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Le marché des tests sérologiques en plein essor avant le déconfinement

Une vive concurrence se développe sur le marché des tests virologiques. [Keystone - Gaëtan Bally]
Un marché des tests sérologiques est en train de naître, interview d'Yves Gisiger / Forum / 7 min. / le 15 avril 2020
L'un des enjeux du déconfinement sera de savoir quelle part de la population est immunisée contre le coronavirus, à l'aide de tests sérologiques. Un véritable marché est en train de naître autour de ces analyses médicales, montre l'enquête de la RTS.

Il y a deux familles distinctes de tests sérologiques: les premiers, ce sont les tests immunologiques qui quantifient le nombre d’anticorps dans le sang. Il s’agit d’un vrai travail de laboratoire. Et il n’y pas que les hôpitaux universitaires qui mènent actuellement des recherches. Des laboratoires privés sont en train d’évaluer plusieurs tests. Et l'un d'entre eux en a déjà fait la publicité.

Les seconds, les tests rapides, ressemblent par exemple au test de grossesse ou au test d’anémie que l’on peut trouver en pharmacie. Une piqure dans le doigt et quelques minutes plus tard, un trait apparaît pour confirmer ou infirmer la présence d’anticorps.

Des tests développés en Suisse aussi

Ce genre de tests rapides foisonnent désormais, et pas seulement en provenance de Chine. Une entreprise suisse a aussi développé un tel produit, l’a déjà testé en Asie et certifié. On trouve d’ailleurs déjà sur son site le formulaire de commande.

En temps normal, ce test serait déjà sur le marché, selon son directeur contacté par la RTS. Mais, compte tenu de la situation particulière, l’entreprise a décidé de faire une évaluation supplémentaire en Suisse.

Le médecin cantonal genevois agacé

Tout le monde est donc dans les starting-blocks et cela inquiète les autorités sanitaires. Ainsi, le médecin cantonal genevois a eu un coup de sang la semaine dernière: il a envoyé une lettre, que la RTS a pu consulter, à tous les laboratoires du canton.

Il y rappelle qu’aucun test sérologique pour mettre en évidence des anticorps au Covid-19 n'est à ce jour approuvé par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).  "Nous vous interdisons de mettre en place ces prestations, et vous sommons, le cas échéant, d’y mettre un terme sans délai", écrit-il, faisant exception de la recherche menée au HUG.

Suite à son courrier, les offres ont diminué, se félicite le responsable genevois.

Problème: ce n’est pas à l’OFSP de valider les tests sérologiques mais bien aux laboratoires, comme l’office l'a confirmé à la RTS. Malgré cette confusion du médecin cantonal genevois, les laboratoires interrogés disent comprendre cette injonction: ils n’ont aucun intérêt à offrir des tests qui risqueraient de faire croire aux gens qu’ils sont immunisés alors que ce n’est pas le cas.

Pas de réserves d'échantillons

Le médecin cantonal genevois demande aussi aux laboratoires de ne pas faire de sérothèque. Et cette demande-là reste incomprise des laboratoires que nous avons interrogés. Les sérothèques, ce sont des réserves d’échantillons de sang qui leur permettent de comprendre l’évolution de la maladie chez une personne et de comparer les résultats dans le temps. "Si on ne peut pas faire de sérothèque maintenant, nous ne pourrons pas remonter dans le temps ensuite", explique un responsable de laboratoire qui regrette de perdre cet outil pour faire son métier.

Sandrine Hochstrasser

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