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A Neuchâtel, "un vrai risque que des petites entreprises disparaissent"

Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’Etat neuchâtelois en charge de l’économie (vidéo)
Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’Etat neuchâtelois en charge de l’économie (vidéo) / La Matinale / 10 min. / le 9 avril 2020
Invité de La Matinale de la RTS jeudi, le conseiller d'Etat neuchâtelois en charge de l'économie Jean-Nathanaël Karakash s'inquiète du futur des petites entreprises tournées vers le marché intérieur, moins habituées aux chocs que les grands exportateurs du canton.

Le chef des finances du canton de Neuchâtel Jean-Nathanaël Karakash est revenu sur les mauvaises nouvelles annoncées mercredi par le Conseil fédéral, qui évoquait une "perte de prospérité d’une ampleur exceptionnelle" et un chômage pouvant grimper à 7%. "Ça fait frémir. Le canton de Neuchâtel a connu un taux de chômage de 7% suite à la crise de 2008-2009, car sa structure économique est très orientée vers les exportations. Je sais à quel point il est difficile de se remettre, ça avait pris pas loin d'une dizaine d'années pour retrouver une situation normalisée sur le front de l'emploi", a averti le conseiller d’Etat socialiste.

C’est avant tout les petites entreprises du marché intérieur qui l’inquiètent le plus. "Pour elles, il y a un vrai risque de disparition rapide. Elles sont peu habituées à subir des chocs pareils, au contraire des plus grandes entreprises d’exportation. Si le commerce international reprend, le tissu industriel pourra traverser la crise et on évitera des dégâts massifs", estime Jean-Nathanaël Karakash, insistant sur l’importance des mesures de chômage partiel, qui évitent que les entreprises réduisent la voilure.

Neuchâtel a connu un taux de chômage de 7% suite à la crise de 2008. Je sais à quel point il est difficile de s'en remettre, ça avait pris pas loin de dix ans pour retrouver une situation normalisée

Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d'Etat neuchâtelois en charge de l'économie

Indépendants: abus pour certains, manque pour d'autres

L'élu socialiste salue les mesures prises par le Conseil fédéral, qui couvrent une bonne partie des problèmes. "Cela dit, on a encore des trous dans le filet, notamment pour certains indépendants."

Le conseiller d'Etat neuchâtelois ne craint pas trop les abus en matière de prêts et subventions. "Des contrôles sont faits, surtout pour les soutiens qui ne sont pas remboursables. Ce qu’on constate plutôt, c'est une certaine déception du côté des indépendants qui, précédemment, déclaraient peu de revenus. Ils s’étonnent de recevoir aussi peu d’argent de la part de l’assurance perte de gains, alors que ça correspond à ce qu'ils déclaraient auparavant", constate-t-il.

Solution à trouver pour les loyers commerciaux

Jean-Nathanaël Karakash se dit sur la même ligne que le Conseil fédéral en matière de reprise progressive de toutes les activités économiques qui le peuvent. "C'est la ligne qu'on soutient et qu'on a toujours soutenue, dans le strict respect des règles sanitaires. C’est absolument nécessaire au plan économique, mais aussi pour la santé mentale de la population. Je pense que ce n’est pas une bonne chose d'être confiné et en arrêt de travail trop longtemps", estime le ministre socialiste, pour qui il ne faut pas rester cloîtré chez soi, mais surtout éviter de multiplier les contacts inutiles.

On ne peut pas se permettre d'accumuler mois après mois les litiges, qui vont être monumentaux et nous créer des problèmes au moment où ils se résoudront devant la justice

Jean-Nathanaël Karakash

Une divergence tout de même: en matière de loyers commerciaux, le Conseil fédéral a déclaré qu’il n’interviendrait pas, estimant qu’il s’agit d’une affaire de droit privé. "Il faut que le dialogue au niveau fédéral aboutisse à quelque chose", conteste le conseiller d’Etat neuchâtelois. "On ne peut pas se permettre d'accumuler mois après mois les litiges, qui vont être monumentaux et nous créer des problèmes au moment où ils se résoudront devant la justice."

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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