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La plateforme Qoqa fait appel contre l'interdiction du travail de nuit

QoQa: un vol privatisé en montgolfière QoQa avec fondue à bord.
La plateforme Qoqa fait recours contre l'interdiction du travail de nuit / La Matinale / 2 min. / le 3 juillet 2020
Le droit du travail est-il inadapté aux entreprises actives dans le e-commerce? Tel est l'avis du créateur de la plateforme de vente en ligne Qoqa.ch Pascal Meyer, qui fait recours contre une interdiction pour travail de nuit.

Basée dans le canton de Vaud, Qoqa met en ligne des offres à minuit pile durant la semaine, ainsi que les week-ends. Elle a donc demandé une autorisation pour du travail de nuit au Secrétariat d'Etat à l'Economie, qui l'a refusée. Cette décision a été confirmée récemment par le Tribunal administratif fédéral (TAF). Mais Qoqa ne compte pas s'arrêter là et a fait appel, a appris la RTS. Ce sera donc au Tribunal fédéral de trancher.

Depuis des années, publier des offres à minuit est la signature de Qoqa. Un employé y veille et anime les forums de discussion. Mais pour l'administration fédérale, l'argument ne tient pas. L'entreprise n'a qu'à publier ses offres à un autre moment.

Nouveaux besoins

Selon Qoqa, cette position est en décalage avec les besoins des entreprise de la nouvelle économie. "La question est: est-ce que des sociétés actives dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication peuvent, de manière mesurée et à certaines conditions, travailler la nuit et le dimanche", indique l'avocat de Qoqa Maxime Chollet.

Et si les lignes ne bougent pas, ces entreprises pourraient aller voir ailleurs, selon l'avocat. "Un des risques est de mettre en place un système qui contourne la loi sur le travail, en passant par des prestataires extérieurs, ou en délocalisant une partie des activités de l'entreprise à l'international. Ce n'est pas l'idée de Qoqa aujourd'hui, on trouvera des solutions au cas où le Tribunal fédéral devait confirmer la décision du TAF. Mais c'est un risque qui existe", affirme Maxime Chollet.

Responsabilité sociale

Le SECO est-il trop dogmatique? Au contraire, répond Arnaud Bouverat, secrétaire syndical chez Unia. Le travail de nuit doit rester l'exception. L'attitude de Qoqa n'est pas correcte.

"Un acteur comme Qoqa doit aussi faire attention à assumer une responsabilité sociale. La fuite en avant en recourant au Tribunal fédéral est très problématique, alors que c'est un acteur qui pourrait jouer dans l'intérêt d'une économie plus durable, plus localisée, tout en utilisant des outils modernes de communication."

Sur une base volontaire

De son côté Qoqa espère que son combat fera bouger les lignes au niveau politique. "On ne force pas nos employés à travailler de nuit", affirme Pascal Meyer, patron et fondateur de l'entreprise, au micro de La Matinale vendredi. Le travail se fait sur base de volontariat, la moyenne d'âge des employés est de 27 ans et ils ont des compensations, fait savoir le responsable.

Mais pour Pascal Meyer, le problème est dans "l'aberration" de la décision du SECO: "On demande juste une rallonge de 30 minutes, qu'on nous refuse, alors que d'autres grandes entreprises obtiennent des dérogations beaucoup plus importantes."

Mais peu importe la décision finale du Tribunal fédéral, Qoqa s'adaptera. "Si on doit le faire, on le fera, on se mettra toujours en conformité. C'est plutôt pour la suite de la digitalisation d'autres entrepreneurs que ce serait important", souligne Pascal Meyer, qui exclut pour sa part de délocaliser ses emplois à l'étranger, "comme tant d'autres le font". "Ce n'est pas du tout ce qu'on veut", admet celui qui a réussi à se forger une réputation dans le soutien aux commerces de proximité durant pandémie (lire encadré).

>> L'interview de Pascal Meyer dans La Matinale :

L'invité - Pascal Meyer, créateur du site de vente en ligne Qoqa.ch
L'invité de La Matinale – Pascal Meyer, fondateur et patron de QoQa / L'invité-e de La Matinale / 10 min. / le 3 juillet 2020

Romain Bardet/kkub

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Devoir de solidarité

La plateforme Qoqa a enregistré une progression de 50% du chiffre d'affaires au plus fort de la crise sanitaire, a fait savoir Pascal Meyer. "C'est énorme. On se doit d'aider", affirme le responsable.

Au moment de la mise sur pied de la plateforme Direqt - qui met en avant les producteurs et prestataires locaux - "il y avait la volonté de redonner une partie de ce qu'on a gagné pour aider à la digitalisation des commerçants", explique Pascal Meyer. Le partenariat avec l'Etat de Vaud - avec la plateforme Welqome qui doit offrir des rabais aux clients et une plus-value aux partenaires de l'opération - participe du même élan de solidarité, explique-t-il.