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Le prix des masques devrait baisser dans les commerces suisses

Enquête sur le prix du masque de protection.
Enquête sur le prix du masque de protection. / 19h30 / 2 min. / le 14 août 2020
Après avoir atteint des records en raison de la pénurie, le prix des masques chute. Les producteurs chinois ont divisé leur prix par cinq en quelques semaines. Le mouvement de baisse dans le commerce de détail devrait s'amplifier.

Désormais obligatoires dans les transports publics et dans les commerces de certains cantons, les masques faciaux constituent une nouvelle dépense pour les ménages suisses alors que leur prix a explosé face à la demande.

Des masques proposés la semaine dernière dans une Coop genevoise à un prix dix fois plus élevé que celui du producteur.
Des masques proposés la semaine dernière dans une Coop genevoise à un prix dix fois plus élevé que celui du producteur.

La semaine dernière encore, des magasins Coop ont mis en avant des paquets de dix masques. Prix affiché: 14.95.

Retrouvé par la RTS, le fournisseur chinois de la chaîne suisse offre aujourd'hui ce même sachet à moins de 1.50, livraison en Suisse par avion incluse.

Cet écart de prix extrême illustre les chocs subis par ce marché, passé de la pénurie à la suroffre en quelques mois.

De 1 franc à 40 centimes pièce

D'abord introuvables au pire de la crise du coronavirus, des masques chirurgicaux acquis au prix fort par l'armée ont commencé à être proposés par de grands distributeurs fin avril à prix coûtant avec des boîtes de 20 pièces à 20 francs.

Puis sont arrivées les premières commandes passées auprès des producteurs asiatiques, la machine industrielle chinoise s'étant mise à tourner à plein régime pour satisfaire la demande mondiale.

Les boîtes de 50 pièces, vendues dans un premier temps 40 francs dans les principaux supermarchés de Suisse, se retrouvent actuellement sur les rayons autour de 20 francs pour les meilleures marché. Soit 40 centimes l'unité, un prix toujours quatre fois plus élevé qu'avant la crise.

A ce niveau, le budget mensuel d'une famille de quatre qui utilise 8 protections par jour s'élève à près de 100 francs.

Des prix de gros qui s'effondrent

Bien que ni la Coop ni la Migros ne veuillent s'avancer sur les prix futurs en évoquant une forte volatilité, le marché des grossistes chinois fait actuellement face à un effondrement.

Directeur de la logistique hospitalière du CHUV, Pierre-Yves Müller a constaté cette évolution et n'envisage pas de hausse "à moins d'une très forte et soudaine seconde vague".

"Lors de notre dernière commande le 12 août, nous avons payé 8 centimes la pièce", confie-t-il. Soit un prix cinq fois plus bas que les meilleures offres retrouvées actuellement sur les étalages.

Les principaux distributeurs en Suisse justifient cet écart en expliquant que le prix de vente se base sur le prix d'achat, parfois effectué plusieurs semaines avant l'arrivée du produit dans les succursales. Mais aucun ne communique sur la question des marges, toujours taboue. Migros évoque toutefois des marges "ridiculement basses".

Avec la variation des prix et l'espacement entre l'achat et la mise sur le marché, difficile de connaître les gains réellement encaissés. Dans l'exemple particulièrement onéreux de la Coop, la livraison remontait ainsi à la mi-mai. Une chose reste certaine, les masques sont traités comme n'importe quel autre produit par la grande distribution.

Une adaptation plus lente à la baisse

En général, "on entend souvent que les grands distributeurs Migros et Coop ajoutent une marge de 30-40% sur leur assortiment", explique Robin Eymann, responsable de ce dossier auprès de la Fédération romande des consommateurs (FRC).

Un autre problème constaté est l'adaptation des prix plus rapides à la hausse qu'à la baisse lorsque le prix de gros est volatile. "Il est courant de voir les prix de certains produits augmenter plus rapidement qu’ils ne baissent ensuite", souligne Robin Eymann. Comme c'est le cas actuellement pour les masques.

Le seul moteur de la baisse dans les commerces suisses semble être l'offre de la concurrence. Lorsqu'un distributeur baisse ses prix, les autres suivent quasi-immédiatement, oubliant leurs justifications sur le prix d'achat et autres variables.

Les hard-discounters ont souvent joué ce rôle ces derniers mois. Lidl vient d'ailleurs d'annoncer une action spéciale, ramenant le prix de la boîte de 50 masques à 15 francs. Qui suivra?

Marc Renfer

Sujet TV: Julie Conti

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Fabricants chinois en crise

Les fabricants de masques chinois luttent pour leur survie sur un marché devenu ultra concurrentiel et qui n'est plus synonyme de poule aux oeufs d'or.

Premier pays touché par le nouveau coronavirus, la Chine s'est rapidement imposée comme le principal fabricant de masques au monde. Entre mars et mai, le géant asiatique a exporté plus de 50 milliards de masques, selon les derniers chiffres des douanes chinoises.

Des centaines d'entreprises se sont lancées en début d'année dans une course effrénée à la fabrication de masques, au moment où les besoins de protection contre le virus explosaient aux quatre coins de la planète et que les prix s'envolaient.

Mais le vent a tourné, même si le port du masque ne semble pas près de disparaître. "Il y a trop de petits producteurs non qualifiés et cela a entraîné un effondrement des prix", relève pour l'AFP un analyste de la banque d'affaires BOCI.

mre avec l'AFP