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Quel vaccin choisir pour se protéger du Covid-19? Avantages et inconvénients

Différents vaccins seront proposés, mais pourra-t-on choisir celui que l'on veut se faire inoculer?
Différents vaccins seront proposés, mais pourra-t-on choisir celui que l'on veut se faire inoculer? / 19h30 / 2 min. / le 8 janvier 2021
La campagne de vaccination a commencé en Suisse avec le vaccin de Pfizer pour les personnes les plus à risque. Le reste de la population doit attendre encore l'arrivée de davantage de doses et de vaccins. Lequel doit-on choisir le moment venu? Et surtout aura-t-on le choix du produit?

La vaccination a commencé en Suisse avec le vaccin développé par Pfizer-BioNTech, le seul disponible actuellement. Mais d'autres vaccins devraient arriver, à commencer par celui développé par Moderna, qui a reçu cette semaine l'autorisation de commercialisation de l'Union européenne et dont l'approbation est attendue ces prochains jours en Suisse.

Pour rappel, la Confédération a pré-commandé quelque 13 millions de doses auprès de trois fabricants: Pfizer (3 millions de doses), Moderna (4,5 millions) et AstraZeneca (5,3 millions).

Interrogée par le 19h30 de la RTS, Virginie Masserey, cheffe de la section Contrôle de l'infection et programme de vaccination à l'Office fédéral de la santé publique, affirme que la Confédération continue à négocier avec d'autres firmes pour être sûre de disposer de suffisamment de vaccins, y compris sur la durée.

Ne pas attendre d'avoir le choix

Dans un premier temps, les personnes qui se font vacciner n'ont pas le luxe de choisir leur produit. La campagne actuelle vise les personnes vulnérables et les besoins dépassent très largement l'offre, qui est limitée actuellement au seul vaccin Pfizer.

Pour Alessandro Diana, expert à Infovac, il ne sert à rien d'attendre d'avoir le choix pour se faire vacciner: "Je ne pense pas qu'il y a un intérêt à choisir. Il y a plutôt un intérêt, pour les personnes à risque, d'avoir le vaccin à disposition, parce que [pour elles] le danger est là".

Pour le grand public, le choix d'un vaccin n'a pas un intérêt capital, estime le pédiatre genevois. "Lorsqu'on regarde l'une ou l'autre de ces technologies vaccinales, qui passent par des études d'efficacité et de sécurité, je crois qu'elles se valent."

Deux technologies différentes

Les données issues des tests cliniques montrent effectivement un niveau d'efficacité et de sécurité élevé pour les trois vaccins. Mais quelques différences subsistent.

Les vaccins Moderna et Pfizer utilisent tous deux la technologie ARN Messager, basée sur la protéine Spike du coronavirus SARS-CoV-2. "L'ARN Messager est un code, qui va instruire notre cellule pour fabriquer la protéine S. C'est elle qui va nous donner l'immunité. Ce code ne rentre jamais dans le noyau. Il reste dans le cytoplasme, qui est comme le blanc d'un oeuf. Puis le code ARNm est détruit en 48 heures", explique Alessandro Diana.

Le vaccin AstraZeneca est un vaccin à vecteur viral. Il prend comme support un autre virus désactivé (un adénovirus de chimpanzé) qui a été transformé et adapté pour combattre le Covid-19. "Le matériel génétique de ce virus modifié va dans notre noyau, dans le jaune d'oeuf, et c'est donc ce bout d'ADN qui va ensuite transcrire le code messager, qui est l'ARN", poursuit l'expert de la plateforme d'information sur les vaccins.

Pfizer légèrement plus efficace

Les trois vaccins ont été testés sur plusieurs dizaines de milliers de personnes. Moderna n'a mené ses études qu'aux États-Unis sur 30'420 volontaires, tandis que 43'548 personnes dans six pays ont testé le vaccin de Pfizer. AstraZeneca a fait appel à 11'636 volontaires au Royaume-Uni et au Brésil. Dans chaque étude, la moitié des volontaires ont reçu un placebo.

Les trois vaccins affichent une efficacité solide: 94,1% pour Moderna, avec une légère diminution chez les plus de 65 ans (86,4%), tandis que Pfizer semble plus stable pour les seniors (95% d'efficacité globale et 94,7% chez les plus de 65 ans).

Dans les résultats intermédiaires d'essais cliniques, le britannique AstraZeneca avait annoncé en novembre une efficacité moyenne de 70%. Cette moyenne cache un grand écart entre deux protocoles utilisés durant l'étude: l'efficacité est de 90% pour les volontaires qui ont d’abord reçu une demi-dose, puis une dose complète un mois plus tard, mais de seulement de 62% pour un autre groupe vacciné avec deux doses complètes. L'injection d'une demi-dose était due à une erreur et seul un groupe réduit de 1367 personnes avait suivi ce protocole. Le laboratoire a donc annoncé la tenue d'une étude supplémentaire pour vérifier ce résultat.

Pour Alessandro Dana, ces résultats sont "bluffants". "Avant [la publication des résultats], on se serait contenté d'efficacité beaucoup plus basse. On pensait que si le vaccin avait ne serait-ce que 60 ou 70% d'efficacité, il allait pouvoir faire la différence, parce que c'est une pandémie. Et là, le fait d'avoir des vaccins qui ont une efficacité à plus que 90%, on est vraiment bluffés".

Très peu d'effets secondaires

Pour ce qui est de la sécurité, ces trois vaccins comportent des effets secondaires légers: douleur localisée au point d'injection, maux de tête et douleurs musculaires, qui disparaissent en moyenne après deux ou trois jours.

Aucune réaction grave n'a été recensée dans les études de Pfizer et Moderna. AstraZeneca en revanche a relevé un cas d'effet indésirable grave, à savoir une paralysie transitoire des membres inférieurs, "susceptible d'être liée" à cette injection, selon les données publiées dans The Lancet.  Elle avait engendré la suspension des essais cliniques en septembre.

Choix défini par la disponibilité et la logistique

Lorsque la vaccination de l'ensemble de la population débutera, probablement au printemps prochain, l'offre disponible sera plus étoffée. Mais rien ne dit que le citoyen pourra choisir: "On part du principe que les vaccins seront équivalents en termes d'efficacité et de sécurité, donc c'est plutôt la disponibilité du vaccin qui sera déterminante et le citoyen n'aura pas besoin de choisir. Par contre, s'il y a des différences, la Commission fédérale de vaccination fera des recommandations, par exemple pour quel groupe d'âge un vaccin est plus approprié. A ce moment-là, ce sont les médecins qui vont suivre les recommandations", note Virginie Masserey.

Sans contre-indication, il est donc peu probable que le patient puisse un jour demander à son médecin de lui injecter un vaccin plutôt qu'un autre. Qui choisira donc pour lui? "Le choix viendra peut-être du médecin, ou peut-être du canton. C'est comme pour tous les autres vaccins finalement. Quand on veut se faire vacciner contre la grippe, on ne choisit pas quel vaccin, on se fait vacciner avec celui dont dispose le médecin", compare la membre de la task force coronavirus.

De son côté, Alessandro Diana met aussi en avant les spécificités de chaque vaccin: "Est-ce qu'il peut se garder dans le frigo d'un médecin traitant? Est ce que ce vaccin doit être conservé à -80 degrés? Il y a tout un aspect logistique qui va faire qu'un vaccin va plutôt être déployé dans un centre, et un autre dans une pharmacie ou chez le médecin traitant", conclut Alessandro Diana.

De ce point de vue, le vaccin AstraZeneca a l'avantage d'être peu cher et facile à stocker. Il peut être conservé à la température d'un réfrigérateur (entre 2 et 8 degrés), contrairement aux vaccins de Moderna (-20°C) et de Pfizer (-70°C), de quoi favoriser une vaccination à grande échelle.

Feriel Mestiri avec Gabriel de Weck

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