"Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités": c'est ainsi que la présidente de l'Autorité française de la concurrence a justifié sa décision d'infliger une amende de près de 165 millions de francs à Google Ads, la régie publicitaire du géant américain.
Concrètement, l'Autorité française de la concurrence reproche à Google d'appliquer des règles peu claires et changeantes vis-à-vis des annonceurs désireux de placer des publicités liées aux requêtes des internautes sur le moteur de recherche de la firme. Selon elle, ces pratiques peuvent amener certaines entreprises à être exclues, de manière injuste, de la plate-forme publicitaire.
"Protéger les internautes des publicités trompeuses"
Certains annonceurs se sont par exemple vu refuser le droit d'avoir des publicités, Google affichant entre autres sa volonté de ne pas accepter de pub pour des services payants lorsque l'information fournie est gratuitement disponible ailleurs. Affirmant avoir cherché "à protéger contre les publicités trompeuses" les internautes, l'entreprise a annoncé son intention de faire appel.
Le site Gibmedia, dont la plainte est à l'origine de l'enquête de l'Autorité de la concurrence, "diffusait des publicités pour des sites web conduisant les utilisateurs à payer pour des services à des conditions de facturation qui n'étaient pas claires", a notamment souligné Google.
Règles "à la tête du client"
"Il faut que les règles soient claires (...), qu'elles ne soient pas à la tête du client ou appliquées de façon erratique", a rétorqué de son côté la présidente de l'Autorité française de la concurrence, pour qui la position ultra-dominante de Google sur le marché de la publicité liée aux recherches des internautes (entre 90% et 100%) donne à Google des devoirs particuliers vis-à-vis des annonceurs.
Le flou sur les règles appliquées par Google "a pu décourager le développement de sites innovants", a encore souligné l'Autorité de la concurrence, qui contraint également l'entreprise à présenter, dans les deux mois, un rapport détaillant les mesures et procédures qu'elle compte mettre en oeuvre pour se conformer aux injonctions de clarification de ses règles.
"Il y a une coopération de plus en plus étroite" entre les autorités de la concurrence à travers le monde face aux positions dominantes de certaines grandes plateformes internet", a encore averti la présidente de l'Autorité française de la concurrence. L'instance dispose d'une unité spécialisée pour le secteur numérique et annonce l'aboutissement de plusieurs enquêtes concernant des géants du numérique en 2020.
ats/vic/cr