Publié

Accusé de corruption, Glencore noue des accords pour plus d'un milliard de dollars

Le logo de Glencore, à son siège de Baar (ZG). [AFP - Fabrice Coffrini]
Plaidant coupable de manipulation des marchés, Glencore noue des accords pour plus d'un milliard de dollars / Le Journal horaire / 31 sec. / le 24 mai 2022
Le groupe suisse Glencore a annoncé mardi avoir noué des accords coordonnés avec les autorités du Royaume-Uni, des Etats-Unis et du Brésil, plaidant coupable de faits de corruption en Afrique et en Amérique du Sud, et de manipulation des marchés pétroliers.

L'entreprise, active dans le négoce des matières premières mais également propriétaire de nombreuses mines de cuivre et de charbon, prévoit de payer 1,02 milliard de dollars aux Etats-Unis et 40 millions au Brésil tandis que le montant des pénalités à verser au Royaume-Uni doit encore être fixé, détaille un communiqué.

Ces accords, qui mettent fin aux poursuites engagées par ces Etats, lèvent des nuages qui planaient sur le groupe depuis plusieurs années. Glencore avait en effet été assigné en 2018 par le département américain de la Justice dans le cadre d'une vaste enquête pour corruption, liée à ses activités au Nigeria, au Venezuela et en République démocratique du Congo (RDC). D'autres poursuites avaient ensuite été lancées par d'autres autorités.

Des enquêtes sont encore en cours en Suisse et aux Pays-Bas, Glencore y étant soupçonné de ne pas avoir mis en place les mesures nécessaires pour empêcher les affaires de corruption. "Le calendrier et l'issue de ces enquêtes restent incertains", a souligné Glencore.

Le groupe plaide coupable

Dans le détail, Glencore a accepté de payer aux Etats-Unis une amende de 700 millions de dollars pour fraude et corruption, notamment au Brésil, au Cameroun, au Nigeria et au Venezuela, et pour détournement d'informations confidentielles, notamment au Mexique.

Il a aussi été ordonné à l'entreprise de verser 486 millions pour la manipulation des prix de divers contrats échangés sur les marchés pétroliers. Le groupe a dans les deux cas plaidé coupable.

Une pénalité encore définir avec les autorités britanniques

Une partie du montant négocié avec Washington, qui estime que Glencore s'est illégalement enrichi de plusieurs centaines de millions de dollars, est destiné à être reversée à d'autres autorités.

Glencore a par ailleurs accepté de payer près de 40 millions de dollars pour solder l'enquête des autorités brésiliennes sur des cas de corruption, notamment auprès du géant pétrolier Petrobras.

L'entreprise a aussi plaidé coupable mardi devant la justice britannique pour sept chefs d'accusation pour corruption dans ses activités pétrolières au Cameroun, en Guinée Equatoriale, en Côte d'Ivoire, au Nigéria et au Sud Soudan, selon un communiqué du Bureau d'enquêtes sur les affaires criminelles (SFO).

Le total des pots-de-vin versés par des agents et employés de Glencore avec l'accord de l'entreprise pour un accès préférentiel à du pétrole s'élèvent au total à 25 millions de dollars, selon l'enquête du SFO. La pénalité à payer sera décidée à l'issue d'une audience le 21 juin.

afp/ther/iar

Publié

"Nous reconnaissons les manquements"

Glencore avait indiqué en février avoir mis de côté 1,5 milliard de dollars pour régler ces diverses affaires et estime mardi qu'en incluant la pénalité encore à verser au Royaume-Uni, ce montant ne devrait pas être dépassé de façon significative.

Le groupe assure avoir réformé ses pratiques éthiques et de conformité et avoir licencié ou sanctionné certains des salariés impliqués. "Nous reconnaissons les manquements identifiés dans ces enquêtes et avons coopéré avec les autorités", a commenté le directeur général de l'entreprise Gary Nagle, dans le communiqué.

"Ce type de comportement n'a pas sa place chez Glencore, et le conseil d'administration, l'équipe de direction et moi-même sommes très clairs sur la culture que nous voulons et sur notre engagement à être un opérateur responsable et éthique partout où nous travaillons", a ajouté le responsable, en poste depuis juillet dernier.

L'accord passé avec les autorités américaines prévoit la nomination d'un auditeur externe pendant trois ans, dont la tâche sera de vérifier que le groupe respecte ses obligations et d'évaluer l'efficacité des mesures de contrôle interne et de respect des règles.