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Les multinationales pourraient-elles faire pression, après le coup d'Etat en Birmanie?

Face aux militaires birmans, auteurs d’un coup d’état il y’a quelques jours en Birmanie, la communauté internationale a haussé le ton. [AFP - SAI AUNG MAIN]
Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies se penchera vendredi sur la situation en Birmanie / La Matinale / 1 min. / le 11 février 2021
La communauté internationale a haussé le ton face aux militaires birmans, auteurs du coup d’Etat il y a quelques jours. Et alors que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU se réunit vendredi, le levier pourrait être surtout économique dans ce pays qui regorge d’or, de cuivre et de pétrole.

Avec Aung San Suu Kyi, la Birmanie était redevenue fréquentable, attirant à la fois les multinationales asiatiques et occidentales. Cette nouvelle manne financière a certes profité au pays, aux Birmans, mais elle a surtout bénéficié à l’armée.

>> Relire : L'armée birmane a mené un raid nocturne au siège du parti d'Aung San Suu Kyi

De nombreuses sociétés étrangères traitent indirectement avec le Myanmar Economic Holdings (MEHL), un conglomérat contrôlé par l'armée birmane et le général Hlaing, à la tête du coup d’Etat. "Ces entreprises internationales contribuent à financer l’armée du Myanmar, qui tirent d’énormes dividendes du MEHL", explique Danièle Gosteli Hauser, responsable économie et droits humains chez Amnesty International, jeudi dans La Matinale.

Les multinationales sous pression

Avec le putsch, qui s'ajoute à la crise des Rohingyas, les multinationales sont sous pression pour se retirer du pays. "LafargeHolcim a décidé de liquider sa filiale au Myanmar. Il y a un levier pour ces larges multinationales, mais il ne faut pas oublier qu’il y a pléthore d’entreprises intéressées par ce pays qui regorge de matières premières", ajoute Danièle Gosteli Hauser.

Selon elle, ces sociétés "doivent faire ce devoir de diligence et éviter d’être impliquées dans des collaborations avec des entreprises liées aux militaires". 

"Coup dur à l'économie"

Se retirer serait donc un instrument de taille, une sanction directe pour le pouvoir, mais qui ne serait pas sans conséquences. "Il est certain qu'un retrait de ces investisseurs porterait un coup très dur à l’économie birmane. Et les Birmans seraient les premiers à en souffrir", analyse Françoise Nicolas, docteure en économie et directrice du centre Asie à l’Institut français des relations internationales

Le départ des entreprises étrangères risquerait également de précipiter encore un peu plus le pays dans les bras de la Chine, qui n'a pas critiqué le coup d'Etat militaire.

Céline Tzaud/vajo

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Joe Biden annonce des sanctions contre les responsables militaires

"Aujourd'hui, j'appelle une nouvelle fois l'armée birmane à libérer immédiatement tous les dirigeants politiques élus démocratiquement, dont Aung San Suu Kyi", a lancé Joe Biden dans une brève allocution depuis la Maison Blanche.

"L'armée doit rendre le pouvoir", a-t-il martelé, annonçant le rétablissement de sanctions après la levée progressive de ces dernières au cours de la décennie écoulée suite à la libération d'Aung San Suu Kyi en 2010 et à un début de démocratisation.

Annonçant voir signé un décret permettant de sanctionner "immédiatement" les responsables militaires qui ont organisé le coup d'Etat du 1er février, ainsi que leur famille proche, il a précisé qu'une première série de cibles seraient identifiées cette semaine.

Le nouveau locataire de la Maison Blanche a aussi annoncé le gel des avoirs américains qui bénéficient aux généraux, tout en maintenant l'aide dans le domaine de la santé et tout "ce qui bénéficie directement au peuple birman". (ats)