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Les concerts-hommages aux groupes disparus inondent la Suisse romande

Les Tribute Bands font un tabac en imitant les groupes mythiques de musique. Un marché mondial qui pèse des milliards.
Les Tribute Bands font un tabac en imitant les groupes mythiques de musique. Un marché mondial qui pèse des milliards. / 19h30 / 3 min. / le 6 février 2020
Queen, ABBA ou encore Supertramp, les "tribute bands" connaissent un succès grandissant en Suisse romande au point de remplir des salles de plusieurs milliers de places. A la clé, des gains importants pour les artistes sur scène mais aussi pour les groupes qu'ils reprennent.

Mardi soir, ils étaient plus de 4000 fans de Queen à se presser devant l'entrée de l'Arena de Genève. Sur scène pourtant, pas l'ombre d'un seul musicien du groupe originel. Dans le spectacle "One Night of Queen", c'est Gary Mullen qui incarne Freddie Mercury, le chanteur décédé en 1991. Cet Ecossais de 45 ans avait gagné un télé-crochet britannique il y a une vingtaine d'années grâce à son imitation quasi-parfaite de l'ancien leader de Queen.

Avec son groupe, il remplit à présent des salles de plusieurs milliers de personnes en reprenant le répertoire de son idole. Deux cents dates sont prévues cette année. Perruque anthracite, fausses dents, moustache factice et habits confectionnés par l'ancien costumier de Freddie Mercury, la ressemblance est saisissante, au-delà d'une imitation vocale de talent. L'ancien vendeur en informatique ne cache pas son plaisir. "Lorsque j'étais adolescent, j'avais un groupe de métal et je rêvais de devenir une star. Ce n'est jamais arrivé. Et maintenant, on joue devant 5000 ou 6000 personnes. En tant que fan de Queen, jouer la musique qu'on aime devant autant de personnes, c'est une chose étrange", confie Gary Mullen au micro de la RTS.

Perpétuer le mythe

Venu des pays anglo-saxons, le phénomène des "tribute bands", littéralement des groupes qui rendent hommage à un artiste ou à une formation, prend une ampleur sans précédent en Suisse romande. Depuis début janvier, on y a notamment célébré ABBA, sans parler de Queen. Et ce n'est pas fini, Supertramp aura par exemple droit au passage d'un de ses "tribute bands" à Genève en mars.

Pourquoi un tel engouement? "La nostalgie fait du bien aux gens et ça les rassure. C’est un excellent moyen de perpétuer le mythe et la sensation d'une époque révolue", explique Vincent Sager. Pour autant, certains types de groupes s'y prêtent plus que d'autres, relève le directeur d'Opus One, organisateur de la soirée "One Night of Queen" à Genève: "Les musiques joyeuses et pop correspondent mieux. Dans le cas de Nirvana, par exemple, cela marche moins bien. Parce qu'à la base, c'était quand même un cri de colère".

Un gigantesque marché

A l'échelle mondiale, le marché des "tribute bands" représenterait à lui seul un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars. "Quand vous vendez 4000 billets, on se retrouve dans une économie comparable à n'importe quel artiste international qui remplit de telles salles. Cela devient important", glisse Richard Walter, producteur de "One Night of Queen".

Mais ce succès ne rapporte pas uniquement aux groupes sur scène, comme le détaille Vincent Sager: "Dans le cas de ce concert à Genève, les droits d'auteur représentent une vingtaine de milliers de francs. C'est donc une bonne affaire pour les héritiers ou les ayant droits".

Toutefois, pour que la magie opère et que les salles soient remplies, il faut que la qualité des performances soit au rendez-vous. La pression est énorme. "Ce n'est pas un exercice facile. Musicalement, vous devez être aussi bons si ce n'est meilleurs que les originaux. Si Queen connaissait une soirée "sans", ce n'était pas grave, cela restait Queen. Dans notre cas, ce serait rédhibitoire. Le public ne viendrait plus nous voir", conclut Gary Mullen.

Delphine Misteli, Kevin Gertsch

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