension genevoises, l’une publique (CPEG) et l’autre privée (CPPIC), se sont alliées pour créer la Fondation d’investissements Ethos.
A l'époque, le but de la fondation était de "promouvoir un investissement socialement responsable", explique dans l'émission Forum le directeur de celle-ci, Vincent Kaufmann. "Au départ, les critères étaient plutôt de l'ordre de l'éthique, mais ont rapidement penchés sur le développement durable", ajoute-t-il.
"On était des ovnis"
A la fin de sa première année, Ethos comptait 25 membres et gérait un portefeuille de 270 millions de francs d’actions suisses et européennes. Actuellement, elle compte 241 investisseurs, des caisses de pension ou des fondations d’utilité publique suisses uniquement, et gère une fortune globale de plus de 330 milliards de francs.
Mais les débuts n'ont pas été simples. La durabilité ou encore la responsabilité sociale des entreprises n'étaient pas des thématiques très présentes à l'époque. "On était des ovnis! Les Suisses alémaniques nous traitaient de communistes. Mais on a eu le soutien de caisses de pensions courageuses qui ont osé demander aux entreprises plus de transparence", raconte Vincent Kaufmann.
Des victoires et des frustrations
L'une des victoires majeures de la fondation est d'avoir fait disparaître en Suisse le cumul de plusieurs fonctions à hauts postes au sein des entreprises, selon son directeur. Ethos a également permis aux actionnaires de s'exprimer sur les montants et les systèmes de rémunération des dirigeants des sociétés cotées en bourse, un principe repris ensuite par l’initiative Minder.
Pousser les entreprises à être plus responsables ne fonctionne pas toujours et crée plusieurs frustrations. Pour Vincent Kaufmann, les changements restent trop lents en matière d'environnement. "Depuis 2006, on demande plus de transparence sur les gaz à effet de serre et aujourd'hui on a besoin d'une loi pour pousser les entreprises à le faire", explique-t-il.
L'auto-régulation que prône la fondation ne fonctionne "qu'à moitié" en matière de durabilité, déplore le directeur d'Ethos. "En tant qu'actionnaire de ces sociétés, on se retrouve souvent en minorité à demander plus de transparence", souligne Vincent Kaufmann.
Propos recueillis par Renaud Malik
Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva