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En Suisse, moins d'un quart des transactions se font encore en espèces

Les paiements en espèces diminuent en Suisse. [Keystone - Gaetan Bally]
Avec le Covid, la disparition de l'argent liquide dans les transactions s'accélère / La Matinale / 1 min. / le 3 janvier 2022
Les paiements en espèces sont en diminution constante. Ils ne représentent désormais plus qu'un quart des transactions en Suisse, une tendance similaire dans la plupart des pays européens et qui s'est accélérée avec la pandémie de Covid-19.

Carte de débit, carte de crédit, paiement sans contact, TWINT: les moyens de règlement sans numéraire se sont multipliés ces dernières années. Conséquence, les transactions en espèces diminuent chaque année. "La part du cash dans les transactions en Suisse est à 24% aujourd'hui. C'était plus du double il y a encore quatre ans. Et l'utilisation des paiements sans contact a triplé en cinq ans", a détaillé lundi dans La Matinale de la RTS Arthur Jurus, senior stratégiste au sein du groupe financier Oddo BHF à Genève.

Cette tendance, confirmée par une enquête menée par la Banque nationale suisse en 2020, a pour corollaires l'augmentation du nombre de cartes de paiement ‒ on en compte 18 millions au sein de la population suisse selon Arthur Jurus, soit environ deux par habitant ‒ et la baisse des retraits répertoriés dans les bancomats, de l'ordre de 23% pour 2020.

Tout bénéfice pour les banques

Les établissements bancaires répercutent cette baisse des retraits en diminuant le nombre de bancomats. On en compte par exemple, en moyenne, 10% de moins par année pour Credit Suisse. Et les banques ont tout intérêt à privilégier le paiement par carte pour deux raisons. D'une part, les distributeurs coûtent très chers à entretenir et à sécuriser. D'autre part, elles bénéficient de rentrées supplémentaires lors des transactions sans argent liquide.

Une carte de crédit ou de débit qui est émise par une banque est sans doute des centaines de fois plus rentable qu'un bancomat

Paul Coudret, ancien conseiller économique auprès de la BCV et de la BCF

"Plus vous payez par carte, plus les commissions qu'elles prennent sur chaque transaction sont multipliées. C'est beaucoup plus intéressant pour elles que de faire des transactions par bancomat. En clair, une carte de crédit ou de débit qui est émise par une banque est sans doute des centaines de fois plus rentable qu'un seul bancomat", résume Paul Coudret, ancien conseiller économique des Banques cantonales vaudoise et de Fribourg.

>> Lire aussi : Les Suisses boudent le cash au grand dam des petits commerçants

Sujet radio: Sylvie Belzer
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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Phénomène identique dans le reste de l'Europe

Ailleurs en Europe, la tendance est la même. La baisse de l'utilisation des pièces et des billets est particulièrement sensible en Belgique, aux Pays-Bas et en France, observe le spécialiste Arthur Jurus. Dans ces pays, "on a des transactions en cash qui se situent autour des 25%, ce qui est assez similaire à la Suisse". Selon lui, les dynamiques sont équivalentes, avec des transactions en espèces qui ont été divisées par deux.

Moins de 15% en Suède et en Corée du Sud

Mais il y a des cas plus extrêmes encore en Europe. "On a la Suède, qui a essayé d'éliminer le cash, mais est finalement revenue sur cette décision, parce qu'elle exclut certaines personnes", poursuit Arthur Jurus. Dans le pays scandinave, seules 14% des transactions sont effectuées aujourd'hui en espèces.

C'est toutefois hors de l'Europe qu'il faut aller pour trouver le record du plus petit pourcentage de transactions réalisées en monnaie sonnante et trébuchante: en Corée du Sud, une transaction sur dix seulement voit s'échanger des pièces ou des billets.

>> Ecouter l'interview d'Arthur Jurus dans La Matinale :

Arthur Jurus, économiste. [RTS]RTS
Les paiements en espèces sont en constante diminution: interview d'Arthur Jurus, senior stratégiste chez Oddo BHF. / La Matinale / 56 sec. / le 3 janvier 2022