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Fondations et acteurs privés ont aidé des milliers de Romands à payer leur loyer

Pendant la pandémie, des milliers de personnes en Suisse romande ont pu payer leur loyer grâce à des donations.
Pendant la pandémie, des milliers de personnes en Suisse romande ont pu payer leur loyer grâce à des donations. / 19h30 / 2 min. / le 18 mai 2021
Des milliers de foyers ont été frappés par les conséquences économiques du Covid-19 en Suisse romande, au point de ne plus pouvoir payer leur loyer. Les dons effectués par des fondations et des acteurs privés ont permis d'éviter de nombreuses situations dramatiques.

Les images des longues files d'attente pour recevoir de la nourriture ont fait prendre conscience de la précarité dans laquelle la crise actuelle a plongé certaines familles.

Mais derrière ces images se cachait également la détresse de ne plus pouvoir payer son loyer. Dans un pays qui ne pratique pas de trêve hivernale pour procéder à des expulsions, c'est la solidarité qui a permis à des milliers de foyers, issus de la classe précaire et moyenne, d'éviter le pire.

Des factures qui s'accumulent

"J'avais 30 jours pour m'acquitter d'un loyer de retard, mais aussi de 500 francs de frais. Cela représentait environ 2000 francs", raconte Christelle dans le 19h30. Après la perte d'une partie de ses revenus, la Vaudoise peine à joindre les deux bouts et tente d'expliquer la situation à sa régie, mais sans succès. C'est finalement une fondation du canton de Vaud, la Fondation USPI, qui l'a sortie de ce mauvais pas.

Plus pudique face à cette situation difficile, Marie* préfère garder l'anonymat. Pour elle, tout est allé très vite: "Avec un retard de deux mois, j'avais déjà reçu la lettre, accompagnée du nom du bureau d'étude avec qui je devais négocier. Sinon, c'était l'expulsion."

Durant plusieurs mois, Marie a tenté de s'en sortir seule, malgré une baisse de salaire et des factures qui continuaient d'arriver: "Avec les assurances maladie, il a été facile de discuter, elles m'ont accordé un délai. Mais au niveau du loyer, j'ai trouvé qu'il y avait une très grande sévérité de la part de la régie. C'est comme si ces personnes étaient très loin de notre situation. Ils nous ont fait comprendre que ce n'était pas à eux de faire du social", relate-t-elle.

3,5 millions de francs

A Genève, par exemple, la solidarité a été très importante. Des fondations discrètes comme Wilsdorf, propriétaire de Rolex, ont fait des dons permettant de dénouer 756 situations en payant jusqu'à deux ou trois loyers par foyer, pour un total de 3,5 millions de francs.

Ce sont les différents organismes d'entraide, comme la Croix-Rouge, Caritas ou le Centre social protestant (CSP), qui ont reçu ces dons, d'acteurs et de fondations privées. "La Chaîne du Bonheur a été un très gros contributeur. Ensuite, il y a eu des fondations privées et des personnes privées qui nous ont soutenus", explique Alain Bolle, directeur du CSP Genève.

Au total, les trois organisations ont pu récolter environ 4,2 millions de francs, dans le cadre du soutien aux personnes victimes du Covid. Au CSP, on estime qu'environ 70% des dons sont attribués aux paiements des loyers: "Permettre à des gens de régler leurs charges, c'est éviter le début d'une catastrophe sans fin. Parce que perdre son logement, c'est la pire des choses qui puisse vous arriver", estime Alain Bolle.

Professionnels de l'immobilier

Dans le canton de Vaud, fondations et acteurs privés ont également répondu présent durant la pandémie. Caritas et le CSP Vaud ont reçu environ 800'000 francs, notamment de la part des fondations Sandoz et Mercier. Ces dons ont contribué au paiement du loyer de 900 ménages.

Des milieux immobiliers du canton, à travers la Fondation de l'Union suisse des professionnels de l'immobilier (USPI), ont également entrepris une initiative, bien que l'aide soit encore modeste. Créée il y a une dizaine d'années, la fondation a aidé environ 90 familles pour 250'000 francs depuis ses débuts. Mais seules cinq familles ont bénéficié d'une aide durant la pandémie: "Le bilan est positif, car nous avons aidé. Aussi minime soit-elle, une aide est bonne à prendre. Mais effectivement, ce n'est pas assez", reconnaît Olivier Peyrot, vice-président de l'USPI. Selon lui, la Fondation pourrait en faire davantage, mais elle peine à se faire connaître.

Outre les fondations, de nombreux particuliers ont également effectué des dons, pouvant s'élever parfois à plus de 100'000 francs, en toute discrétion.

*Nom connu de la rédaction

Philippe Lugassy, Feriel Mestiri

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