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Aucun candidat de l'Union européenne pour reprendre la direction de l'OMC

Le siège de l'Organisation Mondiale du Commerce, à Genève. [Reuters - Denis Balibouse]
Pas de candidat européen pour la présidence de l'Organisation mondiale du comme / La Matinale / 1 min. / le 8 juillet 2020
Six candidats sont en lice dans la course à la tête de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Attaquée par les Etats-Unis, l'institution est en proie à d'énormes défis, en pleine crise économique mondiale. Le dépôt des candidatures s’achève aujourd’hui.

Le commissaire européen au commerce, Phil Hogan, était sur les rangs pour succéder au Brésilien Roberto Azevedo, à la tête de l'institution depuis 2013. Mais l’Irlandais a jeté l’éponge la semaine dernière. A-t-il reculé devant l’obstacle, à l’heure où l’OMC joue sa survie face aux assauts de Donald Trump?

L’économiste André Sapir estime que non. Pour ce professeur à l’Université libre de Bruxelles, les Européens se sont rendu compte qu’ils ne sont pas plus à même de créer le consensus que les Etats-Unis ou la Chine. Il manque à ces trois grands blocs commerciaux, une apparence de neutralité. "Je pense que l’Union européenne a voulu éviter qu’il y ait cette division et cette bagarre", relève l'économiste. "Précisément parce qu’elle est attachée à l’institution, et qu'elle est plus attachée à l’institution qu’à la personne qui va la diriger, et en tout cas à sa nationalité".

Trois Africains sélectionnés

L’OMC sera-t-elle, pour la première fois, dirigée par un Africain? Pour André Sapir, ce pourrait être une solution de compromis. L'Union africaine, prise de court par le départ précipité de Roberto Azevedo, a officiellement sélectionné trois noms.

Parmi eux, l'Egyptien Hamid Mamdouh, âgé de 67 ans, ancien haut fonctionnaire de l'OMC et également détenteur de la nationalité suisse. Le Nigeria a présenté Ngozi Okonjo-Iweala (66 ans) mais la décision fait l'objet d'un différend juridique avec l'Union africaine.

La ministre kényane des sports, du patrimoine et de la culture Amina Mohamed a annoncé mardi soir sa candidature à quelques heures du délai requis.

Grande connaisseuse de l'OMC dont elle a présidé les trois organes les plus importants par le passé, la responsable de 58 ans a également été à la tête de la diplomatie kényane jusqu'en 2018. Depuis longtemps mentionnée parmi les candidats possibles, elle aura attendu presque jusqu'à la fin du délai prévu par l'organisation, ce mercredi en début de soirée.

Parler les yeux dans les yeux aux chefs d'Etat

André Sapir estime qu'au-delà de la question de l'origine du nouveau directeur, le plus important est qu'il dispose de l’autorité nécessaire pour parler, les yeux dans les yeux, aux chefs d’Etat et de gouvernement.

"Ici, on parle vraiment d’une bifurcation, de la survie de l’OMC. Il y a une divergence profonde des points de vues entre la Chine et les Etats-Unis, en particulier sur le commerce", relève l'économiste. "Il faudra donc que ce directeur général puisse parler à des présidents. Nous sommes aujourd’hui dans une phase beaucoup plus compliquée que ce que les ministres du commerce peuvent résoudre entre eux."

Cette nomination à la succession de Roberto Azevedo risque en tout cas de prendre du temps. L’OMC veut clore le processus en septembre. Mais le non-candidat européen Phil Hogan s’attend, lui, à une période d’incertitude bien plus longue.

Guillaume Meyer/yor

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Défis de taille à venir

En plein marasme économique mondial causé par la pandémie de Covid-19, plusieurs chantiers de taille attendent le futur patron de l'OMC: préparer la conférence ministérielle de 2021, donner un coup de fouet aux négociations qui piétinent, et surtout tenter de rétablir les relations au plus bas avec les Etats-Unis.

Washington a menacé de quitter l'OMC, qu'il qualifie de "gâchis", et paralyse depuis décembre le tribunal d'appel de l'organe de règlement des différends (ORD) de l'OMC. Les Etats-Unis, qui s'estiment traités "inéquitablement" par le gendarme du commerce mondial, réclament sa refonte, ainsi que le retrait de la Chine de la liste des pays en développement.