Publié

Malgré les crises, les dividendes versés aux actionnaires n'ont jamais été aussi élevés

Patrick Artus, chef économiste à la banque Natixis. [AFP - Eric Piermont]
Chiffres records des dividendes versées aux actionnaires grâce aux secteurs pétrolier et minier: interview de Patrick Ar / Le 12h30 / 1 min. / le 24 mai 2022
La guerre en Ukraine pèse sur l'économie mondiale et le pouvoir d'achat, mais pas sur les dividendes. Les montants versés aux actionnaires ont atteint un record mondial au premier trimestre, grâce à la vigueur des secteurs pétrolier et minier ainsi qu'au rebond post-Covid.

Selon un rapport du groupe de gestion d'actifs Janus Henderson publié mardi, les versements aux investisseurs ont augmenté de 11% sur les trois premiers mois de l'année pour atteindre 302,5 milliards de dollars, un record pour cette période "traditionnellement plus calme".

En dépit du contexte d'inflation et de la guerre en Ukraine, 94% des multinationales ont augmenté leurs dividendes ou les ont maintenus, détaille le rapport. C'est aux États-Unis que leur proportion a été la plus forte (99%). En outre, toutes les régions ont enregistré une croissance à deux chiffres, même si une "faiblesse notable a été constatée dans certaines parties de l'Asie (...) où les confinements continuent de peser sur l'économie".

Tous les secteurs ont enregistré des augmentations mais les industries pétrolière (+33% de dividendes) et minière (+29,7%) se distinguent. Pour Patrick Artus, économiste de la banque Natixis, cette situation n'est pas étonnante, puisque les entreprises de ces secteurs ont profité de la guerre, qui a permis d'augmenter les prix de vente. "Spontanément, ces entreprises distribuent une partie de ce supplément de profit à leurs actionnaires, via une hausse des dividendes et des rachats d'action", explique-t-il.

Montants doublés depuis 2009

Sur base de ces chiffres, le cabinet rehausse ses prévisions pour 2022 à 1540 milliards de dollars, "soit une augmentation de 4,6%" par rapport à 2021, qui était déjà une année record.

Dans ce contexte, Patrick Artus juge pertinent de mener des politiques publiques visant à récupérer une partie de ces profits exceptionnels. "En considérant que ce sont des rentes qui ne résultent pas de l'activité normale de l'entreprise, mais d'une situation particulière où elles ont pu monter leurs prix de façon rapide, il est normal d'en faire profiter l'ensemble de la population, et pas seulement les actionnaires", estime-t-il.

Le rapport montre en outre que "les versements ont plus que doublé" depuis 2009, année de la création de l'étude qui mesure l'évolution des dividendes versés par les 1200 plus grosses capitalisations boursières.

ats/jop avec gm

Publié