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Dans un secteur de l'aviation en crise, une partie des pilotes est menacée

Les pilotes de ligne risquent de perdre leur licence de vol faute de mouvements aériens. C'est toute une profession en danger.
Les pilotes de ligne risquent de perdre leur licence de vol faute de mouvements aériens. C'est toute une profession en danger. / 19h30 / 2 min. / le 24 avril 2020
Le secteur aérien est à l'arrêt et les avions sont cloués au sol par l'épidémie, provoquant des pertes astronomiques, des faillites et des licenciements. A cela s'ajoute l'impossibilité de pratiquer pour les pilotes de lignes, qui risquent de perdre leur licence, menaçant une grande partie de la profession.

Près de 300'000 pilotes de ligne sont enregistrés dans le monde. En Suisse, ils sont 2437, selon les chiffres de l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC).

Si la situation perdure, une partie d'entre eux arriveront inévitablement au bout de la validité de leur licence professionnelle. Selon le règlement, les pilotes de ligne qui n'effectuent pas un minimum de trois décollages et trois atterrissages sur les 3 derniers mois, voient leur licence suspendue. Remplacer cet exercice par des simulateurs de vol n'est pas non plus possible, en raison d'un espace trop restreint ne permettant pas de respecter les distances sociales.

Délai prolongé

Confiné chez lui, Marc Vionnet est dans l'expectative. Cela fait plusieurs semaines qu'il n'a plus pris les commandes d'un avion. "Ma licence reste suspendue jusqu'à ce que j'aie l'occasion de retourner au simulateur et de pouvoir faire les exercices qui me permettront de réactiver ma licence", espère le commandant de bord.

Face à cette problématique, l'OFAC, comme l'ensemble de l'aviation européenne, a décidé d'assouplir temporairement les mesures de renouvellement des licences. Les délais ont été prolongés de 4 mois, affirme Antonello Laveglia, porte-parole de l'OFAC: "Nous attendons de voir comment la situation va évoluer par la suite".

Faillite des compagnies aériennes

Mais l'incertitude sur le temps de prolongation des licences n'est pas le seul facteur qui inquiète les pilotes. Le risque est structurel et dépasse le seul commandant de bord. Le Covid-19 fait trembler tout le secteur, avec des avions cloués au sol depuis plusieurs semaines. L'aviation traverse une crise sans précédent.

L'association internationale du transport aérien (IATA) parle d'une perte de 314 milliards de dollars en 2020 et prévoit de nombreux licenciements, tandis que la liste des compagnies en faillite ne cesse de s'allonger.

Les dernières en date sont des compagnies low cost, comme Virgin Australia, qui s'est déclarée en cessation de paiement. Au Royaume-Uni, Flybe a cessé ses activités, tout comme Germanwings, filiale de Lufthansa.

Aides étatiques

Lufthansa, maison-mère de Swiss, a déclaré au début du mois perdre un million de francs par heure en raison du coronavirus et prévoit un plan de restructuration menaçant 7000 emplois. Ce plus grand groupe aérien européen a affirmé jeudi être en discussions avec les gouvernements d'Allemagne, d'Autriche, de Belgique et de Suisse, où il est implanté, afin d'obtenir des aides financières pour ses compagnies Brussels Airlines, Austrian Airlines et Swiss. Elle espère ainsi finaliser la semaine prochaine un plan de sauvetage à 10 milliards d'euros.

Norwegian Air, qui était au bord de la faillite, pourrait être sauvée. Le parlement norvégien a voté cet après-midi une loi permettant un soutien économique. Alitalia, poussée à la faillite par la crise, sera elle sauvée par une nationalisation. Le gouvernement italien prendra le contrôle total en juin.

Des paris optimistes

Reste enfin les compagnies low cost fortes en liquidités comme Easyjet, qui table sur un redémarrage d'ici deux semaines et vend déjà des billets. Certains vols affichent même complet au départ de Genève le mois prochain.

L'irlandaise Ryanair, plus prudente, fait des ventes flash pour le mois de septembre.

Un pari audacieux quand on sait que le modèle low cost consiste à rentabiliser au maximum l'espace dans les avions alors que l'on met en place aujourd'hui des distances de sécurité sanitaire à bord en laissant libre par exemple le siège du milieu.

Estelle Braconnier et Feriel Mestiri

Estelle Braconnier "Le secteur aérien accuse désormais de vraies pertes dues au covid-19, notamment de nombreuses faillites."
Estelle Braconnier "Le secteur aérien accuse désormais de vraies pertes dues au covid-19, notamment de nombreuses faillites." / 19h30 / 1 min. / le 24 avril 2020

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