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Contre le burn-out, des entreprises forcent les employés à "déconnecter"

Faut-il instaurer un droit à la déconnexion? [Fotolia - dolphfyn]
Pour éviter les burn-outs, certaines entreprises "déconnectent" leurs employés le dimanche / La Matinale / 2 min. / le 3 juin 2019
Le smartphone est un lien avec son travail qu'il est parfois difficile de couper. Les syndicats et certaines entreprises ont pris conscience que la déconnexion est un nouveau droit à conquérir.

C'est le nouveau cheval de bataille des syndicats. Lutter contre les mails et les coups de fil professionnels hors des heures de travail. En Suisse romande, une dizaines de multinationales vont déjà jusqu'à bloquer l'accès aux serveurs le dimanche, pour préserver la santé des employés.

"Avec les moyens technologiques, la pression est accrue sur les employés, affirme Arnaud Bürgin secrétaire général du groupement des entreprises mutlinationales. On reçoit des mails et les chefs attendent une réponse relativement rapide. Et certains employés ont tendance à utiliser le dimanche pour traiter leurs mails. Afin d'éviter des burn-out, certaines entreprises bloque l'accès aux serveurs le dimanche pour garantir un jour de récupération."

Le syndicat Syndicom veut faire de la déconnexion une priorité lors des négociations des conventions collectives de travail. Daniel Hügli, secrétaire central, juge cette mesure nécessaire avec le développement du télétravail: "C'est de plus en plus important pour nous, comme syndicat, de pouvoir définir des droits et mettre un cadre pour les employés."

Pratiquement, cela signifie que si la séparation entre le travail et la vie privée est insuffisante, il est plus compliqué pour l'employé de se déconnecter des problèmes professionnels et que, selon le syndicat, le risque d'épuisement au travail augmente.

Réglé au cas par cas

A ce jour, Sunrise, Cablex et Swisscom ont signé une CTT qui stipule que les collaborateurs ne sont pas tenus de consulter leur messagerie ni d'être joignable durant leur temps libre.

Swisscom tire un bilan positif des dispositions prises 11 mois après leur entrée en vigueur, comme l'explique Christian Neuhaus, porte-parole: "Ça fonctionne. La plupart des employés peuvent travailler de manière décentralisée et la tentation est grande de rester tout le temps joignable. Désormais, le sentiment de pouvoir s'arrêter est fortement présent."

Le droit à la déconnexion est pour l'instant réglé au cas par cas. Une motion de la gauche déposée il y a deux ans demandait au Conseil fédéral de légiférer. Il n'était pas entré en matière, car il jugeait la loi sur le travail suffisante.

Céline Fontannaz/PW

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Les pionniers du droit à la déconnexion

L'Allemagne n'a pas de loi sur la déconnexion à proprement parler, mais la justice est sensible à cette problématique. En 2004, par exemple, un ambulancier avait été licencié pour avoir refusé de répondre à son employeur en dehors des heures de travail. Une cour a jugé le licenciement abusif. Et depuis 1999, la justice reconnaît aux salariés le droit de refuser tout contact avec leur entreprise pendant un arrêt maladie.

Dans les entreprises également, le droit à la déconnexion fait son chemin. En 2011, Volkswagen lance un test sur 1000 employés. L'entreprise automobile bloque l'accès par smartphone aux mails professionnels entre 18h15 et 7h. Le constructeur allemand Daimler, lui, supprime carrément les mails envoyés à un employé pendant ses vacances.

La France, elle, s'est dotée d'une loi en 2017. Dans le nouvel article L2242-8 du Code du travail, le salarié voit son droit à la déconnexion reconnu pour "assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale". Mais aucune sanction n'est prévue et en cas de litige, l'employé doit apporter la preuve que son temps de repos n'a pas été respecté.