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Les actionnaires veulent déjà rendre les entreprises suisses plus responsables

Une affiche en faveur de l'initiative "pour des entreprises responsables". [Keystone - Jean-Christophe Bott]
L'initiative pour des entreprises responsables est-elle superflue? / La Matinale / 1 min. / le 26 octobre 2020
Alors que l'initiative "pour des entreprises responsables" est soumise au vote le 29 novembre prochain, aujourd'hui déjà, les entreprises sont confrontées à une pression grandissante de leurs actionnaires pour être respectueuses des droits humains et de l'environnement.

Les actionnaires des sociétés suisses sont sensibles aux questions soulevées par l'initiative. Et cela, parce qu'on a affaire à des investisseurs institutionnels – notamment des caisses de pension – davantage qu'à des fonds spéculatifs. C'est l'avis de Jean-Luc Chenaux, avocat et professeur à l'Université de Lausanne. Pour ce spécialiste du droit des sociétés, les investisseurs institutionnels veulent comprendre les risques, auxquels les entreprises sont exposées. D'où cette pression pour qu'elles respectent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

"Je pense que le changement viendra, et est déjà en route si j'ose dire, puisqu'il y a un activisme croissant des investisseurs institutionnels", souligne le professeur. "Donc à mon sens, l'évolution est inéluctable, elle va dans le même sens que l'initiative, mais c'est le chemin qui diffère de celui de l'initiative."

La sanction du marché ne suffit pas

Avec l'initiative, les entreprises s'exposent à des sanctions judiciaires. Sans, ce sera éventuellement la sanction du marché. Et cela ne suffit pas toujours, selon Vincent Kaufmann, directeur de la fondation Ethos pour l'investissement responsable.

"Sur les questions climatiques, les sociétés qui tardent aujourd'hui à aligner leur modèle d'affaires aux objectifs de Paris ont tendance à être sanctionnées par les investisseurs", explique le directeur d'Ethos. "Au niveau social, on n'a pas encore cette tendance, c'est certainement dû au fait que les législations, dans ce domaine-là, commencent seulement à venir, et du coup, il y a moins de sanctions financières sur les questions de violation potentiellement des droits humains dans les chaînes d'approvisionnement."

Vincent Kaufmann estime que les investisseurs sont trop cléments, notamment, avec les entreprises du secteur minier. Il votera oui à l'initiative, donc à un mécanisme contraignant. Même si, à son avis, la majorité des entreprises cotées en Suisse respectent déjà le texte.

Guillaume Meyer/ebz

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