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Charbon et pétrole toujours prisés par la place financière helvétique

Le marché financier suisse agit à l'encontre des objectifs climatiques selon un rapport de l'Office fédéral de l'environnement
Le marché financier suisse agit à l'encontre des objectifs climatiques selon un rapport de l'Office fédéral de l'environnement / 19h30 / 2 min. / le 9 novembre 2020
La place financière suisse mise encore beaucoup sur des matières dangereuses pour le climat, démontre un rapport de l'Office fédéral de l'environnement publié lundi. Les investissements dans la production de pétrole et de charbon restent massifs.

A l'initiative de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), les acteurs du marché financier suisse ont fait analyser la compatibilité climatique de leurs portefeuilles sur une base volontaire.

Banques, gestionnaires de fortunes, caisses de pension ou encore assurances: au total, 179 établissements ont pris part au test de compatibilité climatique PACTA, soit deux fois plus que lors du premier test effectué en 2017.

Charbon et pétrole

Huit participants sur dix détiennent dans leurs portefeuilles des titres d’entreprises extractrices de charbon. Ils soutiennent ainsi la production internationale de charbon et de pétrole, ce qui va à l’encontre des objectifs climatiques internationaux, relève l'OFEV.

Dans l’ensemble, la place financière suisse investit aujourd’hui quatre fois plus de moyens dans des entreprises produisant de l’électricité à partir de sources fossiles comme le charbon ou le gaz que dans celles en produisant à partir de sources renouvelables.

Un tiers des sondés tiennent compte des objectifs de leurs clients en matière de climat et de durabilité. Mais plus de la moitié des établissements affirmant exclure le charbon de leurs investissements détiennent encore des actions et des obligations d’entreprises extrayant l'agent fossile ou produisant de l’électricité à partir de celui-ci.

Portefeuille immobilier aussi en cause

Les détenteurs de portefeuilles immobiliers peuvent avoir une influence majeure sur la réduction directe des émissions. Pourtant, 70% des biens immobiliers des investisseurs institutionnels sont encore chauffés au mazout ou au gaz. Dans le cas des portefeuilles hypothécaires, ce chiffre avoisine les 80%

Les caisses de pension prévoient actuellement de passer des combustibles fossiles aux systèmes de chauffage basés sur les énergies renouvelables dans 30% de leurs bâtiments. Par contre, les autres acteurs du secteur financier ont fait état de telles mesures seulement dans 1% à 2% de leurs biens.

Progrès insuffisants

Si des progrès ont été réalisés, ils ne suffisent pas pour que la Suisse joue un rôle de leader dans le domaine des flux financiers durables. Le secteur financier n'est pas toujours en ligne avec les objectifs de l'Accord de Paris, qui visent une baisse drastique des émissions de CO2 et un recours aux énergies renouvelables et aux technologies alternatives durables.

A noter que les résultats de ces tests sont anomymes. Mais lundi, des parlementaires tous les partis ont publié  une lettre ouverte pour demander aux établissements financiers sondés de publier leurs résultats.

>> Interview de Philippe Miauton, secrétaire général de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie (CVCI), dans le 12h30 :

La Pologne est dépendante à 80% du charbon dans sa production d'électricité.
La place financière suisse mise encore beaucoup sur des matières dangereuses pour le climat, selon l’OFEV / Le 12h30 / 2 min. / le 9 novembre 2020

cab avec ats

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Greenpeace et le WWF demandent des mesures contraignantes

Le secteur financier suisse alimente la crise climatique, dénoncent Greenpeace et le WWF lundi après la publication des résultats du test. Les deux organisations demandent des mesures politiques pour contraindre les établissements financiers à des investissements durables.

Les résultats du test de compatibilité montrent que les banques et les assurances continuent d'alimenter le réchauffement climatique, a réagi Greenpeace dans un communiqué. Les inciter à réduire leurs émissions sur une base volontaire ne suffit plus.

Il est inacceptable que les banques, les assurances, les caisses de pension et les gestionnaires d'actifs ne prennent pas leur responsabilité, renchérit le WWF. Des mesures politiques doivent être prises au plus vite pour contraindre le secteur financier à rendre ses investissements plus respectueux du climat, estiment les deux organisations.