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Chute du rouble, filiales de banques russes en faillite: les conséquences des sanctions occidentales

Une pièce de la monnaie russe, le rouble. [Reuters - Dado Ruvic]
Une pièce de la monnaie russe, le rouble. - [Reuters - Dado Ruvic]
Les conséquences des sanctions occidentales envers la Russie ne se sont pas fait attendre. Le rouble s'est effondré lundi matin à l'ouverture des cotations, tandis que la filiale européenne de la banque russe Sberbank est en "faillite". Le prix du pétrole continue lui de bondir.

ROUBLE - Effondrement face au dollars et à l'euro

Le rouble a battu lundi des records historiques de faiblesse face au dollar et à l'euro à la Bourse de Moscou, du fait des sanctions imposées en raison de l'invasion russe de l'Ukraine.

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Dès la première seconde d'échanges, il fallait fournir 90 roubles pour obtenir un dollar lundi matin, contre 83,5 au dernier taux officiel mercredi, avant l'invasion de l'Ukraine. Par rapport à l'euro, le taux de change est passé de 93,5 à 101,19 roubles.

Il s'agissait des plafonds fixés, forçant une pause dans les échanges. A la reprise, après une cinquantaine de minutes, la chute s'est poursuivie. Le billet vert s'échangeait à 95,48 pour 1 dollar et 107,35 pour l'euro.

La Bourse de Moscou a indiqué avant son ouverture que des plafonds avaient été fixés -- 90 roubles pour un dollar et 101,19 roubles pour un euro -- au-delà desquels les échanges s'arrêteraient, une limite atteinte dès les premières secondes de la séance.

>> Le suivi minute par minute de la guerre en Ukraine : L'Ukraine va exiger un cessez-le-feu "immédiat" lors des pourparlers avec Moscou

BANQUES PRIVÉES RUSSES - Filiales européennes en détresse

La Banque centrale européenne a constaté lundi la "faillite ou faillite probable" de la filiale européenne de la banque russe Sberbank, parmi les plus grandes du pays, à cause de retraits "significatifs" des dépôts en raison du conflit en Ukraine et des sanctions décidées par les pays occidentaux.

Sberbank Europe AG, domiciliée en Autriche, et ses filiales en Croatie et en Slovénie ont "connu des sorties de dépôts significatives en raison de l'impact des tensions géopolitiques sur leur réputation", explique l'organisme de supervision bancaire de la BCE dans un communiqué, estimant que "dans un avenir proche, la banque risque de ne pas être en mesure de payer ses dettes ou autres engagements à leur échéance".

Les retraits ont entraîné une "détérioration de la liquidité" de la banque et "il n'y a aucun moyen disponible" qui confère une "chance réaliste" de renflouer les caisses de l'institution, poursuit la BCE.

Les deux plus grandes banques russes, Sberbank et VTB Bank, sont ciblées notamment depuis jeudi par de lourdes sanctions américaines, visant à largement limiter leurs transactions internationales. Les sanctions visant le système bancaire russe ont depuis été renforcées avec notamment, samedi, l'annonce de l'exclusion du système Swift de certains instituts.

BANQUE CENTRALE RUSSE - Taux directeur relevé à 20%

La banque centrale russe a annoncé lundi relever très fortement son taux directeur, de 10,5 points à 20%, pour faire face aux sévères sanctions économiques.

"Le conseil d'administration de la Banque de Russie a décidé de porter le taux directeur à 20% par an", a indiqué l'institution monétaire, citée par les agences de presse russes.

"La Banque de Russie prendra de nouvelles décisions sur le taux directeur sur la base d'une évaluation des risques liés aux conditions extérieures et intérieures et de la réponse des marchés financiers à ces risques", a-t-elle ajouté, alors qu'elle tente de défendre le rouble.

Les Etats-Unis, l'Union européenne et d'autres pays ont annoncé qu'ils excluraient certaines banques russes du système international de paiements bancaires Swift et toute transaction avec la banque centrale de Russie.

Avant les sanctions occidentales et l'invasion de l'Ukraine, l'inflation flambait déjà en Russie, obligeant la Banque centrale à relever son taux directeur à plusieurs reprises. Le taux directeur est le principal outil de lutte contre l'inflation.

PÉTROLE - Le prix du baril poursuit sa flambée

Le prix du baril de pétrole brut WTI a bondi de plus de 6% lundi et le Brent de plus de 5%, les opérateurs s'inquiétant de plus en plus d'une crise énergétique après les nouvelles sanctions occidentales à l'encontre de Moscou en raison de son invasion de l'Ukraine.

Le WTI augmentait de 6,27% à 97,33 dollars vers 04H45 GMT et le Brent de 5,24% à 103,06 dollars. "Le retrait de certaines banques russes de Swift pourrait entraîner une perturbation de l'approvisionnement en pétrole, car les acheteurs et les vendeurs essaient de voir comment s'y retrouver dans les nouvelles règles", a noté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates à Houston.

Les opérateurs suivront de près une réunion mercredi de l'Opep+, qui rassemble les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie saoudite, et leurs dix partenaires guidés par la Russie, réunion au cours de laquelle ils discuteront des plans pour une production supplémentaire.

BP chute de 7%

Le géant pétrolier britannique BP chutait de près de 7% lundi matin à la Bourse de Londres, au lendemain de l'annonce de son désengagement du géant russe Rosneft, dont il détenait jusqu'ici une participation de 19,75%, à la suite de "l'agression" de l'Ukraine par la Russie.

Peu après 09H50 GMT, l'action de BP chutait de 6,74% à 353 pence à la Bourse de Londres. De son côté Rosneft, dont une partie du capital est également coté sur le marché britannique, s'effondrait de 40,26% à 2,80 dollars.

BOURSES - Places européennes en baisse lundi

Les Bourses européennes ont clôturé en baisse lundi, mesurant le poids des sanctions économiques majeures contre la Russie, dont l'exclusion de grandes banques du système Swift.

A Paris, l'indice vedette CAC 40 a baissé de 93,60 points (-1,39%), à 6658,83 points, tandis qu'à Francfort, le Dax a perdu 0,73%.

Le SMI pour sa part a clôturé en légère hausse de 129 points à 11987 points.

Les places asiatiques se montraient plus résilientes: Tokyo a grappillé 0,19%, Shanghai 0,32%, et Hong Kong a cédé 0,24%.

asch avec agences

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Quelle est la vraie fortune de Vladimir Poutine?

Le magazine américain Forbes affirmait le mois dernier avoir passé vingt ans à tenter d'estimer les avoirs de Vladimir Poutine. Déterminer la fortune du président russe et la manière avec laquelle il l'aurait constituée serait ce qu'il y a de plus difficile dans tous les cas au monde d'estimation de patrimoine.

Forbes a dressé trois théories. La première voudrait que Vladimir Poutine ait forcé les oligarques russes à lui céder une partie de leur patrimoine. Selon le financier américain Bill Browder, qui avait dû fuir la Russie, le maître du Kremlin aurait ainsi amassé 200 milliards de dollars de fortune. Il serait ainsi l'homme le plus riche du monde, très loin devant Jeff Bezos ou Elon Musk.

Deuxième théorie: la méthode mafieuse. Poutine attribuerait à ses proches des marchés publics en échange de pots-de-vin et de participations dans les entreprises en question.

Finalement la troisième théorie est celle que Forbes appelle l'esbrouffe. Le président russe ferait croire à une immense fortune qu'il ne détiendrait en réalité pas, mais dont le mythe accentuerait son pouvoir.

>> Ecouter le sujet complet de La Matinale sur la fortune de Poutine :

Alter Eco - Où se cache le butin de Poutine ?
Alter Eco - Où se cache le butin de Poutine ? / La Matinale / 2 min. / le 28 février 2022

L'Europe se tourne vers le gaz algérien

Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio s'est rendu lundi en Algérie pour discuter avec son homologue d'une augmentation des fournitures de gaz en provenance de ce pays nord-africain pour compenser une éventuelle baisse côté russe.

"Nous discuterons du renforcement de la coopération bilatérale, en particulier pour répondre aux besoins en matière de sécurité énergétique européenne, à la lumière du conflit en Ukraine", a tweeté Luigi Di Maio peu après son arrivée à Alger.

Le géant public algérien des hydrocarbures Sonatrach s'est déclaré dimanche prêt à fournir davantage de gaz à l'Europe, en l'acheminant notamment via le gazoduc Transmed reliant l'Algérie à l'Italie.